10 octobre 2010 à 13h43 
Nasser Abou BakrAgence France-Presse
Ramallah
Les Palestiniens envisagent de plus  en plus sérieusement des solutions unilatérales comme alternatives à un  processus de paix avec Israël qui en près de vingt ans ne les a guère  rapprochés de leur rêve d'obtenir un État, selon des spécialistes.
Le  dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a évoqué dans un discours vendredi  lors d'une réunion arabe à Syrte (Libye) des alternatives aux  négociations, bloquées par le différend sur la poursuite de la  colonisation juive en Cisjordanie occupée.
 M. Abbas a exposé plusieurs options: demander à Washington de  reconnaître un État palestinien dans les frontières de 1967, recourir à  cette fin au Conseil de sécurité de l'ONU, ou proposer à l'Assemblée  générale de l'ONU le placement des territoires occupés sous tutelle  internationale.
 «Après plus de 19 ans, depuis la conférence de paix de Madrid en 1991,  les pourparlers avec Israël n'ont abouti à rien», a déclaré à l'AFP un  des négociateurs palestiniens, Mohammad Chtayyeh.
 Cette conférence avait débouché sur les accords d'autonomie d'Oslo en  1993 et la création de l'Autorité palestinienne mais la perspective de  la proclamation d'un État s'est éloignée depuis, en raison de l'échec  des tentatives de règlement final.
 «Cela n'a pas de sens pour les Palestiniens de continuer à attendre la  conjonction d'un gouvernement israélien qui veut la paix et d'une  administration américaine qui soit capable de faire pression sur Israël.  L'expérience montre que cela ne se produira pas», a affirmé M.  Chtayyeh.
 «Cela n'a pas de sens non plus de laisser à l'occupant (israélien) le soin de mettre fin à l'occupation», a-t-il ajouté.
 De fait, toutes les options présentées par le président Abbas, partisan  de longue date d'un règlement négocié et de la renonciation à la lutte  armée, consistent à contourner le «partenaire» israélien pour en appeler  au parrain américain ou à la communauté internationale.
 «Il a commencé à douter que la voie des négociations puisse conduire à  une solution avec Israël», estime l'analyste palestinien Hani al-Masri,  pour qui Mahmoud Abbas «est pratiquement persuadé que les négociations  ont échoué».
 La Ligue arabe a avalisé la position du dirigeant palestinien, qui  refuse de négocier avec Israël tant que la colonisation se poursuit,  mais accordé un mois à Washington pour résoudre ce problème.
 Mais selon Samir Awad, professeur de science politique à l'Université de  Bir Zeit, en Cisjordanie, «il est clair qu'il n'y aura pas  d'intervention américaine sérieuse dans l'intérêt des Palestiniens et  même s'il y en avait, les Israéliens n'y répondraient pas».
 L'administration du président américain Barack Obama a offert au premier  ministre israélien Benyamin Nétanyahou de lui fournir des armes  sophistiquées et de bloquer toute tentative de discuter de la  proclamation d'un État palestinien à l'ONU, en échange d'un nouveau  moratoire sur la colonisation de 60 jours, selon les médias israéliens.
 En fin de compte, la seule arme diplomatique qui pourrait rester aux  négociateurs palestiniens serait l'autodissolution de l'Autorité.
 «Les seules alternatives sérieuses sont les alternatives unilatérales», a  déclaré à l'AFP l'ancien ministre israélien Yossi Beilin, impliqué dans  les discussions de paix dans les années 1990.
 «Menacer de dissoudre l'Autorité palestinienne, c'est quelque chose  qu'ils peuvent faire. Ils n'ont besoin de l'approbation de personne pour  cela», a souligné M. Beilin.
 Au début des actuels pourparlers en septembre, le principal négociateur  palestinien, Saëb Erakat, en avait également dramatisé l'enjeu,  prévenant que l'Autorité risquait de disparaître au profit des  islamistes radicaux du Hamas en cas de nouvel échec.
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