17 June 2011
La Maison des peuples et de la paix organise ce soir à Ma Campagne un café citoyen sur  «la résistance pacifique en Palestine» en présence de deux militantes venues de Cisjordanie.
On coordonne des actions de résistance comme des manifestations, pour donner de la force à la protestation palestinienne.
On coordonne des actions de résistance comme des manifestations, pour donner de la force à la protestation palestinienne.

Catia et sa mère Mona sont en France pendant quelques semaines pour raconter leur combat quotidien en Cisjordanie.  Photo E. R.
Elles  sont arrivées en France il y a quelques jours. Mona et Catia Owda, mère  et fille, toutes  deux militantes de la cause palestinienne. Une «résistance quotidienne», et surtout non-violente, qu'elles sont venues expliquer et défendre en France. «En  2011, avec tous les moyens de communication qui existent, je déplore  que l'Occident ne connaisse pas encore la situation réelle en Palestine», explique Mona.
Elle  s'exprime en arabe et même sans la comprendre, on devine dans sa voix  calme et sereine la conviction qu'elle place dans son combat. A 46 ans,  Mona est responsable d'un club de femmes  à Tulkarem, à deux kilomètres de la frontière officielle entre la  Cisjordanie et Israël. C'est grâce à cette association, qui reçoit  beaucoup d'internationaux, qu'elle a fait la connaissance de Jacqueline  Pasquier, présidente de Femmes Solidaires à Angoulême. «Avec l'association, nous sommes allés chez Mona en novembre 2010, explique Jacqueline Pasquier. Nous avons pu nous rendre compte sur place du combat que mènent chaque jour les femmes palestiniennes.»
Grâce à un collectif d'associations et de politiques, allant de Charente Palestine  Solidarité à Amnesty International en passant par Europe Ecologie-Les  Verts et la mairie d'Angoulême, les deux femmes ont pu obtenir  l'autorisation de venir en France. Pas une mince affaire, puisque mère  et fille sont fichées comme militantes par Israël et de ce fait  interdites de séjour à Jérusalem où se trouvent, entre autres, tous les  services administratifs. Elles ont obtenu leur visa à peine une semaine  avant leur départ.
La résistance transmise de mère en fille
Pour  Mona et Catia Owda, pas vraiment besoin de rentrer dans un débat très  politique sur la question du conflit israélo-palestinien. Parler de leur  quotidien suffit. Et c'est l'objet du café citoyen organisé ce soir.  Elles racontent que, depuis 2003, le «mur de séparation»  construit par Israël à la frontière cisjordanienne empiète petit à petit  sur leurs terres. Elles-mêmes ont vu les deux tiers de leur ferme  passer de l'autre côté, en territoire israélien. 
Ce mur, déclaré  illégal par la Cour internationale de justice et par l'Onu, s'étend sur  plus de 700 kilomètres, coupant parfois des villages - voire des maisons  - en deux. Conséquence de cette situation: bon nombre d'hommes qui  travaillaient en territoire israélien ont perdu leur emploi. 
Du  coup, ce sont les femmes qui prennent le relais. Dans son association,  Mona leur apprend à s'occuper de leur jardin pour être autosuffisantes  en nourriture. Elle leur enseigne aussi à faire des travaux d'artisanat à  la maison, pour avoir quelques ressources supplémentaires. «On  coordonne aussi des actions de résistance, comme des manifestations,  pour donner de la force à la protestation palestinienne», ajoute-t-elle. Mais là, c'est à chaque femme d'estimer si elles ont envie de s'engager.
L'engagement, c'était une évidence pour Catia, la fille de Mona. «J'ai vu la souffrance de ma famille, les menaces, les attaques qu'on a subies, raconte-t-elle. J'ai même vu mon père se faire tirer dessus plusieurs fois.» Et la séparation  du mur, Catia la vit aussi. Son mari travaille juste de l'autre côté,  en Israël, mais ne peut rentrer chez lui qu'une fois par mois: il lui  arrive de mettre jusqu'à dix heures pour repartir tant les contrôles au  check-point sont lourds. 
Pour cette étudiante en histoire de 23  ans, impossible, donc, de ne pas militer. Surtout quand sa mère lui  raconte qu'elle cachait des tracts dans sa poussette quand elle était  bébé. Leur venue en France, c'est pour la mère et la fille l'occasion de  raconter au plus grand nombre ce qui se passe dans leur pays. Quand on  leur demande si elles ont espoir de voir leur combat payer un jour, Mona  répond en souriant: «Inch' Allah, tant qu'il y a des femmes qui donnent des enfants palestiniens, l'espoir continue d'exister.»
«La résistance pacifique en Palestine», café citoyen, ce soir à 18h30 à la MJC de Ma Campagne. Gratuit. 
 

 
