vendredi 3 septembre 2010

« Pourquoi il faut négocier avec le Hamas »

publié le jeudi 2 septembre 2010
Michael Blum

 
Un colon, journaliste, explique pourquoi il pense qu’il faut parler avec le Hamas
« Alors qu’Israël s’apprête à reprendre des pourparlers avec l’Autorité palestinienne sous l’égide de l’administration américaine, on est en droit de se demander si ces négociations ont une chance de mener à la création d’un état palestinien. La réponse est claire comme de l’eau de roche, il n’y a aucune chance que le dialogue entre Abbas et Netanyahou puisse contribuer à changer véritablement la situation dans la région, tant que la bande de Gaza est sous le contrôle du Hamas avec lequel il n’y aucun dialogue.
A l’heure actuelle, le Hamas et le Fatah n’arrivent pas véritablement à s’entendre pour former un gouvernement d’union nationale et quand Mahmoud Abbas qui a repoussé la date des élections dans les Territoires palestiniens négocie avec Netanyahou, on est en droit de se demander au nom de qui il parle. Et puis, diront certains, si le Fatah est incapable de négocier avec le Hamas, comment demander à Israël de s’asseoir avec les islamistes qui appellent de leurs vœux la destruction de l’Etat d’Israël.
En Israël, il n’est pas question de négocier avec le Hamas, car on ne parle pas avec des terroristes, or en 1993, quand le gouvernement a accepté de reconnaître l’OLP et de s’asseoir à la même table de négociations qu’Arafat, les dirigeants de l’OLP n’étaient pas moins « terroristes » pour les Israéliens que le sont les dirigeants actuels du Hamas.
Le Hamas ne reconnaît pas l’existence d’Israël, affirment certains Israéliens, mais je me demande en quoi Israël, 62 ans après sa création, a besoin d’être reconnu par le Hamas ? Israël existe, et a gagné toutes les guerres contre ses voisins et en tant qu’Israélien, la reconnaissance du Hamas m’importe peu. Je suis en faveur d’un dialogue avec les véritables ennemis afin d’arriver à une paix durable dans la région. Parler avec le Hamas, c’est assurer qu’on négocie avec ceux qui apparemment dirigeront dans l’avenir l’ensemble des territoires palestiniens.
Je ne vois aucune différence fondamentale entre le Hamas qui refuse de reconnaître Israël et le Fatah qui refuse d’accepter le terme d’état juif auquel Binyamin Netanyahou tient tellement. On négocie avec le Hamas par l’intermédiaire de l’Egypte et du médiateur allemand pour l’échange de prisonniers contre Gilad Shalit, alors pourquoi ne pas poursuivre les négociations pour arriver à un modus vivendi dans la région ? Il faut négocier avec les islamistes du Hamas sur l’avenir de la bande de Gaza et des territoires palestiniens, sans faire de concessions risquant de mettre en péril l’avenir de l’Etat d’Israël, mais pour justement assurer un avenir meilleur aux Israéliens et aux Palestiniens. »
Co-auteur avec Claire Snegaroff de l’ouvrage de référence sur les colons, Michael Blum, journaliste franco-israélien ,réside lui-même à El’azar, une colonie de Cisjordanie. Au moment où les Etats-Unis tentent de relancer les pourparlers israélo-palestiniens, il nous explique pourquoi, selon lui, il est indispensable pour Israël de négocier avec le mouvement islamiste Hamas.
Publié par Médiapart