BDS France
Ce 18 juin Marseille est le point de départ du « bateau pour  Gaza » qui ira rejoindre la flottille de paix des 15 bateaux  représentants plus de 80 pays. Marseille, à l’histoire tournée vers la  Méditerranée et l’Afrique au point d’être parfois surnommée  affectueusement par les franco algériens eux-mêmes, la 49ème Wilaya  d’Algérie, a la chance d’accueillir cet évènement historique à plus d’un  titre.         

Un moment historique
Historique par le nombre de bateaux, le nombre de pays  et la mobilisation internationale que cela suppose. Rien qu’en France on  approche des 2000 initiatives locales prises dans cette campagne et  plus de 500 000 € récoltés ce qui est énorme !
Historique par l’ampleur annoncée de ce rassemblement marseillais pour la paix.
Historique par le fait que les appels des personnalités  pour cette initiative dépasse le cadre des organisations que l’on voit  d’habitude dans le camp pour la paix au côté des palestiniens, PCF, CGT,  NPA, Mouvement de la paix... qu’il s’agisse de quelques élus PS ou du  secrétaire de la CFDT.
Historique par la détermination de celles et ceux qui  vont embarquer (et ils auraient pu être beaucoup plus nombreux s’il y  avait eu de la place !) sur une flottille qu’Israël veut empêcher à tout  prix d’arriver à bon port, se faisant menaçant grâce au soutien de  puissances internationales qui essaient, par leurs déclarations,  de légitimer par avance la violence de l’état colonisateur. Historique enfin par l’enjeu de cette initiative dans la conscience  mondiale des peuples, l’espoir qu’elle suscite, la légitimité qu’elle  porte, l’envie de vaincre et d’en finir avec le colonialisme raciste  d’Israël.
N’en doutons pas il s’agit bien d’un tournant historique  dans cette guerre qui dure depuis plus de 60 ans : il y aura un avant  et un après la flottille mondiale pour Gaza. Car l’ampleur même de cette mobilisation (1)  montre, comme le montrent les mouvements en cours en Europe ou en  Afrique dans les pays confrontés à la dictature du capitalisme, le  décalage qui existe entre les peuples et ceux qui les gouvernent. C’est  comme cela qu’il faut analyser, dans un pays qui cherche encore sa voie  et oscille entre retour à la case départ et débouché sur une ère  nouvelle, l’ouverture partielle par l’Égypte de sa frontière avec Gaza.  N’en doutons pas, cette ouverture est un gage donné par le gouvernement  provisoire à un peuple qui réclame droit et liberté pour les  palestiniens, leurs frères de l’autre côté de la barrière et prise en  compte de ses propres aspirations à la justice et à la démocratie.
Le cours de l’histoire
Les gouvernements occidentaux peuvent bien, les uns après les autres condamner l’initiative (2), le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu peut bien dire que ce projet "était organisé notamment par des extrémistes islamistes (sic !) afin de monter une provocation et d’entraîner un affrontement",  sur le Golan, Tsahal, dans une opération dont la presse a trop peu  parlé, peut bien tuer 14 personnes qui escaladaient des barbelés que  l’ONU a maintes fois condamnés, Ban Ki Moon, le secrétaire de l’ONU,  appelé en renfort, en bon valet qu’il est peut bien exhorter les  gouvernements méditerranéens « à utiliser leur influence pour décourager de telles flottilles, qui peuvent potentiellement aboutir à un conflit violent » et se dire convaincu que « les flottilles n’aideraient pas à résoudre les problèmes économiques de Gaza »,  ici à Marseille les forces qui soutiennent l’état sioniste peuvent bien  s’en prendre nominativement au secrétaire du CE des cheminots PACA (3)  particulièrement actif dans cette bataille, n’en doutons pas, ils ne  peuvent arrêter le cours de l’histoire et empêcher le monde entier de  proclamer que les palestiniens ont droit à un état.
