lundi 12 octobre 2009

ISM Naplouse rencontre Linan Yousef Abo Gholbi à sa sortie de prison

Naplouse - 11-10-2009
Par ISM
Le 5 octobre 2009, un groupe de militants d’ISM a rencontré Linan Yousef Abo Gholbi dans sa famille, près de Naplouse, à l’invitation de Tanweer, une organisation de la base populaire basée à Naplouse. Linan est l'une des 20 prisonnières palestiniennes qui a récemment été libérée des prisons palestiniennes en échange d’une vidéo du Hamas prouvant que Gilad Shalit, le soldat israélien capturé en 2006, était toujours en vie.






















Une des prisonnières libérées début octobre (photo Keystone)


Depuis des générations, les membres de la famille de Linan font partie des combattants et des activistes du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) dans la lutte palestinienne pour la justice. Beaucoup sont morts, beaucoup ont été emprisonnés. Ses parents ont passé des années à rendre visite à leurs enfants dans différentes prisons, et actuellement, un de ses frères est toujours en prison.

Le mari de Linan, Amjad Mletod, a été tué lors d’une bataille avec les soldats israéliens en 2004 et peu de temps après, Linan a été arrêtée et leur maison détruite. Bien qu’ils soient restés mariés pendant 5 ans, ils n’ont pu vivre ensemble que pendant un an, puisque Amjad était recherché.

Linan a été détenue dans un centre d’interrogatoires, où elle a été interrogée pendant 20 jours, une main et un pied attachés à une chaise, ce qui est une forme de torture. Elle a été condamnée à 4 ans de prison pour ses activités au FPLP, mais par pure vengeance, deux années ont été ajoutées, une pour les activités de son mari en tant que combattant, et une pour celles de son frère, qui avait été tué.

Elle a été envoyée à Ramlah, une prison pour les criminelles israéliennes, et peu après, à la prison d’Al-Sharon, pendant 3 ans et demi. Elle a passé ses deux dernières années de prison à Demon, une ancienne écurie pendant le mandat britannique. Toutes les Palestiniennes incarcérées là souffrent de l’humidité, de la saleté et des insectes, beaucoup tombent malades.

Linan évoque avec éloquence et de façon émouvante les privations et les abus dont souffrent les prisonniers et du traitement que les prisonnières endurent, et qui n’est pas moins dur que celui des hommes emprisonnés dans les geôles israéliennes.

Elles sont harcelées verbalement et physiquement, souvent soumises à des punitions arbitraires comme les jets de gaz lacrymogènes ou d’eau à l’intérieur de leurs cellules ; des chiens ont été mis dans leurs cellules ; la punition peut signifier d’être placée en cellule d’isolement ; des punitions comme les coups, ou être traînée par les cheveux, sont exécutées par des gardiens. De tels traitements sont constants et font partie d’un régime combiné de pratiques sadiques extrêmes et de cruauté.

Lorsque les prisonnières doivent être présentées devant le tribunal, elles sont fouillées à nu avant de quitter la prison. Au tribunal, elles ne sont pas autorisées à parler, ni à faire un signe à leurs parents, sous peine de punitions, habituellement la privation de couvertures, d’argent ou de livres. Lorsque Shalit a été capturé, le droit aux études a été annulé et les prisonniers venant de Gaza ont été collectivement punis par une interdiction de visites.

Elles n'ont aucune intimité – 14 détenues vivent dans une cellule, et dorment sur des matelas très minces. Les salles de bains sont à l’extérieur des cellules et les femmes doivent demander la permission de s’y rendre. De plus, elles ne reçoivent aucun traitement médical adéquat, même en cas de très graves maladies.

Bien que le jeune frère de Linan et son neveu soient dans la même prison qu’elle, pour des raisons de « sécurité », ils n’ont pas été autorisés à avoir de contacts d’aucune sorte et, pendant des années, ils se sont battus avec héroïsme mais sans succès pour faire reconnaître leur droit.

Lorsqu’on lui demande comment elle réagit devant ce passé tragique et injuste et ce qu’elle souhaite pour l’avenir, elle dit qu’elle garde le sourire et qu’elle est résolue à continuer à lutter. Elle est très fière de la ténacité de sa famille et de son mari. L’idée qu’elle pourrait être à nouveau arrêtée ne la dissuade pas. Ses 5 années de prisons n’ont fait que renforcer sa détermination à continuer ses activités dans la bataille pour la libération de la Palestine.

Une des principales préoccupations de Linan est le sort de ces Palestiniens qui languissent dans les prisons israéliennes, plus de 11.000 prisonniers, certains en détention préventive indéfinie, pendant des années, sans qu’aucune accusation soit portée contre eux. Elle exprime également le souhait que les organisations internationales pour les droits de l’homme et les groupes de la base populaire travaillent avec plus de vigueur pour que justice soit rendue et que les prisonniers, incarcérés parce qu’ils exercent leur droit à résister à l’oppression, soient libérés.

L’arrestation, la détention et l’incarcération sont parmi les armes les plus importantes dans la guerre israélienne totale contre le peuple palestinien. Ces actions constituent une violation des droits des populations occupées, visent à atteindre le plus grand nombre possible de personnes, affectent tous les segments de la société, et sont mises en œuvre pour tenter de briser la volonté des Palestiniens à résister à l’occupation.

Pour en savoir plus et vous impliquez dans la défense des prisonniers palestiniens, vous pouvez prendre contact avec :

- Addameer, association de soutien aux prisonniers et pour les droits de l’homme,

- Aseerat, consacrée aux prisonnières palestiniennes

- Defence for Children International, section Palestine, consacrée aux enfants

- The Palestine Prisoners’ Club.
Source : Palsolidarity