mercredi 21 avril 2010

Pas de paix sans justice en Palestine, revenir aux droits fondamentaux

mardi 20 avril 2010 - 16h:37
Pierre Stambul
Il y a plus de 60 ans, 800000 Palestiniens ont été expulsés de leur propre pays au terme d’un « nettoyage ethnique » délibéré et organisé par les dirigeants et l’armée du nouvel État israélien.
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Des vérités simples
Il n’y aura pas de paix au Proche-Orient sans la reconnaissance de ce « crime fondateur » (sur le mode de la reconnaissance du caractère criminel de l’Apartheid pour sortir de la guerre en Afrique du Sud) et sans un examen sérieux des moyens de « réparer », ce qui passe entre autres par le droit au retour de tous les réfugiéEs et de leurs descendantEs. Il n’y aura pas de paix hors des droits fondamentaux : droit des peuples, égalité des droits politiques et économiques, refus de toutes les formes de discrimination, de domination, d’occupation, de colonialisme. Il n’y aura pas de paix dans le mensonge ou l’amnésie. Les responsables des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis contre les PalestinienNEs devront rendre compte de leurs actes et donc être jugés et punis.
Il n’y aura pas de paix dans la manipulation de l’histoire. Dans cette guerre, il y a un occupant et un occupé. Les victimes, ce sont les PalestinienNEs. Certes, le monde chrétien est responsable d’un crime majeur, l’antisémitisme, et un régime politique européen a commis « l’indicible » : le génocide nazi, l’extermination méthodique de la moitié des Juifs européens. Faire payer ce crime par le peuple palestinien est totalement insensé et scandaleux.
Dans la guerre du Proche-Orient, il n’y a aucune « symétrie » possible entre un camp et l’autre avec la mise en cause « des extrémistes des deux camps ». Le revenu moyen en Israël est 20 fois plus élevé qu’en Palestine. Depuis 60 ans, la Palestine est niée, occupée, humiliée, spoliée, massacrée, détruite en toute impunité. Aucune paix n’est possible sans la reconnaissance et la fin de cette situation.
Arrêter de faire fausse route
Toutes les tentatives pour faire la paix depuis des années n’ont pas échoué par hasard. Involontairement, la direction palestinienne en est un peu responsable. En 1988, elle a accepté de reconnaître l’Etat d’Israël sur 78% de la Palestine historique, ce qui était compréhensible à cette époque. Elle a voulu croire à Oslo que la « paix des braves » basée sur l’idée « la paix contre les territoires » était possible. C’était méconnaître totalement ce qu’est le sionisme.
Les instances internationales portent une lourde responsabilité. En 1947, l’ONU a voté un partage de la Palestine qui rendait les Palestiniens étrangers sur plus de la moitié de leur pays. L’ONU a voté la reconnaissance de l’Etat d’Israël le 15 mai 1948 alors que 375000 PalestinienNEs avaient déjà été expulséEs. Elle a accepté Israël alors que cet Etat naissant violait dès le départ une clause majeure des accords d’armistice : dès 1949, les biens et les terres des PalestinienNEs expulséEs étaient confisquéEs, les villages étaient rasés et le refus du retour des expulséEs et de leurs descendantEs devenait définitif.
Chaque fois que l’ONU ou une autre instance internationale a condamné Israël, aucune mesure n’a été entreprise pour imposer cette décision. Au contraire, la caution internationale apportée à des mesures comme le blocus de Gaza pour punir les PalestinienNEs d’avoir « mal » voté, a eu des conséquences tragiques. La caricature de l’attitude de l’ONU, c’est la FINUL au Liban.
À deux reprises, elle a laissé passer l’envahisseur israélien sans tirer un seul coup de feu. Elle ne s’en est pris ... qu’aux Libanais.
L’ONU a fait crédit à Israël de la Nakba (la catastrophe) de 1948. Par contre, elle n’a pas reconnu la conquête de 1967. Toute une partie du mouvement de solidarité s’est engouffrée dans cette distinction et joue la « légalité » en exigeant le retour d’Israël à ses frontières d’avant 1967 et la création d’un Etat Palestinien « aux côtés de l’Etat d’Israël avec Jérusalem Est comme capitale ». Bien sûr, si demain la paix était signée sur cette base, ce serait formidable. Mais c’est totalement irréaliste. Il serait temps d’examiner pourquoi cette stratégie qui était celle d’Oslo a définitivement échoué.