N’en doutons pas, cette question de la Palestine, immense plaie béante et persistante, était aussi au cœur des mouvements dans les pays arabes.
N’en doutons pas, l’onde de choc de ce mouvement de fond a atteint la Palestine et a quelque chose à voir avec l’accord, historique lui aussi, entre le Hamas et le Fatah.
N’en doutons pas, les déclarations  d’Obama, le discours de Netanyahu devant le parlement américain sont  des tentatives de réponses à l’évolution actuelle, évolution que le  premier tente de maitriser quand le second essaie de l’enrayer. Effort  d’autant plus désespéré que ce samedi 6 juin encore 25 000 personnes ont  manifesté à Tel-Aviv pour soutenir la création d’un État Palestinien  dans les frontières de 1967.
En finir avec l’état colonial
Nul ne peut prédire ce qui va se passer dans la foulée  de cette immense initiative. Le gouvernement israélien, a montré, y  compris par les liens nouveaux tissés avec l’extrême droite européenne (4)  qu’il ne voulait ni la paix, ni la démocratie et se réfugiait dans la  fuite en avant vers un fascisme de plus en plus assumé. En son temps  l’Afrique du Sud a connu un gouvernement fasciste qui, comme Israël  aujourd’hui, pratiquait l’apartheid pour une partie de sa population.  Les luttes de son peuple, la pression internationale, les campagnes de  boycott en sont venues à bout.
N’en doutons pas, la flottille mondiale pour la paix, si  elle ne suffira pas pour abattre le fascisme israélien, est un pas de  plus vers la liberté pour les peuples de Palestine.
La campagne de boycott, tournée non contre les peuples  de la région mais contre le gouvernement qui les opprime, peut s’avérer  comme un élément décisif de l’après flottille. Empêcher ce gouvernement  de faire des affaires avec le reste du monde et en particulier les  États-Unis et l’UE qui sont ses principaux partenaires est un enjeu  politique de première importance.
C’est cette analyse qui a conduit la FSM à appuyer cette  campagne de soutien concret au peuple palestinien dans le monde. En  France la fédération CGT de l’agro-alimentaire s’est inscrite dans ce  mouvement tout comme la fédération française CGT des ports et docks qui a  participé en juin dernier à l’action internationale de refus de  chargement ou déchargement des bateaux israéliens. Peut être que dans un  avenir proche toute la CGT, comme l’ont déjà fait nombre de syndicats  anglo-saxons adhérents de la CSI, ne verra pas d’autre solution que de  s’associer à cette campagne.
Si les travailleurs du monde disent avec force : plus de  travail avec cet État tant que les droits de l’homme ne seront pas  respectés ! Cela peut faire très mal. La France, 8ème partenaire  économique d’Israël peut prendre un poids d’importance dans cette  bataille. Le pouvoir sioniste l’a bien compris qui s’appuie sur ses  relais locaux pour poursuivre systématiquement pour antisémitisme (dont  le plus célèbre est sans doute Stéphane Hessel) celles et ceux qui le  prônent.
N’en doutons pas, il y aura un après flottille et la campagne BDS en est d’ores et déjà un élément incontournable. 
[1] Voir le site Un bateau pour Gaza
[2] Le ministère français des Affaires étrangères (comme  ceux du Canada et de bien d’autres pays) a déconseillé formellement aux  ressortissants français "d’embarquer sur des navires ayant pour objectif de briser le blocus maritime imposé sur la bande de Gaza" en raison "des risques sécuritaires".
[3] 9 députés de droite (relayés ensuite par l’extrême  droite) ont écrit au président de la SNCF pour dénoncer l’engagement du  CE dans la campagne
[4] En décembre 2010 des députés d’extrême droite  autrichiens, allemands, suédois et belges se sont rendus en Israël où  ils ont été reçu à la Knesset entre autres par Nissim Zeev, député du  Shass, parti ultra-orthodoxe séfarade.
 
 
