mercredi 26 janvier 2011

Israël n’a jamais eu la moindre envie de négocier, révèlent les documents d’Al Jazeera et The Guardian

mardi 25 janvier 2011
Les documents diffusés depuis dimanche soir par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera et le quotidien britannique The Guardian, sortis sans permission des archives de l’Autorité Palestinienne, révèlent les honteuses concessions et le pathétique abaissement des « négociateurs » palestiniens avec les dirigeants israéliens, dans le cadre de cette poudre aux yeux nommée « processus de paix ».
Ces documents, 1.600 au total, couvrent quasiment les vingt années de la farce, depuis le début du « processus » avec la conférence de Madrid en 1991, jusqu’à l’année 2010. Al-Jazeera et The Guardian, qui va étaler ses publications sur plusieurs jours à [1]->http://www.guardian.co.uk/palestine...], assurent s’en être garantis l’authenticité.
Le jeune avocat franco-palestinien Ziyad Clot, qui a fait la douloureuse expérience d’une participation, pendant un an, à l’équipe des négociateurs palestiniens (la Negotiation Support Unit, organe censément palestinien, mais créé et contrôlé par des agents britanniques et états-uniens) avant de s’en retirer, dégoûté, et de publier un livre-réquisitoire, « Il n’y aura pas d’Etat palestinien », avait déjà donné un aperçu, de l’intérieur, de la corruption morale des dirigeants de l’Autorité Palestinienne.
Les documents en remettent une couche. On y apprend que Saeb Erekat, le patron des « négociateurs » côté palestinien, a offert, de manière réitérée, d’entériner l’incorporation de la quasi-totalité des colonies juives de Jérusalem-Est à Israël, à l’exception d’une seule, Har Homa, construite sur les ruines de la localité de Jabal Abu Ghneim. Non content de cela, Erekat a aussi concédé à son interlocutrice, l’Israélienne Tzipi Livni (responsable des massacres de Gaza de décembre 2008, mais qu’Erekat appelle affectueusement « Tzipi » au cours de leurs parlottes), toute une partie du quartier jérusalémite de Cheikh Jarrah, dont les habitants palestiniens résistent pied à pied aux démolitions-expulsions !
« Vous vous rendez compte, je l’espère, qu’on est en train de vous proposer le plus grand Yerushalim (Jérusalem, en hébreu, NDT) de l’histoire, et nous, on essaiera de se débrouiller pour avoir un Al Qods (Jérusalem, en arabe) », commente Erekat, bien conscient qu’il s’est transformé en marionnette. « Même ma femme et mes filles m’en veulent maintenant, pour avoir lâché tout cela sans rien obtenir », confesse-t-il dans un autre mémo.
De même, les documents confirment que les négociateurs palestiniens se déclarent constamment prêts à brader la question des réfugiés et leur droit au retour. « Mettons qu’on en accueillerait un millier », ricane à un moment le Premier Ministre israélien Ehud Olmert, ce à quoi Mahmoud Abbas répond : « C’est vrai, on ne peut pas vous demander d’accueillir les réfugiés dans votre Etat juif ».
Et puis ? Les documents, dont les premières publications couvrent prioritairement la période 2007-2009, confirment aussi que les dirigeants israéliens, Livni et Olmert, ont informé par avance Mahmoud Abbas de l’attaque sur Gaza, et celui-ci leur a prodigué ses encouragements pour l’assassinat de dirigeants du Hamas. Ce dont ils n’avaient au demeurant pas besoin, tout le monde en conviendra.
Et cela promet de continuer tout au long de la semaine, avec la publication de documents supplémentaires par Al Jazeera et The Guardian. A Ramallah, l’Autorité Palestinienne est furieuse, et accuse l’émir du Qatar, propriétaire de la chaîne de télévision Al Jazeera, de rouler pour le Hamas, lequel n’a pas eu besoin de la sortie de ces documents pour dénoncer la collaboration de l’AP avec Israël et les puissances occidentales.
En Israël, Benjamin Netanyahu a eu beau jeu, de son côté, de relever qu’il n’avait pas de raison de stopper la colonisation de Jérusalem-Est, puisque les dirigeants de l’OLP lui en avaient fait cadeau par avance, et que leurs protestations officielles à l’annonce de chaque nouveau plan de construction ne sont donc qu’une plaisanterie.
Mais comme le souligne l’éditorialiste du Guardian Ian Black, ces documents révèlent surtout l’appétit insatiable des dirigeants israéliens, incapables de signer un accord de paix, même quand les conditions les plus généreuses leur sont faites. A l’offre de capitulation sans conditions sur Jérusalem, Tzipi Livni répond que c’est encore insuffisant, car Israël veut conserver toutes ses colonies en Cisjordanie, et notamment celles de Maale Adumim (qui coupe la Cisjordanie en deux, de Jérusalem à la Mer Morte) et d’Ariel, qui éventre le nord d’un territoire à peine grand comme un département français. Et pour faire bonne mesure, Livni annonce cyniquement aux « négociateurs » palestiniens qu’elle est favorable à la déportation de Palestiniens israéliens dans le bantustan qu’elle se propose de créer. « Si ces documents montrent quelque chose », conclut le journaliste, « c’est qu’Israël a eu un partenaire pour faire la paix », mais qu’il ne veut pas de celle-ci. « Les concessions maximales que peuvent faire les Palestiniens ne sont jamais assez aux yeux des Israéliens », conclut-il.
CAPJPO-EuroPalestine
Lien