dimanche 14 novembre 2010

Hussam Khader, une voix critique au sein du Fatah

publié le samedi 13 novembre 2010
Nicolas Falez

 
Sur fond de blocage du processus de paix israélo-palestinien, rencontre avec Hussam Khader, dirigeant local du Fatah (à Naplouse), qui dénonce l’attitude d’Israël et critique la stratégie de l’Autorité palestinienne.
« Je suis engagé dans la révolution palestinienne depuis l’âge de 14 ans. J’ai passé la moitié de ma vie en prison. J’ai été arrêté 24 fois et mon dernier séjour en prison a duré six ans », Ainsi se présente Hussam Khader né en 1961 dans une famille de réfugiés palestiniens originaires de Jaffa. Cheveux et moustache argentés, Hussam Khader vit toujours dans le camp de réfugiés de Balata, aux portes de Naplouse (nord de la Cisjordanie). Son parcours est celui d’un militant de terrain et d’un dirigeant local du Fatah, le parti de Yasser Arafat et de Mahmoud Abbas. Hussam Khader était député du Parlement palestinien au moment de sa dernière arrestation, en 2003, pendant la seconde Intifada. Condamné par un tribunal israélien, il fut libéré en 2009 et dirige aujourd’hui le Comité pour la défense des réfugiés palestiniens.
Hussam Khader ne mâche pas ses mots lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de la stratégie actuelle de l’Autorité palestinienne. « Je pense qu’Abou Mazen [Mahmoud Abbas] n’aurait jamais dû cesser de négocier », lance Hussam Khader à propos de la position du président palestinien qui refuse de reprendre les discussions avec les Israéliens sans nouveau moratoire sur la construction dans les colonies. Le dirigeant local du Fatah fustige l’actuelle équipe de négociateurs palestiniens : « Ils n’ont pas de vision politique. Ils n’ont pas vraiment d’expérience et ils sont victimes de leurs propres slogans qu’ils brandissent lors des négociations ».
Lutte armée
Hussam Khader ne se dit pas favorable à la lutte armée mais il estime que la direction palestinienne n’a pas à barrer la route aux groupes qui choisiraient cette voie. « Un jour nous nous réveillerons et il y aura un soulèvement, prédit cet enfant terrible du Fatah selon lequel Israël pousse le peuple palestinien vers cette extrémité. Ils nourrissent l’extrémisme au sein du peuple palestinien. Et je ne parle pas seulement du Hamas et du Jihad islamique mais aussi d’al-Qaïda qui attend son heure. Israël paiera un prix très élevé pour sa politique sur le terrain… ».
Hussam Khader pense qu’aucune avancée n’est possible avec l’actuel gouvernement israélien. Et il ne croit pas non plus aux efforts des Etats-Unis et de leur président pour relancer le processus de paix israélo-palestinien. « Obama ne proposera rien, ne fera rien, assure le cadre palestinien, son mandat va se terminer et il perdra les élections… et nous devrons discuter avec un nouveau président. C’est l’une des raisons de notre échec : nous les Palestiniens nous attendons toujours les élections israéliennes et américaines Et nous bâtissons nos rêves sur les résultats que nous attendons ».
Pessimisme également à propos des tentatives de rapprochement entre le Fatah et le Hamas, divisés depuis que le mouvement islamiste a pris le contrôle de la bande de Gaza en juin 2007. Selon Hussam Khader la réconciliation ne peut pas intervenir dans les prochaines années les deux factions palestiniennes rivales étant désormais sur des trajectoires très éloignées : « L’Autorité palestinienne ne prendra jamais le risque de mécontenter les Etats–Unis… et le Hamas ne prendra jamais le risque de froisser l’Iran » explique Hussam Khader qui blâme les dirigeants de l’Autorité palestinienne tout autant que ceux du Hamas.
publié par RFI