lundi 19 juillet 2010

Bibi le bidouilleur aux colons : « L’Amérique ne se mettra pas en travers de notre chemin… on en fait ce qu’on veut. » (vidéo)


Israel - 18-07-2010

Par Tikun Olam 
La Chaîne israélienne 10 a diffusé une vidéo (en hébreu) enregistrée en 2001 au plus fort d’une campagne palestinienne de « terreur » (sic) contre Israël et les colonies. Il enregistre une tournée de condoléances où B. Netanyahu, qui vient de se « retirer » de la politique après avoir perdu son poste de Premier ministre plusieurs années auparavant, rend visite à un groupe de veuves israéliennes dont les époux ont été tués par les attaques palestiniennes.
Pour ceux de la droite israélienne qui affirment que les Accords d’Oslo ont échoué à cause du terrorisme palestinien etc., qu’ils regardent cette vidéo et ils verront que Netanyahu se vante d’avoir saboté Oslo. Même si vous mettez ça, pour moitié, sur le compte de la fanfaronnade d’un politicien israélien macho, ça ouvre quand même les yeux.
Ci-dessous la transcription du dialogue :
Netanyahu : ... Les Arabes se concentrent actuellement sur une guerre de terreur et ils pensent que cela va nous casser. L'essentiel, tout d'abord, est de les frapper. Pas seulement d'un seul coup, mais des coups qui sont si douloureux que le prix sera trop lourd à supporter. Le prix n'est pas trop lourd à supporter, maintenant. Une large attaque sur l'Autorité palestinienne. Afin de les amener au point d'avoir peur que tout s'écroule ...
Une femme : Attendez un instant, mais alors le monde dira « comment tu fais pour continuer à conquérir ? »
Netanyahu : Le monde ne dira rien. Le monde dira que nous nous défendons.
Une femme : Vous n'avez pas peur du monde, Bibi?
Netanyahu : Surtout aujourd'hui, avec l'Amérique. Je sais ce qu’est l'Amérique. L'Amérique, on peut la faire bouger facilement. La faire bouger dans la bonne direction.
Un enfant : Ils disent qu'ils sont pour nous, mais, c'est comme ...
Netanyahu : Ils ne se mettront pas en travers de notre chemin. Ils ne se mettront pas en travers de notre chemin.
Un enfant : D'un autre côté, si nous faisons quelques chose, puis ils ...
Netanyahu : Bon, disons qu'ils disent quelque chose. Alors ils l'ont dit ! Ils l'ont dit ! 80% des Américains nous soutiennent. C'est absurde. Nous avons ce type de soutien et nous disons : « Que ferons-nous avec le ... » Regarde. Cette administration [Clinton] a été très pro-palestinienne. Je n’ai pas eu peur de la manœuvrer. Je n’ai pas eu peur d'entrer en conflit avec Clinton. Je n’ai pas eu peur d'entrer en conflit avec l'Organisation des Nations Unies. Je payais le prix de toute façon, je préférais recevoir la valeur. Rapport qualité / prix.
Dans le passage suivant, Bibi se vante de la façon dont il a vidé de sens les Accords d'Oslo par une interprétation qui en fait une parodie :
Une femme : Les Accords d'Oslo sont un désastre.
Netanyahu : Oui. Vous le savez et je le sais... Le peuple [nation] doit le savoir ...
Que furent les accords d'Oslo ? Les Accords d'Oslo, que la Knesset a signé, on m'a demandé, avant les élections : « Agirez-vous selon eux ? » et j’ai répondu : « Oui, sous réserve de réciprocité et de limite des retraits. » « Mais comment avez-vous l'intention de limiter les retraits? » « Je ferai des Accords une telle interprétation qu’il me sera possible d’arrêter ce galop vers la ligne de 67 [armistice]. Comment avons-nous procédé ?
Le narrateur : Les Accords d'Oslo ont déclaré à l'époque qu’Israël rendrait progressivement les territoires aux Palestiniens en trois différentes impulsions, à moins que les territoires en question aient des colonies ou des sites militaires. C'est là que Netanyahu trouvé une échappatoire.
Netanyahu : Personne n'a dit ce qui définissait des sites militaires. Les sites militaires, j'ai dit, étaient des zones de sécurité. En ce qui me concerne, la vallée du Jourdain est un site militaire.
Une femme : Très juste [rires] ... La vallée de Beit Shéan.
Netanyahu : Comment dire. Comment dire? Mais alors la question s'est posée de ce qui définit ce que sont les sites militaires sites. J'ai reçu une lettre - moi et Arafat, en même temps - qui disait qu’Israël et Israël seul définirait ce que sont les sites militaires, leur emplacement et leur taille. Ils n’ont pas voulu me donner cette lettre, alors je n’ai pas donné l’Accord d’Hébron. J'ai arrêté la réunion du gouvernement, j'ai dit : « Je ne signe pas. » Ce n'est que lorsque la lettre est arrivée, en cours de réunion, à moi et à Arafat, que j’ai signé l'accord d'Hébron. Ou plutôt, je l’ai ratifié, il avait déjà été signé. Pourquoi est-ce important ? Parce qu'à ce moment là, j’ai de fait arrêté l’accord d'Oslo.
Une femme : Et malgré cela, l'un des nôtres, excusez-moi, qui savait que c'était une escroquerie, et que nous allions nous suicider avec l'Accord d'Oslo, leur donne - par exemple - Hébron ...
Netanyahu : En effet, Hébron fait mal. Ça fait mal. C'est la chose qui fait mal. L'un des rabbins célèbres, que je respecte beaucoup, un rabbin d'Eretz Israël, m’a dit : « Que dirait ton père ? » Je suis allé voir mon père. Connaissez-vous un peu de la position de mon père ?
... Il n'est pas exactement une colombe blanche comme le lys, comme on dit. Donc mon père a entendu la question et a dit : « Dis au rabbin que ton grand-père, le rabbin Natan Milikowski, était un Juif intelligent. Dis-lui qu'il vaut mieux donner deux pour cent que donner cent pour cent. Et c'est le choix ici. Tu as donné deux pour cent et de cette façon, tu as stoppé le retrait. Au lieu d'un cent pour cent. » L’astuce, ce n’est pas de ne pas être là et d’être cassé. L'astuce, c’est d'être là et de payer un prix minime.
À un moment donné, au milieu de la vidéo, Netanyahu demande au caméraman d’arrêter de filmer, mais il continue ...
Netanyahu dit ce qu'il pense vraiment pour la première fois : il se vante de la facilité avec laquelle on peut manipuler les États-Unis et il explique avec fierté comment il a saboté le processus d'Oslo.