Parce que ceux qui la prônent sont incapables de comprendre ce qu’est le sionisme. Cette idéologie n’est pas seulement une forme particulière de nationalisme et de colonialisme. C’est aussi un messianisme perverti qui a créé une histoire et une identité mythique, qui a fabriqué un « homme nouveau » avec la théorie fumeuse du « peuple en exil qui a fait son retour ». Le sionisme ne s’est pas achevé en 1948 au contraire. Il est plus que jamais à l’œuvre et il ne laissera jamais la moindre place à l’identité palestinienne. Son modèle, ce sont l’Australie ou les Etats-Unis où les peuples indigènes ont été tellement marginalisés qu’ils ne sont plus en capacité de réclamer leurs droits.
Une partie du mouvement de solidarité fait aussi fausse route sur la question légalité/légitimité. La Naqba était totalement illégitime. La création d’un Etat Juif où celles et ceux qui peuvent se réclamer de cette identité jouissent de tous les droits face aux non juifs qui en sont privés est illégitime. Elle est à la base d’une véritable situation d’Apartheid vécue par les 20% de citoyenNEs israéliens qui ne sont pas juifs et qui vivent de graves discriminations (possession de la terre, logements, emploi, éducation ...). Israël est une démocratie pour les Juifs mais une dictature impitoyable pour les PalestinienNEs. Les institutions créées au début du XXe siècle (le KKL, l’Agence Juive, la Histadrouth...) pour aboutir à une société « ethniquement pure » sont illégitimes. Dire cela ne signifie évidemment pas « les Juifs à la mer » (d’autant que pour l’instant, ceux qui ont été jetés à la mer, ce sont les PalestinienNEs, en 1948). On joue sur les mots en agitant la peur sur le thème « vous voulez rayer Israël de la carte ? ». Qu’on trouve une solution à cette guerre sur la base d’un ou deux Etats, tous les citoyenNEs devront avoir les mêmes droits. Donc l’idée de préserver à tout prix le « caractère juif » de l’Etat d’Israël est totalement contreproductive.
Au contraire, il n’y aura pas de paix si la société israélienne ne devient pas une société « normale » et laïque, donc ayant dépassé le sionisme ou s’en étant débarrassé. Bref, « l’Etat Juif » est illégitime. La présence du peuple israélien au Proche-Orient n’est pas en cause. Mais elle ne sera possible à terme que sur la base d’une totale égalité des droits dans la région.
Sauver Palestiniens et Juifs du sionisme
Dans cette guerre comme dans d’autres, les manipulations de l’histoire, de la mémoire ou de l’identité jouent un rôle clé.
Pour faire court. La Palestine a toujours été peuplée dans l’Antiquité par des peuples divers avec des religions diverses : Hébreux bien sûr (qui sont un peuple autochtone) mais aussi Cananéens, Iduméens, Moabites, Philistins. Le récit biblique sur lequel les sionistes (dont les fondateurs étaient non-croyants) se sont basés pour justifier un projet colonial est largement mythique. Le « royaume unifié » de David et Salomon que les sionistes sont supposés avoir recréé n’a probablement jamais existé.
Comme l’explique Shlomo Sand, la théorie sioniste de l’exil et du retour est largement une fiction. C’est la religion juive qui s’est dispersée, pas le peuple. Les Juifs d’aujourd’hui sont majoritairement descendants de convertiEs et les descendantEs des Hébreux de l’Antiquité sont essentiellement ... les Palestiniennes.
Il n’y a pas de trace en pays musulman avant 1900 de persécutions antijuives comparables à ce que les Juifs ont subi dans le monde chrétien. Le christianisme a produit contre les Juifs les interdits divers (la possession de la terre, les interdits professionnels ...), les stéréotypes racistes, l’accusation de déicide, l’enfermement (juderias, ghettos ...), les pogroms. La sortie progressive des Juifs européens du ghetto à partir du XVIIIe siècle a transformé l’antijudaïsme chrétien en antisémitisme racial, les Juifs personnifiant l’obstacle au rêve nationaliste fou de construction d’Etats « ethniquement purs ».
Au départ, le sionisme est une réponse (minoritaire) à l’antisémitisme que subissent les Juifs européens, principalement dans l’empire russe où vivent la majorité des Juifs. Pour les sionistes, l’antisémitisme est inéluctable et les luttes pour la citoyenneté ou l’égalité des droits n’ont aucun sens. Selon eux, les Juifs ont été, sont, et seront toujours persécutés.
Les sionistes inventent une théorie de la séparation. Ils inventent aussi une théorie fantastique, celle de l’exil et du retour qui existait depuis longtemps dans le monde protestant. Chez ces « chrétiens sionistes » (par ailleurs antisémites) très puissants en particulier aux Etats-Unis, les Juifs doivent revenir en Terre Sainte pour éliminer le mal (= les Arabes) avant de se convertir sous peine de disparition. Les sionistes instrumentalisent le récit biblique pour conquérir la Palestine. À cette époque, le colonialisme est accepté par tous les courants idéologiques qui y voient un progrès de la civilisation. Dès le départ, le sionisme est totalement négationniste vis-à-vis du peuple autochtone, de son histoire, de son identité, de ses droits.
