Popular Struggle
          Pour la 3ème fois en deux semaines, le village de An Nabi Saleh a été envahi de nuit par les militaires. Un jeune de 14 ans a été arrêté et emprisonné en attendant de passer en procès.         

Manifestation contre l’expropriation de terres palestiniennes pour étendre la colonie juive de Halmish, à Nabi Saleh, en Cisjordanie, le 22 octobre 2010
An Nabi Saleh est un village de 530 habitants à l’ouest  de Ramallah, qui a décidé depuis décembre 2009 de manifester sans arme  contre la confiscation d’une large partie de ses terres par la colonie  voisine d’Halamish. Il y a eu depuis de nombreuses blessures,  arrestations et punitions collectives depuis à l’encontre du village.  L’armée tente d’écraser la protestation.
A An Nabi Saleh, la répression continue. Dans la nuit de samedi à dimanche, un nouveau raid de l’armée israélienne a été lancé sur le village,  pour la 3ème fois en deux semaines. La semaine dernière, l’armée était  entrée dans une vingtaine de maisons, photographiant les jeunes et  collectant les informations de leur carte d’identité. L’autre moitié du  village avait déjà été contrôlée une semaine auparavant dans les mêmes  conditions. Ce week-end, entre 2h et 3h du matin, les militaires sont  entrés dans des maisons et ont arrêté un jeune de 14 ans. Ils sont venus  le chercher dans son lit, en essayant par la même occasion d’arrêter  son frère ainé. Cependant, la famille et le voisinage ont réussi à  empêcher l’arrestation.
Trois semaines auparavant, ce jeune avait déjà été  arrêté durant la manifestation hebdomadaire contre la colonie voisine  Halamish. Il avait les mains attachées dans le dos et laissé durant des  heures sous une pluie battante avant de lui poser des questions sur les  manifestations, les leaders et les stratégies mises en place. Les  villageois.es supposent qu’il a été arrêté ce week-end pour obtenir plus  d’informations sur les manifestations. C’est aussi (surtout peut-être)  un moyen de faire pression (psychologiquement) sur le village et une forme de punition collective.
L’arrestation de ce week-end est survenue après que les  villageois, lors la manifestation de vendredi, aient réussi à briser le  siège auquel ils font face lors des manifestations. Au lieu de partir depuis le centre du village, la manifestation a commencé dans le village voisin de Beit Rima.  Depuis ce village, la manifestation s’est rendue directement à un poste  de l’armée, à proximité de la source annexée en décembre 2009 par les  colons et militaires d’Halamish. Le jeune arrêté est depuis toujours en  détention. Il est passé au tribunal lundi, sans que personne du village  ne puisse assister à l’audience : il est accusé de jets de pierre, mais  le jugement devrait être rendu jeudi.
En complément/supplément : aujourd’hui l’armée a  kidnappé le petit frère de ce jeune (11ans) vers 11h ce matin et relâché  vers 15h30. L’arrestation a provoqué une émeute dans le village, un  jeune de 19 ans a été touché par 13 rubber bullets1, sur tout le flanc  de la cheville à l’omoplate et est hospitalisé depuis. Pas plus de  précision pour l’instant.
Un 2ème enfant arrêté en 3 jours à An Nabi Saleh
Le frère de Islam Tamimi - un jeune de 14 ans enlevé dimanche durant un raid nocturne de l’armée israélienne à An Nabi Saleh - s’est fait arrêter mardi matin par l’armée à An Nabi Saleh.  Islam Tamimi a été interrogé pendant 8 heures après son arrestation  vers 2h du matin dimanche. Hier l’État a demandé qu’il soit maintenu en  détention jusqu’à son audience de jeudi.

Islam Tamimi - Photo : Alison Rammer
Dans un contexte où la répression se resserre autour des  manifestations non armées en Cisjordanie, Islam Tamimi a été arrêté  chez lui à 2h du matin dimanche. C’est la 2ème fois en à peu près trois  semaines. L’armée l’a placé dans la prison militaire d’Ofra, une colonie  proche de Ramallah en Cisjordanie pour l’interroger sur-le-champ et le  relâcher. Après 8h d’interrogatoire dimanche, Islam a avoué avoir jeté  des pierres à l’occasion des manifestations hebdomadaires contre  l’occupation à An Nabi Saleh. Ses avocat étaient présents au poste de  police et n’ont pas cessé de demander à voir Islam mais ils n’y sont pas  parvenus pendant les 4 premières heures d’interrogatoire.
Ses parents, qui légalement étaient censés être présents  pour l’interrogatoire de leur fils (car mineur), se sont vu refuser  l’accès. Il s’est avéré que lorsque les avocats ont enfin pu voir Islam,  traumatisé, il avait avoué exactement ce que l’armée voulait entendre, à  savoir d’avoir jeté des pierres. Vue l’expérience traumatique qu’il a  vécu, Islam a dit qu’il fournirait les quelques informations que l’armée  attendait sur An Nabi Saleh. Il était prêt à inventer des informations  car vu son âge, il ne connait pas vraiment le fonctionnement du village  ni le planning des manifestations.
Lundi matin, Islam a été amené devant la cour militaire. L’État a demandé à la cour  de garder Islam jusqu’à jeudi, c’est à dire jusqu’à son jugement. Sa  défense a demandé un rendu d’audience à hui clos car il est jeune, le juge n’a pas encore rendu sa décision.
Malgré cela, ce matin l’armée et la police aux frontières ont relancé un raid sur le village  et ont arrêté Karim, le frère d’Islam, âgé de 11 ans. L’enfant a été  retenu jusqu’à 15h30, après avoir du répondre à des questions similaires  à celles de son frère, et s’être fait expliquer par les militaires  qu’il devait aller à l’école, continuer ces études, entrer à la fac et  surtout ne pas rester avec ces jeunes qui jettent des pierres. Si rien  n’a été retenu contre lui, la violence de l’arrestation va sûrement  demeurer, l’espoir que quelqu’un vienne le libérer, les hurlements de  ses proches, le traumatisme d’un interrogatoire...
23 janvier 2011 - Popular Struggle - Vous pouvez consulter cet article à : 
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Traduction de l’anglais : Mahmoud
 
 
