lundi 12 octobre 2009

Naomi Klein et le mouvement de boycott (en Israël)

dimanche 11 octobre 2009 - 20h:40

Rebecca Vilkomerson - CWP



La Coalition of Women for Peace (CWP) a co-organisé une réunion à Jaffa , où Naomi Klein s’est entretenue avec des militants locaux, au sujet de la lutte contre l’occupation et l’appel palestinien BDS (campagne internationale Boycott, Désinvestissements, Sanctions). C’était une étape de sa visite en Israël / Palestine.

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La visite récemment achevée de Naomi Klein en Israël a eu un effet galvanisant pour le mouvement « Boycott from Within » (Boycott de l’Intérieur), qui a adhéré à l’appel palestinien à la campagne BDS -Boycott, Désinvestissements, Sanctions. Les réunions publiques avec N.Klein, à Ramallah, Jérusalem, Haïfa, Jaffa ont attiré des centaines de personnes pour écouter ses analyses clairvoyantes expliquant pourquoi le temps est venu pour un boycott total d’Israël jusqu’à ce que l’occupation prenne fin, jusqu’à ce que les citoyens arabes palestiniens d’Israël aient la totalité et l’égalité des droits, jusqu’à ce que et le droit au retour des réfugiés palestiniens soit pleinement appliqué en vertu du droit international.

J’ai assisté à ses conférences à Ramallah et Jaffa, où des centaines de personnes se sont rassemblées, la plupart favorables au projet, pour prendre part à un débat que l’on sentait historique. Naomie Klein s’est exprimée clairement en tant que militante juive, même si elle a reconnu qu’il s’agissait d’une position nouvelle pour elle. À Ramallah, visiblement au bord des larmes, elle nous a dit : « Je viens vers vous humblement, car je n’ai pas tenu compte de l’appel plus tôt. C’était par pure lâcheté. »

Cet aveu était compliqué et très fort, car il associe, à la clarté et la simplicité de ses motifs pour soutenir le BDS, la reconnaissance du fait que le soutien au boycott, exige un saut psychologique hors de nos zones de confort, surtout peut-être pour les Juifs et les Israéliens.

Son exposé des motifs pour lesquels la campagne BDS est justifiée, maintenant, a été remarquable en ce qu’elle l’a présenté avec lucidité comme un mouvement positif, forgeant un outil pour construire un avenir commun avec les Palestiniens, plutôt que comme une simple méthode pour punir les Israéliens. Elle a insisté pour expliquer que le boycott non seulement n’est pas un boycott des Israéliens en tant qu’individus, mais constitue à présent une opportunité pour accroître la communication et l’éducation du public.

Elle a utilisé l’exemple de sa propre tournée non-officielle de présentation de son livre en Israël et en Palestine comme une illustration de la façon de suivre l’appel BDS avec intégrité tout en formant les Israéliens et en interagissant avec eux. Elle paraissait fuir les expressions idéologiques à la mode, (telles que « sionisme » ou « anti-sionisme ») qui auraient pu être cause de clivages, néanmoins elle a mis l’accent sur la nécessité de nommer les choses pour ce qu’elles sont (ainsi « apartheid », pas uniquement « atteintes aux droits humains. »).

Elle a parlé avec clarté du BDS comme un outil de solidarité non-violente, comparant le non- respect du l’appel BDS avec le franchissement d’un piquet de grève invisible. Elle a fait remarquer que l’une des raisons de tenir compte de cet appel est le fait qu’il a été lancé par un très vaste champ de la société civile palestinienne et que seul le boycott peut rendre l’occupation visible à l’intérieur de la « bulle israélienne ». Par rapport au boycott de l’économie palestinienne, qui comprend le blocus de Gaza et le système d’asphyxie créé par les checkpoints et les autres formes de contrôle en Cisjordanie, le boycott d’Israël est une sanction légère en réalité. Elle a cité un habitant de Gaza qui lui a dit, « ce que les Israéliens appellent une crise, nous aimerions l’avoir. »

Elle a fermement rejeté l’idée selon laquelle le boycott serait anti-sémite, notant par ailleurs que le mouvement BDS doit être particulièrement vigilant dans son opposition à l’antisémitisme, tout en se tenant prêt à répliquer à l’utilisation de l’anti-sémitisme comme un moyen de faire taire la dissidence. Pour ce faire, les juifs du monde entier, et les juifs israéliens en particulier, ont un rôle clé à jouer.

Enfin, à Jaffa en particulier, il y a eu plusieurs discussions sur le mécanisme du boycott, notamment de l’intérieur. Yael Lerer, éditeur israélien de N. Klein, a suggéré que des enseignements pouvaient être tirés des Palestiniens d’Israël, et de leur façon de continuer à vivre et de conduire leur barque, sans adhérer aux institutions israéliennes. Nous sommes tous en train d’apprendre comment agir avec ce que signifie ce boycott dans la pratique, son application étant une tactique, pas une fin en soi.

Ainsi que Naomi Klein, en réponse à un interlocuteur, l’a simplement remarqué : « C’est difficile. Malgré tout, je suis d’accord avec cela. »

Publié le 7 Octobre 2009, par Coalition of Women for Peace
Traduction : LG, AFPS-Isère