Un siècle plus tard, rien n’a changé. Les Palestiniens sont décrits comme des intrus et des envahisseurs. D’ailleurs, on ne parle pas des Palestiniens, mais des « arabes ». Pour les sionistes, les seuls propriétaires légitimes du pays sont les Juifs. La religion est instrumentalisée pour imposer ce discours.
Le colonialisme sioniste recevra une aide significative de la plupart des dirigeants européens. Ceux-ci y voient plusieurs profits. D’abord celui de se débarrasser des Juifs européens qui sont considérés à l’époque comme inassimilables. Curieusement, dès qu’ils arrivent en Palestine, ces Juifs redeviennent « des Européens » qui vont installer un morceau d’Europe au Proche-Orient. Balfour était représentatif de cette conception, à la fois colonialiste et antisémite.
Le sionisme est un nationalisme curieux qui a inventé la notion de « peuple juif », voire de race juive, là où il y avait une communauté de destin liée à la religion parmi des populations d’origines et de cultures très diverses. C’est un colonialisme très particulier puisqu’il ne vise pas à asservir ou à exploiter le peuple indigène, mais à l’expulser (la fameuse théorie du « transfert ») et à le remplacer.
Ainsi le syndicat Histadrouth ne défend pas les travailleurs mais le « travail juif », c’est dans ses statuts. Cela explique qu’il ait brisé la grève générale palestinienne de 1936 ou qu’il ait escroqué les centaines de milliers de travailleurs palestiniens employés en Israël avant l’Intifada et jamais indemnisés de leurs cotisations sociales.
Le sionisme est un messianisme perverti. Il a fabriqué le projet fou de regrouper tous les Juifs en Israël, ce qui ne laisse aucune place pour les Palestiniens. Il a contribué de façon décisive à déraciner les Juifs du monde arabe de leurs pays où ils n’avaient pas subi de persécutions. Il n’y a pas de « sionisme de gauche », même si la plupart des premiers sionistes se disaient socialistes. Depuis 80 ans, la droite sioniste affiche ouvertement ses « valeurs » : « transférer » les Palestiniens, coloniser tout le pays entre Méditerranée et Jourdain. La « gauche » sioniste ne fait rien d’autre : elle a conçu et réalisé l’expulsion de 1948, la guerre impérialiste de 1956 ou la colonisation à partir de 1967.
La parenthèse de Rabin n’en était pas vraiment une, puisque, entre la signature des accords d’Oslo et son assassinat, Rabin a installé 60000 nouveaux colons. Des travaillistes comme Ben Eliezer, Peretz ou Barak portent une responsabilité décisive dans la construction du mur, la guerre contre le Liban et le massacre de Gaza. Résultat, les valeurs morales se sont écroulées en Israël et une nette majorité de la population approuve la colonisation et réclame même que les PalestinienNEs d’Israël soient privéEs du droit de vote.
Le sionisme est une réponse fausse à l’antisémitisme. Comme les antisémites, les sionistes pensent que le mélange et le « vivre ensemble » sont impossibles. Il n’y a pas de « culpabilité » de l’Occident sur la question du génocide nazi. Il y a eu consensus en 1945 pour dire que la « question juive était finie puisque les Juifs avaient leur pays ». L’Occident s’est débarrassé de son crime sur le dos du peuple palestinien en envoyant les rescapés, y compris ceux qui préféraient aller ailleurs, en Israël. Du coup cet Etat s’est transformé en tête de pont de l’impérialisme dans la région où il multiplie les crimes de guerre.
60% des Juifs du monde entier ne vivent pas en Israël. Ils sont sommés d’être des complices d’un Etat criminel. Faute de quoi ils sont dénoncés comme « Juifs traîtres ayant la haine de soi ». Le sionisme n’est pas seulement criminel pour la Palestine. Il est une impasse suicidaire pour les Israéliens et pour les Juifs. Personne ne peut penser que cette politique de massacres périodiques et de négationnisme vis-à-vis de la Palestine pourra se prolonger indéfiniment et impunément.
Sionisme et antisémitisme sont complémentaires et se nourrissent l’un l’autre. Ils partagent des valeurs communes, en particulier le racisme et le refus du « vivre ensemble ». Le « complexe de Massada », l’idée que toute alternative à la politique actuelle signifie « Les Juifs à la mer » est le moteur qui fait fonctionner la société israélienne.
