jeudi 11 février 2010

Palestine ; Pour une nouvelle méthode de dialogue

publié le mercredi 10 février 2010
Wahid Abdel-Méguid

 
La situation palestinienne est de plus en plus explosive ce qui mpose une révision de la méthode appliquée entre les factions de manière générale et entre les mouvements Fatah et Hamas en particulier.
L’Egypte s’est beaucoup investie afin de rétrécir la grande fissure qui séparait les frères palestiniens, de mettre un terme à la division et de réaliser la réconciliation entre les factions égarées, avec des leaders préoccupés par leurs propres intérêts plus que par la cause elle-même. Cependant, les efforts n’ont pas abouti et le résultat a été une situation palestinienne de plus en plus explosive et en passe de connaître une détérioration aiguë. Cet état de fait impose une révision de la méthode appliquée entre les factions de manière générale et entre les mouvements Fatah et Hamas en particulier.
L’ancienne méthode qui avait pour visée de réaliser une réconciliation globale et complémentaire était certes correcte et adaptée à cette époque. Maintenant les choses ont changé car les deux mouvements, devenus deux pouvoirs fictifs belligérants, ont prouvé leur indisponibilité à aller de l’avant dans le sens d’une réconciliation globale. Surtout le mouvement Hamas qui a imposé son contrôle sur Gaza, cette région sinistrée et gisant sous un embargo étouffant.
Même si nous supposons que les choses peuvent prendre une version idéale et que les deux mouvements adversaires peuvent s’orienter dans le sens d’une réconciliation, rien ne garantit que cet accord soit applicable pour une période prolongée. Si nous revenons un peu en arrière, nous verrons que l’application de l’accord de La Mecque, conclu en février 2007 avant la poursuite des hostilités et leur escalade à une étape douloureuse avec « la bataille de Gaza » en juin de la même année, n’a duré que deux ans.
Les élections législatives et présidentielles supposées avoir lieu en vertu d’un accord de réconciliation pourraient être le terrain qui l’enterrera par la suite. Il n’est plus réaliste de réfléchir aux élections, comme il est devenu de plus en plus inutile de rechercher une réconciliation globale. Il faut dire que le fossé s’est élargi et pour panser les plaies de la division, on a besoin d’un miracle.
Bien que cet état palestinien ne soit pas le premier du genre dans l’histoire des mouvements de libération nationale dont beaucoup ont souffert de division, il est difficile de comparer le cas palestinien spécifiquement à n’importe quel autre, car cette singularité renferme un danger devenu une véritable problématique.
La nouveauté dans ce cas semble résider de prime abord dans la division, non pas politique seulement mais également géographique. D’autant plus que la division politique a engendré une séparation géographique entre la Cisjordanie et Gaza. A l’ombre de cette séparation, le mouvement Fatah à Gaza est devenu sous la merci du mouvement Hamas et l’autorité du fait accompli dans le secteur. On peut d’ailleurs dire la même chose pour le mouvement du Hamas en Cisjordanie.
Ce qui fait également la nouveauté et la singularité du conflit inter-palestinien est cette confusion qu’on peut détecter entre le mouvement de libération et l’autorité nationale. Les mouvements de libération n’ont pas exercé le pouvoir avant l’indépendance sauf dans des cas rarissimes au moment de la libération d’une partie de la terre par l’arme. Cependant, ce pouvoir ne revêtait aucun aspect officiel sauf pour le cas palestinien.
Ainsi, il est devenu urgent de changer de méthode pour remédier à ce cas désespéré, ce en focalisant sur la réforme de l’OLP dans un premier temps, tout en ayant pour ultime objectif de mettre un terme à la détérioration dans la situation palestinienne et de l’adapter de manière à entraîner les Palestiniens vers une meilleure situation dans un avenir pas très proche.
Ceci signifie que l’OLP est l’unique cause devant faire l’objet de discussion prochainement. Elle ne doit pas être l’un des thèmes à discuter. Cette méthode doit rectifier une erreur historique qui avait commencé lorsque son leadership a décidé de la geler à l’issue des accords d’Oslo. Alors qu’il faut bien comprendre que l’autorité nationale est l’essentielle et non pas une branche devant tomber ou sécher.
Le gel de l’organisation fut une erreur historique à un moment où sa réforme et son développement étaient une nécessité, comme son élargissement en annexant de nouveaux mouvements, tels le Fatah et Hamas.
Le projet de la réforme de l’organisation et l’élargissement de son étau était effectif depuis le début de 1990, c’est-à-dire deux ans après la création du mouvement Hamas. Au début de cette année, le président du conseil national de l’organisation, à l’époque Cheikh Abdel-Hamid Al-Sayeh, avait adressé un appel à ce mouvement populaire afin de participer au comité étudiant les critères du choix des membres du conseil et le développement de l’organisation. On ne savait rien sur l’arrière-plan de l’abstention du Hamas à participer à ce comité, jusqu’à ce qu’Ibrahim Ghoucha, un de ses fondateurs, ait publié ses mémoires sur le centre Al-Zaïtouna pour les études à Beyrouth sous le titre de « Le Minaret rouge-biographie ».
Ghoucha avait fait des aveux, selon lesquels il avait dirigé une tendance refusant l’adhésion à l’OLP de peur — pour reprendre son récit — que ce ne soit un piège pour prendre part à un mouvement qui ne fut pas formé de manière intègre et qui a reconnu la résolution 242 qui renonce à 78 % de la Palestine. D’ailleurs, cette tendance a pris le dessus sur une autre optant pour la participation.
Mais le Hamas a œuvré à rectifier cette erreur historique un peu plus tard et a manifesté son intention d’adhérer à l’OLP à condition que son conseil national soit élu et qu’il dispose du droit de réexaminer toutes les décisions prises et accords conclus auparavant. Il s’agissait là d’une condition impossible, raison pour laquelle la direction de l’OLP en a fait peu de cas et n’a pas œuvré à parvenir à un compromis avec le Hamas. Elle lui a fait en contrepartie une proposition impossible. Celle de lui consacrer 18 sièges dans un conseil national où le nombre de membres atteint 500. Ceci fut le début d’une longue série d’erreurs mutuelles qui se sont accumulées donnant naissance à la division actuelle et par conséquent la séparation géographique.
Malgré tout cela, la réforme de l’OLP et sa reconstruction demeurent l’unique voie de contenir cette division graduellement. Ce qui impose de changer la méthode de gestion du dialogue palestinien, de manière à mettre au top de l’agenda la réforme de l’OLP.
L’Egypte, quant à elle, est amenée à poursuivre ses efforts de parrain du dialogue inter-palestinien, tout en donnant la priorité au renouvellement de la charte nationale de l’OLP et son programme politique.
publié par al-Ahram hebdo en français
intro : C. Léostic, Afps