Michel Warschawski - AIC
          Une descente folle vers l’abîme, dont on ne connaît pas la fin.         
           Cette semaine, la Knesset entame ses vacances d’été, ses membres ont  reçu leurs congés : dans les derniers jours de la session qui prend fin,  ils ont fait un grand nombre d’heures supplémentaires pour présenter  diverses propositions, dont le dénominateur commun est de sauver l’Etat  de ses ennemis intérieurs.
Nous n’évoquerons que quelques-unes d’entre elles :  proposition de déclarer le Mouvement islamiste illégal ; d’organiser un  référendum pour dire si le gouvernement peut ou non accepter un accord  de paix qui inclurait le retrait de Jérusalem-Est ou du plateau du  Golan ; de conditionner l’octroi de la citoyenneté à la loyauté envers  l’Etat, en tant qu’Etat juif ; de criminaliser les citoyens qui  soutiennent les sanctions et/ou un boycott contre Israël, notamment un  boycott des produits des colonies. A celles-ci et à toutes les autres,  nous devons ajouter la vieille proposition interdisant toute  commémoration publique de la Naqba.
Le visage de la Knesset est comme celui de sa plus  récente législation : fasciste, avec une opposition qui est la plus  minuscule et la plus lamentable. Il n’est pas surprenant, dès lors, que  la Knesset ait du mal à accepter en son sein des membres comme Hanin  Zoabi, spécialement car il n’est pas possible de l’exclure, pas encore ?  Dans cette optique, la Knesset lui a retiré certains de ses droits en  tant que personnalité publique élue. Mon cœur est avec Hanin Zoabi,  Jamal Zahalkha, Dov Hanin, et la poignée de personnes saines qui restent  dans la législature, obligées de côtoyer une centaine de petites brutes  grossières et faibles d’esprit qui démontrent à leur égard une violence  verbale qui, tôt ou tard, va se transformer en une véritable agression.
Il s’agit d’une législature que nous avons héritée  directement de l’agression sanglante contre les habitants de Gaza en  hiver 2008/2009. Le vaste soutien, quasiment unanime, aux crimes de  guerre d’Olmert, Barak et Ashkenazy a donné naissance à une Knesset  fasciste dans laquelle Benjamin Netanyahu ressemble à un homme d’Etat  modéré et Tzipi Livni à une gauchiste radicale.
En conséquence, l’Etat d’Israël fait l’expérience en ce moment d’un isolement international sans précédent, et même « l’atmosphère amicale »  censée caractériser la dernière rencontre entre Netanyahu et le  Président US ne peut dissimuler le sentiment de gêne de la  Maison-Blanche devant les actions israéliennes. La violence meurtrière  utilisée par l’armée contre la Flottille de la Liberté a choqué le monde  entier, non seulement parce qu’il y eut de nombreux morts et blessés,  mais surtout en raison du message qu’Israël voulait transmettre au  monde : nous faisons ce que nous voulons, sans considération aucune du  droit international, de notre image et des implications pour la  communauté internationale, notamment nos partenaires stratégiques telle  que la Turquie. « Nous avons montré au monde que nous sommes prêts à devenir fous, »  fanfaronnait Tzipi Livni après le massacre dans Gaza, ce qui prouve  qu’il y a un héritage de Golda Meir quand celle-ci disait : « Ce qui importe, ce n’est pas ce que les goys disent, mais ce que les juifs font ».  Meir avait elle aussi l’habitude de se vanter, avec, entre autres  conséquences, la défaite d’Israël dans la guerre du « Yom Kippur » en  1973. Il n’y a aucun doute, un autre « Yom Kippur » attend Israël, bien  plus amer que le précédent. Ce n’est  qu’une question de temps, et cette  fois, il viendra indubitablement du Nord.
C’est une descente folle vers l’abîme, dont on ne  connaît pas la fin. Les Grecs avaient l’habitude de dire que, avant de  détruire leurs ennemis, les dieux devaient les rendre fous. Toutes les  lois proposées dans la dernière période par la Knesset, et le monstre  législatif qui leur a donné le jour, expriment cette folie qui précède  la chute.

                27 juillet 2010 - The Alternative Information Center - traduction : JPP
 
 
