dimanche 29 novembre 2009

La Résistance de l’Opprimé

Monde - 28-11-2009
Par Paul Balles
Paul Balles est un professeur américain, retraité de l’université, et écrivain indépendant qui a vécu au Moyen-Orient pendant de nombreuses années. Pour plus d'informations, consultez son blog : “Action follows reflection”.
« L’Indien a été considéré comme moins qu’humain et seulement digne d’être exterminé. Oui, nous avons abattu des hommes, des femmes et des enfants sans défense dans des endroits comme Camp Grant, Sand Creek et Wounded Knee. Oui, nous avons nourri de strychnine des guerriers rouges. Oui, nous avons laissé des villages entiers de gens nus grelotter dans le froid glacial des hivers du Montana. Et oui, nous avons confiné des milliers dans ce qui équivaut à des camps de concentration. » Wellman, Les guerres indiennes de l’Ouest, 1934.







Le jeudi 26 novembre 2009, les Américains ont célébré Thanksgiving (1), en souvenir des pèlerins et en remerciement pour la récolte. Sur la fête, le professeur Robert Jensen a écrit :
« Les envahisseurs européens ont exterminé la presque totalité de la population indigène pour créer les Etats-Unis. Sans cet holocauste, les Etats-Unis tels que nous les connaissons n’existeraient pas. Les Etats-Unis célèbrent une journée de Thanksgiving dominée non pas par l’expiation pour l’odieux crime contre l’humanité, mais par une histoire falsifiée de la « rencontre » entre les Européens et les Indiens d’Amérique. »
Il y a aujourd’hui environ 310 réserves indiennes américaines (où devrions-nous les qualifier de bantoustans ?) dans les Etats-Unis continentaux. Peut-être devrions-nous appeler « réserves » les enclaves palestiniennes forcées. L’Amérique du Nord, l’Afrique du Sud, la Palestine – toutes envahies et occupées, aux populations indigènes exterminées et emprisonnées.
Leurs terres et leurs maisons ont été prises par des colons protégés par les troupes. Ils ont été parqués dans des camps de réfugiés appelés « réserves » ou bantoustans, et maintenus dans la pauvreté et le désespoir.
Leurs pères leur racontent comment eux ou leurs grands-parents ont résisté aux oppresseurs, et comment leurs flèches ou leurs pierres ne faisaient pas le poids devant les fusils et les canons utilisés par les colons étrangers.
Aujourd’hui, les jeunes membres des tribus lisent des journaux en anglais et regardent la télévision. Certains ont des ordinateurs et l’internet. Ils voient des films sur les pilotes japonais kamikazes pendant la Seconde Guerre mondiale et sur la résistance française. Nous lisons que des Palestiniens se font sauter parce que les colons en Palestine les oppriment.
Si je meurs en tuant vingt de mes ennemis, cela ne sert-il pas mon peuple dans sa guerre contre l’oppression ? N’est-ce pas la justification pour tous les soldats morts dans toutes les guerres ?
N’avons-nous pas envoyé notre jeunesse en Irak parce que nous avons approuvé le suicide certain de tous ceux qui pourraient mourir ? C’est ça qui est tellement attirant dans l’invasion de pays comme l’Afghanistan et l’Irak : nous pouvons à nouveau agir comme des colons oppressifs.
C’est peut-être ça que les Américains aiment, au sujet d’Israël. Les Israéliens agissent comme les premiers colons et garnisons de soldats d’Amérique, assassinant et mutilant des tribus de gens qu’ils considèrent comme des races inférieures.
L’Amérique a oublié ce qui est advenu d’autres conquêtes par des nations et des empires expansionnistes. Elles sont tous tombées ! L’Amérique devrait le savoir, après être tombée devant la résistance au Vietnam. Combien de jeunes vies ont succombé à l’engagement suicidaire de nos dirigeants ?
Mais qu’en est-il de la résistance aux occupations ? La Corée du Sud ne se sent-elle pas occupée ? Qu’en est-il des Philippines ? Le Japon s’est plaint récemment des troupes américaines à Okinawa. Et tous les autres lieux où l’Amérique impose sa présence militaire ?
Que feraient les Etats-Unis si un certain nombre d’hommes des tribus indiennes américaines décidaient qu’ils en ont assez d’être occupés, assez d’être réduits à la pauvreté ? Supposons qu’ils se lèvent contre l’oppression.
Si jamais un soulèvement indien américain éclatait – un mouvement de résistance après des générations de soumission – la seule voie que prendrait l’Amérique pour rester fidèle à elle-même serait-elle d’éliminer les terroristes ? N’est-ce pas ce que fait Israël ?
Détruisez leurs maisons et leurs camps ; poussez-les de l’autre côté des frontières, au Canada et au Mexique, en Jordanie, en Egypte, au Liban et en Syrie. Construisez des murs. Détruisez toutes les sources potentielles d’armes. N’appelez pas ça génocide ! Appelez ça « élimination du terrorisme » ! Appelez ça « autodéfense » !
Résistance de l’Opprimé – Palestine
Introduction du documentaire « Occupation 101 »

Occupation 101 : Voice of the Silenced Majority (La voix de la majorité silencieuse) est un film documentaire américain de 2006 sur le « conflit israélo-palestinien » réalisé par Sufyan Omeish et Abdallah Omeish, et raconté par Alison Weir.
(1) Thanksgiving : la fête nationale américaine qui commémore, le quatrième jeudi de novembre, l’installation des premiers colons en Amérique. (NdT)