dimanche 29 novembre 2009

Obéir aux rabbins ou à la hiérarchie militaire ?

Malaise au sein de l’armée israélienne

AL-QODS OCCUPEE (AFP) — Une vive polémique secoue l’armée israélienne depuis que des soldats religieux ont manifesté leur intention de désobéir aux ordres en cas d’évacuation de colonies juives de Cisjordanie.

Inquiète, l’armée a demandé aux rabbins qui dirigent des écoles talmudiques envoyant leurs élèves à l’armée de condamner publiquement ces soldats.

Selon le général Tzvi Zamir, directeur des ressources humaines de l’armée, certains rabbins poussent leurs jeunes disciples à désobéir aux ordres contraires à leur foi.

Cette controverse survient alors que quatre soldats qui avaient brandi des banderoles hostiles à des opérations d’évacuation de colonies juives illégales de Cisjordanie viennent d’être condamnés à des peines de prison. D’autres ont été sanctionnés par leur hiérarchie.

Ces recrues effectuaient leur service national dans le cadre de la «Yechivat Hesder», système qui leur permet d’assumer leurs obligations militaires tout en continuant leurs études dans des instituts talmudiques.

Ce système concerne chaque année près de 1.600 nouveaux conscrits qui restent cinq ans dans l’armée au lieu de trois pour les autres, mais dont seulement 24 mois sont consacrés à des activités militaires, le reste étant voué aux études religieuses.

La majorité des jeunes juifs religieux ne font pas leur service, bénéficiant d’un agrément avec l’Etat qui les autorise à étudier dans les yéchivot (écoles talmudiques). En revanche, les religieux sionistes considèrent que le fait de s’engager dans l’armée est un devoir sacré.

Les soldats condamnés venaient de deux yéchivot du nord de la Cisjordanie, dont celle du rabbin Eliakim Levanon, directeur de l’école talmudique d’Eilon Moré, près de Naplouse.

«Je ne leur ai pas demandé de brandir des banderoles. Mes élèves agissent selon leur conscience mais je les soutiens», a expliqué le rabbin Levanon, une figure de l’extrême droite religieuse, au quotidien Maariv.

Un autre rabbin, Eliezer Melamed, de la yéchiva voisine de Har Braha, a publié un article justifiant le refus d’obéir aux ordres«quand ils sont contraires aux lois de la Torah».

L’Union des «Yéchivot Hesder», qui regroupe 62 instituts talmudiques, s’est toutefois engagée à ne pas encourager les protestations politiques de soldats.

«Nous sommes opposés à ces manifestations politiques qui mettent en péril les fondements de l’armée et la cohésion sociale en son sein», a-t-elle affirmé.

«Mais nous appelons à un débat dans la société israélienne sur l’utilisation de soldats pour des missions à caractère policier», a-t-elle ajouté, en faisant référence au recours à l’armée pour évacuer des colonies illégales.

L’aumônier militaire général de l’armée, le rabbin Avihaï Ronski, issu du sionisme religieux, a demandé que l’on «renvoie de l’armée» les soldats désobéissants mais a aussi critiqué le fait «d’envoyer des conscrits faire des missions de police».

Ces dernières années, le nombre d’officiers originaires des milieux sionistes religieux a considérablement augmenté.

Le porte-parole de l’armée israélienne affirme ne pas disposer de statistiques mais le rabbin Moshé Hager, directeur des instituts de préparation militaire, évalue à près de 30% les officiers religieux parmi les combattants.

Selon le rabbin Hager, un colonel de réserve,«le refus d’obéir peut détruire l’armée de l’intérieur (...) mais nos élèves ne nous demandent pas toujours comment se comporter quand ils sont sous l’uniforme».

«Il n’y a pas de rébellion au sein de l’armée», assure la page d’accueil du site internet des Yechivot Hesder. Mais «nous sommes au cœur d’un combat pour les valeurs spirituelles et nationales de notre peuple et de son avenir sur la Terre sainte».

http://www.lapresse.tn/index.php?opt=15&categ=6&news=105526