vendredi 7 mai 2010

La nouvelle tournée de Mitchell tourne à la farce, le scepticisme bat son plein

06/05/2010 
  "Israël" n'a pas caché son scepticisme quant à la visite de l'émissaire américain George Mitchell qui a rencontré mercredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en vue du lancement de pourparlers indirects entre Israéliens et Palestiniens.  
Sur le fond, des divergences fondamentales persistent sur les dossiers clefs: l'avenir des colonies juives, le droit au retour des réfugiés palestiniens, le statut de Jérusalem occupée, et le tracé des "frontières du futur Etat palestinien". 
La chaîne de télévision privée "10" a pour sa part estimé que la nouvelle tournée de Mitchell "tourne à la farce". "Le plus important pour Benjamin Netanyahu et Mahmoud Abbas ce n'est pas d'avancer, mais de s'accuser mutuellement du futur échec des discussions et surtout de ne pas apparaître comme le coupable aux yeux de l'administration américaine".  
Auparavant le vice-Premier ministre Dan Meridor, avait lui aussi assuré que les négociations indirectes, dites de "proximité", étaient d'ores et déjà vouées à l'échec.
"Elles ne mèneront à rien", a-t-il dit dans une interview publiée par le quotidien anglophone Jerusalem Post. 
"Certes, j'espère qu'elles aboutissent, mais je ne le pense pas. Chacun des camps va vouloir attirer les Américains sur son propre terrain, ce qui aura l'effet contraire et va en fait éloigner les parties", a ajouté le ministre chargé du dossier des Renseignements et du nucléaire.  
Pour le commentateur politique israélien Eitan Haber, "les négociations de proximité sont une perte d'argent et surtout de temps".    
De son côté, le général Yossi Baidatz, un responsable des renseignements militaires israéliens, a estimé que le président Abbas "préparait déjà le terrain de manière à blâmer "Israël" pour l'échec des discussions, si en effet elles échouent".   
Côté palestinien, l'humeur est aussi au pessimisme.  "S'agira-t-il d'une autre expérience ratée, ou les Américains offrent-ils des garanties réelles que les solutions seront trouvées sur toutes les questions de fond comme les frontières, Jérusalem, les réfugiés et les ressources d'eau", s'est interrogé l'ex-négociateur Ahmad Qorei, un dirigeant de l'OLP et ex-Premier ministre, dans un entretien au quotidien palestinien Al-Quds.    
La reprise du dialogue israélo-palestinien est attendue après une réunion du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) samedi à Ramallah qui doit entériner le processus.  
"La direction palestinienne se réunira samedi pour donner son dernier mot. Après, nous ferons savoir à M. Mitchell si nous sommes prêts à démarrer les négociations", a indiqué mercredi le président Abbas dans un communiqué après avoir consulté le roi Abdallah de Jordanie à Amman et le président égyptien Hosni Moubarak. 
Ces pourparlers indirects, qui prendront la forme de navettes de Mitchell entre Jérusalem, Ramallah et Washington, sont censés durer quatre mois. 
Or, à Washington, le porte-parole du département d'Etat Philip Crowley a qualifié l'entretien de "bon et productif", tout en indiquant que Mitchell espérait voir le début des discussions avant son départ dimanche de la région.