mercredi 8 septembre 2010

Sévères mises en garde après le projet d’un groupe chrétien US de brûler le Coran

08/09/2010
Créé en 1986, le « Dove World Outreach Center », groupe fondamentaliste chrétien basé en Floride, a annoncé, il y a quelques semaines, son intention de brûler un exemplaire du Coran samedi à l'occasion du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Ce groupe, qui accuse l'islam, « religion diabolique », de chercher à dominer le monde, a aussi appelé d'autres centres religieux à en faire autant pour se souvenir des victimes des attentats du 11-Septembre.
Hier, de multiples voix, notamment américaines, se sont élevées contre ce projet. Si ce projet était mis à exécution, cela servirait la propagande des talibans en Afghanistan et renforcerait le sentiment antiaméricain dans le monde musulman, a ainsi averti le général David Petraeus qui commande la force de l'OTAN (ISAF) et les troupes américaines en Afghanistan. « Je suis très inquiet des répercussions possibles, dans l'hypothèse où ils brûleraient un Coran », a-t-il déclaré dans un communiqué reçu à Kaboul. Et d'ajouter : « C'est précisément le genre d'action que les talibans utilisent et cela pourrait engendrer des problèmes significatifs. Pas seulement ici, mais partout dans le monde où nous sommes présents aux côtés de la communauté musulmane. » La Maison-Blanche s'est également dit préoccupée, hier, partageant les inquiétudes du général Petraeus concernant les conséquences de cet acte sur les troupes américaines.
Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a également condamné ce projet, en soulignant qu'un tel acte mettrait en danger les troupes déployées en Afghanistan. « Je pense que de tels actes sont en forte contradiction avec toutes les valeurs au nom desquelles nous nous battons », a-t-il affirmé.
De son côté, l'Iran a prévenu qu'une telle action déclencherait des réactions « incontrôlables ». « Nous conseillons aux pays occidentaux d'empêcher l'exploitation de la liberté d'expression pour insulter les livres saints, sinon les sentiments que cela provoquerait dans les nations musulmanes ne pourraient être contrôlés », a affirmé le porte-parole des Affaires étrangères à Téhéran. En Indonésie, pays musulman le plus peuplé du monde, la minorité chrétienne dit craindre aussi des « tensions ». L'Union des 20 000 églises chrétiennes protestantes d'Indonésie a envoyé une lettre au président américain Barack Obama pour l'exhorter à intervenir. Brûler le Coran « nous ramènerait au Moyen Âge et constituerait un acte contre la civilisation », a expliqué son président Andreas Yewangoe à l'AFP. Une centaine de radicaux musulmans avaient déjà manifesté fin août devant l'ambassade des États-Unis à Djakarta et menacé de déclencher une guerre sainte si le Dove World Outreach Center persistait dans son projet.
Aux États-Unis, des associations musulmanes ont estimé que cette initiative confirmait l'augmentation de l'islamophobie dans le pays. En outre, un projet de centre islamique près de « Ground Zero » à New York, site d'un des attentats du 11-Septembre, déchaîne les passions depuis quelques semaines.
Enfin, sous le titre : « Que personne ne brûle le Coran », l'Osservatore Romano, le quotidien du Vatican, se fait hier l'écho des multiples condamnations du projet de brûler publiquement un exemplaire du Coran.
Par le passé, des profanations présumées du Coran par des soldats américains, à la fois en Afghanistan et en Irak, ont attisé les tensions et provoqué des violences. La publication en 2005 au Danemark de caricatures controversées de Mahomet avait également provoqué une tempête de protestations, ainsi que de violents incidents dans plusieurs pays du monde musulman.
Terry Jones, le pasteur derrière le projet du « Dove World Outreach Center », a déclaré hier « prendre au sérieux » les inquiétudes formulées à ce sujet, tout en se disant « fermement résolu » à mener son projet à bien.