K. Selim - Le Quotidien d’Oran
          Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de la  Ligue arabe ont décidé d’apporter un soutien ferme à Mahmoud Abbas qui  refuse de négocier à l’ombre de la colonisation.         
 Voilà qui est bien, même si le président de l’Autorité palestinienne -  qui en a avalé des couleuvres américano-israéliennes... - n’avait pas  besoin d’une caution arabe à ce sujet. A défaut de tirer une conclusion  personnelle de l’échec de sa stratégie de conciliation, et c’est  beaucoup plus problématique, de coopération sécuritaire avec l’Etat  colonisateur, il lui était difficile de transiger sur la colonisation.
L’exigence est basique et les Palestiniens en général  expriment un mépris souverain pour ces éternels négociateurs du vent qui  ont, d’une manière ou d’une autre, servi de paravent politique à une  colonisation forcenée.
 S’il faut féliciter les ministres de la Ligue arabe  d’avoir fait le minimum en matière de soutien, on ne sait pas vraiment  comment qualifier leur décision de donner un sursis d’un mois à  l’administration américaine pour obtenir l’arrêt de la colonisation.  Sont-ils sages, « responsables », malins ou puérils, ces ministres de  penser qu’un mois pourrait changer la donne ? Croient-ils vraiment que  l’entreprise systématique de colonisation juive menée par les  gouvernements israéliens de gauche comme de droite va être abandonnée ?
 Certes, les Américains sont contents de ce petit mois  de « sursis » qui sera mis à profit par Washington pour convaincre  Netanyahu de faire mine - cela leur suffit - de suspendre la  colonisation en contrepartie d’incitations. Un mois durant lequel les  Américains vont également œuvrer à convaincre M. Abbas de faire mine de  croire que la colonisation a été suspendue.
 Au fait, la suspension de la colonisation par Netanyahu  n’a jamais été réelle. Les pauvres Palestiniens, réduits au dénuement  et contraints à accepter n’importe quel emploi, peuvent raconter -  certains l’ont fait - que durant toute la période du gel présumé décidé  par Netanyahu, ils ont travaillé à construire de nouveaux bâtiments dans  les colonies. Ces pauvres Palestiniens sont un démenti vivant aux  faux-semblants qui entourent la question.
 Mais, encore une fois, les Palestiniens sont condamnés à  revivre les mêmes comédies de la négociation et les mêmes soutiens,  sans effet, de la Ligue arabe. Les Américains sont trop puissants pour  que les Etats arabes puissent leur fixer un délai. Le délai d’un mois  dont ils parlent, ils viennent surtout de se l’accorder à eux-mêmes,  pour ne pas constater définitivement la situation d’impasse et en tirer  quelques conclusions évidentes.
 Le sursis est donné à Mahmoud Abbas pour réfléchir en  toute conscience au fait qu’il n’est pas contraint d’accepter le rôle  qu’on lui impose, pour le pire plus que pour le meilleur. L’apparence de  négociations que lui et ses collaborateurs mènent depuis des années  sert de couverture au grignotage du territoire pour créer des faits  accomplis coloniaux, ces « réalités » que George Bush exigeait que les  Palestiniens acceptent.
 Mahmoud Abbas a un mois pour réfléchir au fait qu’aussi  faible qu’il soit, il peut encore changer la donne. Il peut commencer  par faire le constat évident que les Américains et les Israéliens ont  besoin de lui pour faire croire à l’existence d’un processus de paix,  mais qu’ils ne veulent pas faire la paix avec lui. Ce serait un grand  pas que celui qui incarne l’illusion dise basta.
                10 octobre 2010 - Le Quotidien d’Oran - Editorial
 
 
