mercredi 19 octobre 2011

Grands rassemblement à Gaza et Ramallah pour célébrer la libération des prisonniers

Ecrit par Pierre Tiercin   
19.10.11
De grands rassemblements ont pris place à Gaza, Ramallah, et dans toutes les villes et villages palestiniens pour fêter la libération des 477 prisonniers de l'accord d'échange Gilad Shalit mardi dernier. 
Au cours d'un rassemblement de plusieurs milliers de personnes au Muqata'a, le complexe administratif de l'Autorité Palestinienne à Ramallah, le Président palestinien Mahmoud Abbas a remercié les responsables de la libération des prisonniers.
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Mahmoud Abbas s'adresse à la foule réunie au Muqata'a, en compagnie de deux dirigeants du Hamas : Hassan Yusef sur la droite, et Aziz Dweik en retrait sur la gauche
Il a indiqué qu'il comptait insister pour la libération des leaders politiques qui sont encore détenus, comme Marwan Barghouti et Ahmed Saadat, en faisant le lien entre l'échange et ses efforts pour obtenir la reconnaissance de l'Etat palestinien.
"Vos sacrifices n'ont pas été vains", a proclamé Abbas. "Vous avez travaillé dur, vous avez lutté et vous êtes sacrifiés. Vous verrez les résultats de votre lutte, dans la reconnaissance d'un Etat palestinien indépendant, avec Jérusalem pour capitale".
Abbas, dont la popularité est encore forte depuis son discours aux Nations Unies, a dû minimiser ses propres échecs à obtenir la libération des prisonniers palestiniens. Pendant son discours et malgré le conflit diplomatique qui oppose le Hamas et le Fatah, et qui a provoqué en 2007 une brève guerre civile suite à laquelle les représentants du Fatah ont été exclus de Gaza, il était soutenu par Aziz Dweik et Hassan Yusef, fortes personnalités du Hamas, qui ont vigoureusement évoqué la possibilité d'une réconciliation.
"Nous devons agir communément, faire front, unis, face à la politique mené par Israël, contre les colonies et les violation des droits humains", a déclaré Yusef.
 
A Gaza, Ismail Haniyeh, ex-Premier Ministre et numéro un du Hamas à Gaza, a loué "l'instant historique" de la libération des prisonniers palestiniens, dans un discours qu'il a adressé devant plus de 200 000 palestiniens réunis sur la place al-Katiba.
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Plus de 200 000 palestiniens se sont réunis place al-Khatib à Gaza
"Nous embrassons les mains et le front de la Résistance Palestinienne pour leur participation héroïque à notre cause", a-t-il indiqué, ajoutant que le monde islamique et que tous les partisans de la liberté partageaient aujourd'hui la joie du peuple palestinien.
Haniyeh a remercié l'Egypte pour le rôle qu'elle a joué et a rappelé que davantage de détenus "seront bientôt libérés".
Yehya al-Sinwar, ancien stratège de la branche armée du Hamas, condamné au cours de la Première Intifada en 1988 pour le meurtre de deux soldats israéliens et libéré au cours de l'échange après avoir passé 23 ans en prison, a été salué par la foule alors qu'il rejoignait Haniyeh sur la scène installée place al-Katiba.
"J'appelle tous les leaders de toutes les factions de la résistance palestinienne et avant tout les brigades Izz al-Din al-Qassam d'endosser la responsabilité de libérer tous les prisonniers restants", a exprimé al-Sinwar, aujourd'hui pressenti pour un poste de premier ordre au sein du Hamas. "Ce doit être immédiatement planifié et organisé sur le plan pratique".
Haniyeh a délivré un long discours passionné, gratifiant alternativement le peuple palestinien pour "cette oeuvre et cette victoire nationale", et avertissant Israël qu'il ne se reposera pas jusqu'à ce que tous les prisonniers palestiniens soient libérés. "Nos coeurs battent encore pour Marwan et Abdullah Bargouti, et pour Ahmed Saadat", a-t-il assuré. 
Des 477 prisonniers libérés, 27 sont des femmes. Deux fois plus de prisonniers ont été relâchés vers Gaza que vers la Cisjordanie, tandis que 40 ont été exilés vers la Syrie, la Turquie et le Qatar. Selon les termes de l'accord, 550 prisonniers devraient encore être libérés d'ici 2 mois.
Près de 5 000 prisonniers palestiniens sont encore détenus dans les prisons israéliennes, nombre d'entre eux suite à des condamnations relatives à la résistance armée contre Israël durant la seconde intifada.
Alors que l'ambiance était à la fête à Gaza, en Cisjordanie et en Israël, certain slogans scandés par des groupuscules islamistes scandaient déjà "nous voulons un autre Shalit". Le Comité Populaire de la Résistance, une faction résistante extrémiste, a d'ors et déjà indiqué que si la capture de soldats israéliens pouvait permettre la libération des prisonniers palestiniens, alors ils continueraient sur cette piste, rapportant que l'échange Shalit constituait une "victoire historique" pour la résistance palestinienne. 
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