mercredi 19 octobre 2011

Une liesse rare à Gaza, Ramallah et Jérusalem-Est

19/10/2011
Au terminal de Rafah, les proches des détenus libérés sont venus les accueillir. Ibraheem Abu Mustafa/Reuters
Au terminal de Rafah, les proches des détenus libérés sont venus les accueillir. Ibraheem Abu Mustafa/Reuters 
Juste après l’annonce du transfert de Shalit en Israël, des centaines de milliers de Palestiniens ont réservé hier à Gaza un accueil triomphal aux 477 prisonniers libérés, dans une liesse populaire rare dans le territoire sous contrôle du Hamas depuis quatre ans ; un bonheur reproduit naturellement à l’identique à Ramallah en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
À Gaza, attendus par des centaines de leurs proches et de dignitaires, dont le chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, les prisonniers ont salué la foule avant de descendre des bus, certains se prosternant à même le sol. « C’est une joie indescriptible de voir mes enfants », s’est ainsi exclamé Raëd Abou Lebdeh, condamné à quatre peines à perpétuité, dont il a purgé 13 ans, étreignant sa fille Mariam, 13 ans, qu’il n’avait jamais vue. « Je suis triste que les autres prisonniers ne soient pas encore sortis, mais nous les libérerons bientôt », a-t-il affirmé. « J’ai l’impression de naître aujourd’hui, c’est la première fois que je vois mon père et que je l’embrasse », a sangloté sa fille
« Je n’arrive pas à croire que mon mari soit rentré en aujourd’hui, je suis stupéfaite. Il a passé 25 ans en prison, laissant ses enfants, et rentre pour retrouver 18 petits-enfants », a confié Souhaïr al-Ghoul, épouse de Omar al-Ghoul, condamné à perpétuité, membre de Ezzedine al-Qassam. « Je suis triste pour mon fils qui est resté en prison, mais il est encore jeune et il peut supporter, et le jour viendra où le Hamas le fera sortir lui aussi, très bientôt », a-t-elle ajouté, accompagnée de deux autres de ses fils, armés et en uniforme d’al-Qassam.
Joie « et » souffrance...
Les prisonniers ont embrassé les personnes venues les accueillir, au milieu d’une haie d’honneur, reçu des jets de pétales de fleurs et une décoration aux couleurs du drapeau palestinien. « C’est un très beau jour pour nous de voir les prisonniers libres parce que nous pensions qu’ils mourraient dans les prisons israéliennes », a souligné Saleh Hammouda, 63 ans, venu attendre les détenus. « Je suis venu rendre hommage aux prisonniers, en particulier ceux du Fateh », a expliqué de son côté Aymane Abdelhalim, 19 ans.
En Cisjordanie, où le président Mahmoud Abbas a tenu à aller à la rencontre de ses compatriotes libérés, un des ex-détenus, Tawfiq Abdallah, 52 ans, qui a purgé 26 ans de sa peine de perpétuité, a confié ressentir « un mélange de joie d’être dehors et de voir le jour, et de souffrance pour les frères que j’ai laissés derrière moi ». « Je ne peux pas décrire mes sentiments, mais j’espère que toutes les mères de prisonniers seront heureuses », a confié pour sa part Nayef Nidal, libéré après 17 ans d’incarcération, en tombant dans les bras de ses proches.
À Jérusalem-Est annexée, les familles de détenus se sont retrouvées après des heures d’attente près du mont des Oliviers. Dans les ruelles étroites de la vieille ville, la foule a porté en triomphe un vieux prisonnier aveugle du Fateh, Alaa Bazyan, en brandissant les couleurs palestiniennes, rare spectacle à Jérusalem.
Sur le plan politique, le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, a profité de l’occasion pour remercier l’Égypte pour sa médiation dans cet échange et proposé à M. Abbas de le rencontrer pour faire avancer la réconciliation palestinienne. Un responsable du bureau politique du Hamas, Ezzat al-Rachq, a précisé que cette rencontre aurait lieu « prochainement » au Caire.
(Source : rédaction et agences)