lundi 3 mai 2010

Israéliens et Palestiniens se préparent à de difficiles négociations

03/05/2010
Mahmoud Abbas était hier à Abou Dhabi où il a été reçu par le 
président émirati, cheikh Khalifa ben Zayed al-Nahyane.  Photo AFP
Mahmoud Abbas était hier à Abou Dhabi où il a été reçu par le président émirati, cheikh Khalifa ben Zayed al-Nahyane.  Photo AFP
Les discussions indirectes doivent durer quatre mois.
Israéliens et Palestiniens se préparent à la reprise de leurs difficiles négociations de paix, suspendues depuis la dernière guerre de Gaza fin 2008, mais au niveau de discussions indirectes seulement, tant est grande la défiance entre les deux camps.
« Nous étions d'emblée favorables à des discussions de paix sans préalables. L'objectif est de commencer dans les jours à venir, au plus tard la semaine prochaine », a déclaré hier le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon. « C'est un développement positif. Les Arabes aussi veulent sortir de l'impasse », a-t-il ajouté, au lendemain du feu vert de la Ligue arabe à ces pourparlers indirects, dits « de proximité », sous l'égide des États-Unis. « Les problèmes sont loin d'être réglés. Mais, du moins, les négociations vont commencer », s'est félicité le chef de l'État hébreu Shimon Peres.
Les négociations doivent durer quatre mois.
« Nous sommes prêts à coopérer avec les États-Unis pour que les négociations avancent. Nous n'avons pas de divergences avec l'administration américaine. Nous avons des divergences avec le gouvernement israélien », a souligné le président palestinien Mahmoud Abbas, actuellement à Abou Dhabi, dans une interview au quotidien palestinien al-Ayyam. « C'est un test pour la crédibilité de l'administration américaine et le sérieux d'Israël », a déclaré à l'AFP son porte-parole Nabil Abou Roudeina. M. Abbas effectue une tournée arabe qui le mènera demain en Arabie saoudite puis mercredi en Égypte. En outre, M. Abbas a annoncé qu'il sera reçu ce mois-ci à Washington par son homologue américain Barack Obama. Il a dit que M. Obama s'est engagé à ne tolérer « aucune mesure provocatrice d'où qu'elle vienne ». « Ils nous ont invités pour tenter de faire avancer le processus de paix », a ajouté M. Abbas, sans préciser la date de sa visite à Washington.
Le principal médiateur, l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell, est attendu dans la région « vers la fin de la semaine », selon Washington. M. Mitchell rencontrera le président Abbas vendredi à Ramallah (Cisjordanie), a précisé hier le négociateur palestinien Saëb Erakat. Le Comité exécutif de l'OLP se réunira le lendemain pour entériner la reprise des discussions.
En attendant, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se rend aujourd'hui en Égypte pour demander au président Hosni Moubarak de presser M. Abbas « d'aller de l'avant », selon une source officielle israélienne.
Selon le quotidien israélien Yediot Aharonot, les pourparlers indirects - sous forme de navettes de M. Mitchell entre Jérusalem, Ramallah et Washington - « devraient aboutir dans quelques semaines à des réunions triangulaires ». Ils porteraient sur les questions clefs comme le tracé des frontières, le statut de Jérusalem, la colonisation juive ou le droit au retour des réfugiés palestiniens, d'après les médias. Toutefois, peu d'analystes accordent la moindre chance à ces discussions. Israël se refuse catégoriquement à stopper la colonisation à Jérusalem-Est, dont l'annexion par Israël en 1967 n'est pas reconnue par la communauté internationale, un gel toujours exigé par les Palestiniens. La dernière tentative américaine de relancer le dialogue, en mars, a d'ailleurs échoué en raison de l'annonce d'un projet controversé de construire 1 600 nouveaux logements dans un quartier juif de Jérusalem-Est. Selon un responsable de la Ligue arabe, la garantie essentielle donnée par Washington aux Palestiniens pour qu'ils participent aux pourparlers indirects avec Israël est l'arrêt de ce projet. Le négociateur palestinien Saeb Erakat avait mis en garde samedi contre une relance du projet : « S'ils construisent un seul des 1 600 logements, nous n'irons pas aux pourparlers », avait-il averti.
Toutefois, plusieurs ministres israéliens ont répété hier que le gouvernement de droite de M. Netanyahu continuerait de bâtir à Jérusalem-Est, estimant que la menace de M. Erakat augurait mal des discussions à venir. « Sur le terrain, on n'empêchera pas la vie de continuer, car c'est une question de principe, voire de morale, qui est en jeu », a assuré M. Ayalon, un « faucon » du gouvernement, à propos de Jérusalem. Enfin, à Gaza, le Hamas a condamné la proposition de pourparlers. « Le Hamas rejette complètement toute négociation avec l'occupant », a déclaré le Hamas dans un communiqué.