lundi 19 juillet 2010

Ballet diplomatique au Caire

19/07/2010
Le président égyptien Hosni Moubarak a rencontré hier au Caire, le
 Premier ministre Benjamin Netanyahu . Photo AFP
Le président égyptien Hosni Moubarak a rencontré hier au Caire, le Premier ministre Benjamin Netanyahu . Photo AFP
Abbas, Netanyahu et Mitchell rencontrent Moubarak séparément ; pas de dialogue direct sans garanties écrites, avertit la Ligue arabe.
Les dirigeants palestinien Mahmoud Abbas et israélien Benjamin Netanyahu ont rencontré hier le président égyptien Hosni Moubarak afin d'évoquer la reprise de négociations directes, une perspective souhaitée par Washington mais pour laquelle les Arabes réclament des garanties. MM. Abbas, Moubarak et Netanyahu ont tous trois également discuté séparément ces dernières heures avec l'émissaire américain George Mitchell, qui mène les pourparlers indirects lancés en mai et souhaite arracher une reprise du dialogue direct, interrompu depuis l'offensive d'Israël à Gaza fin 2008.
Hier au Caire, aucune des parties n'a fait de commentaires après les entretiens distincts entre Hosni Moubarak d'une part, le président Abbas et le Premier ministre Netanyahu d'autre part. Selon l'agence MENA, M. Moubarak a affirmé la « nécessité de préparer les conditions adéquates pour la création de deux États ». Le chef de l'État égyptien avait au préalable reçu George Mitchell, qui s'était lui-même entretenu avec M. Netanyahu dans la matinée à Jérusalem. Avant de partir pour Le Caire, Benjamin Netanyahu avait indiqué qu'il discuterait « des moyens de pousser à des négociations de paix directes ». M. Abbas avait rencontré samedi soir le chef des renseignements égyptiens Omar Souleimane, en charge du dossier israélo-palestinien, et le chef de la Ligue arabe Amr Moussa, selon l'agence MENA.
Ce ballet diplomatique au Caire intervient au moment où Washington presse les Palestiniens d'accepter de passer des négociations indirectes, dites de « proximité », à des pourparlers directs avec l'État hébreu. Le président Barack Obama espère que le face-à-face israélo-palestinien pourra commencer avant le 26 septembre, date de la fin du moratoire partiel de la construction dans les colonies juives de Cisjordanie. Mais, frustrés par le peu d'avancée dans les pourparlers indirects, les Palestiniens sont peu enclins, pour le moment, à répondre favorablement.
Hier, le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, a souligné que des « garanties écrites » étaient préalablement requises. « J'ai eu le sentiment que le président palestinien était (en accord) avec les décisions du Conseil ministériel (de la Ligue arabe), selon lesquelles passer automatiquement de négociations de paix indirectes à directes n'était pas faisable », a notamment déclaré M. Moussa. Lors d'une rencontre samedi à Ramallah (Cisjordanie) avec George Mitchell, le président Abbas avait déjà réclamé des garanties sur les contentieux de la colonisation juive et de Jérusalem-Est. « Jusqu'à présent, il n'y a pas de clarifications dans la position américaine sur un certain nombre de problèmes, en particulier ceux qui permettraient de passer à des discussions sur un règlement final », a expliqué un dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Abed Rabbo. De son côté, M. Mitchell a qualifié son entretien avec M. Abbas de « très productif », sans autre précision.
Dans une interview publiée samedi par le quotidien jordanien indépendant al-Ghad, M. Abbas a affirmé qu'Israël « doit accepter que le territoire en question soit établi sur les frontières de 1967 (avant la guerre des Six-Jours) ». Il a également souligné que l'État hébreu « devait aussi agréer » la présence sur ce territoire d'une tierce partie. Il faisait référence à des ententes auxquelles les deux parties seraient parvenues lors du mandat de l'ex-Premier ministre israélien Ehud Olmert portant sur le déploiement d'une force internationale, telle que l'OTAN, dans le futur État palestinien, sans qu'aucun soldat israélien n'y soit stationné. Israël insiste pour garder le contrôle des frontières de l'État palestinien, invoquant des raisons de sécurité.