C’est avec beaucoup de confiance que l’on peut qualifier la semaine passée de « grande semaine des prétentions et mensonges israéliens et américains ». Et ce, à propos de choses tout à fait irréelles. Ces prétentions, qui ont été totalement niées par le ministre égyptien des Affaires étrangères lors de sa visite éclair à Beyrouth, concernent le passage ou la fraude de missiles Scud B ou autre modèle, de la Syrie au Hezbollah libanais. Ce qui prouve que ces prétentions sont fausses est que ce genre de missile est de taille conséquente. Sa longueur atteint 11 m et sa base mobile peut atteindre 14 m de longueur. Ces missiles sont donc faciles à détecter et à suivre, en particulier durant la phase de lancement qui nécessite plus d’une heure de préparation. Quand Tel-Aviv et Washington font toute une histoire autour d’un mensonge, cela signifie qu’il faut être très méfiant et se préparer au pire.
Conformément à la position israélienne qui a été annoncée par la presse britannique et qui a été préalablement mentionnée par Shimon Pérès puis assurée par le ministre de la Guerre, Ehud Barak, ainsi que d’autres directions militaires israéliennes, le fait que ces missiles parviennent au Hezbollah à l’intérieur du Liban signifie un changement de taille dans l’état actuel des choses. Ce qui nécessite une forte attaque de certaines installations et infrastructures syriennes puis libanaises. Une attaque qui ramènera la Syrie à la « préhistoire », selon le terme employé par le Sunday Times le 18 avril dernier.
Ces déclarations provocantes dépassent le fait d’être simplement éloquentes pour exprimer la colère. C’est une menace claire de recourir à tous les éléments de la féroce machine militaire israélienne contre la Syrie et le Liban. Il est possible de comprendre les motifs et causes de cette menace à la lumière de la crise que connaît actuellement Israël, tant au niveau de l’Etat que de la société, sous un gouvernement extrémiste de droite qui ne croit pas en la paix ou aux droits légitimes des Palestiniens. C’est un gouvernement qui n’a qu’un seul objectif : s’accaparer des territoires arabes par la colonisation sans aucune restriction et mettre toute la région sous la pression de la menace de guerre.
En effet, ce gouvernement extrémiste vit un état de crise affichée avec l’administration Obama. Il refuse le minimum de demandes concernant les négociations, refuse la solution des 2 Etats et propose des formules curieuses pour le statut final. Il est évident que ce gouvernement cherche à se dérober des engagements du règlement historique par l’intermédiaire de la reformulation de la réalité régionale, par le biais de la guerre ou au moins par la menace de la déclencher. Israël cherche à introduire de nouveaux éléments sur la scène dans l’objectif de mélanger les choses face à l’administration Obama et aux Arabes et, par conséquent, réaliser une modification imposée du statu quo actuel pour se dérober des négociations.
Le drame ici est que l’administration américaine est parfaitement consciente de l’objectif du gouvernement Netenyahu, mais elle ne se comporte pas conformément à sa position de superpuissance unique, alors qu’elle est le premier protecteur d’Israël qui soutient son économie et lui fournit sa puissance militaire et stratégique. Ces avantages octroyés par Washington à Tel-Aviv auraient pu être employées par la Maison Blanche pour faire pression sur le gouvernement israélien. Washington fait semblant d’oublier cette réalité et ces comportements reflètent souvent un alignement clair en faveur des dirigeants israéliens et à leurs mensonges. La preuve en est que le Secrétariat d’Etat américain a convoqué le second diplomate de l’ambassade syrienne à Washington pour mettre Damas en garde contre les répercussions de ce qui a été appelé fraude des missiles Scud vers le Hezbollah libanais.
Remarquons ici les déclarations faites par le ministre israélien de le Défense : « Les capacités de tir du Hezbollah se sont beaucoup améliorées et son objectif principal est maintenant de frapper les positions arrières d’Israël … A la fin du mois courant, nous allons effectuer un entraînement militaire pour faire face à cette réalité comme nous l’avons fait l’année passée ». Une telle déclaration prouve qu’Israël se prépare à la guerre et que les rapports qui évoquent un été chaud pour le Liban la Syrie et l’Iran ne mentent pas.
Il est évident que les préparations israéliennes continues à la guerre et aux attaques sont une partie intégrale de son existence. Mais il est également évident que Tel-Aviv exploite la conjoncture arabe pour exécuter ses attaques et prouver son existence. C’est la division palestinienne et l’égoïsme politique à l’intérieur de la Palestine qui ont permis à Israël de réaliser la division géographique des territoires palestiniens et qui a prolongé le blocus de Gaza. C’est la division arabe qui a permis à Israël d’avoir l’audace de menacer de déclencher une guerre contre 2 Etats arabes, en se basant sur des mensonges. Les menaces auxquelles sont exposées la Syrie sont pour tous les Etats arabes ainsi que pour la stabilité et la paix internationales. La question nécessite donc une action politique et stratégique de même ampleur. Une conciliation palestinienne accompagnée d’une autre interarabe n’est plus un choix, c’est une obligation. Et les restrictions exprimées par certaines factions palestiniennes autour du document égyptien ne doivent pas constituer un obstacle face à la nécessité de sauver la cause palestinienne. Si la cause est perdue, alors comment la Syrie et les factions israéliennes qui lui sont alliées pourront justifier aux générations prochaines que tout avait été fait pour la libération de la Palestine et de son peuple ? Aujourd’hui, les Syriens ont commencé à récolter les avantages de leurs relations avec le Liban au niveau de l’Etat, du gouvernement et des différentes forces politiques. Et cela, après avoir changé sa précédente méthode d’hégémonie directe sur tout ce qui se passe à l’intérieur du Liban pour passer à une méthode basée sur le partenariat et la coopération. Or, la Syrie gagnera encore plus d’avantages en réintégrant le cercle arabe, stratégiquement parlant, sans imposer de stratégique unique.