Pendant longtemps, les figures dominantes du judaïsme sous toutes ses formes évoquaient l’émancipation et l’universalisme. C’étaient Rosa Luxembourg, Albert Einstein, Hannah Arendt, Sigmund Freud, Marek Edelman ou des anticolonialistes comme Abraham Serfaty et Henri Curiel.
Le sionisme a fonctionné comme un effaceur de cette histoire. Les dirigeants d’Israël sont aujourd’hui des brutes épaisses comme Lieberman ou Nétanyahou. Sans oublier qu’un ancien premier ministre, Shamir, a été un collabo qui fit assassiner des soldats britanniques jusqu’en 1943.
Ce renversement de l’histoire récente du judaïsme aboutit à une monstruosité : des antisémites américains financent aujourd’hui la colonisation et Israël est à l’avant-garde de la « guerre du bien contre le mal ». Le sionisme s’est emparé de façon éhontée de la mémoire du génocide. Il est temps que le travail de recherche sur l’histoire, la mémoire et les identités juives ou sur l’histoire palestinienne soit diffusé et rendu accessible à touTEs pour sortir les Israéliens de leur névrose collective et de leur fuite en avant coloniale.
Illusions et responsabilités
En 1982, des centaines de milliers d’Israéliens avaient manifesté pour protester contre la tuerie de Sabra et Chatila. Cette période est terminée. Il n’y a plus l’espoir qu’ait lieu une « rupture du front intérieur » en Israël sans une très forte pression de l’extérieur. Cette société ne souffre pas de la crise et est trop minée par le racisme, la violence et le complexe de Massada.
Les intellectuels qui parlent pour cet ancien courant pacifiste (« La Paix Maintenant ») ont approuvé sans état d’âme les guerres contre le Liban et Gaza. Il est illusoire de placer ses espoirs dans un compromis avec une « gauche sioniste » à visage humain. Il est vain d’espérer un remake du processus d’Oslo qui préserverait les institutions d’un Etat d’Israël, celui-ci acceptant de se retirer sur les frontières d’avant 1967. Les forces qui obligeraient les 500000 Israéliens établis en Cisjordanie ou à Jérusalem Est de partir ou d’accepter la citoyenneté palestinienne n’existent pas.
Faut-il placer ses espoirs dans Obama ? Pour des raisons géostratégiques évidentes, il n’y aura pas de rupture de l’alliance avec les Etats-Unis. Bien sûr Nétanyahou et Obama se détestent et chacun souhaite que l’autre soit remplacé au plus vite. Nétanyahou adopte la position qui a toujours été celle du mouvement sioniste : préserver et consolider le fait accompli et attendre tranquillement. Obama a les moyens d’interdire une guerre contre l’Iran mais pas ceux qui pousseraient les Israéliens à un retrait.
Pour imposer ce retrait, il faudrait sanctionner politiquement, économiquement et militairement Israël. Il n’existe aucune force aux Etats-Unis décidée sur cette stratégie. En tant que citoyens européens soutenant les droits du peuple palestinien, nous n’avons pas à choisir qui sont les bons ou les mauvais Palestiniens, mais nous pouvons dire à nos amis palestiniens qu’il n’y a aucun espoir dans une « Pax Americana » qui ne leur offrira au mieux que quelques bantoustans appelés Etat Palestinien.
Fondamentalement, l’Occident n’a pas besoin d’un Israël en paix avec la Palestine et avec ses voisins. Le pays tel qu’il est, forteresse avancée de l’Occident dépensant 75% de son PIB dans tout ce qui concerne l’armée, la « sécurité », l’espionnage ... et garantissant la mainmise sur les richesses de la région, convient tout à fait aux dirigeants occidentaux.
Une partie du mouvement de solidarité avec la Palestine se trompe, je n’ai pas peur des mots. Elle atténue terriblement la critique sur la nature de l’Etat d’Israël en oubliant qu’au départ la Nakba est totalement illégitime. Elle a tendance à reprendre la diabolisation du Hamas ou du Hezbollah. Elle a peur d’utiliser les mots « colonialisme », « apartheid » pour caractériser l’occupation et les discriminations. Comme si ce que l’Etat d’Israël inflige à la Palestine n’était pas aussi grave que ce que l’ancienne Afrique du Sud a fait. Elle s’abrite derrière la légalité internationale pour ne plus exiger l’égalité des droits.
Elle reprend certaines terminologies de l’occupant sur les droits, la légitimité ou la sécurité d’Israël. Elle voudrait nier la nécessité du boycott ou le limiter aux produits des territoires occupés (ce qui est techniquement impossible), comme si l’Etat israélien était innocent de l’occupation.
Elle reste fondamentalement nostalgique du processus d’Oslo et voudrait le ressusciter. Le slogan « deux peuples deux États » est devenu un slogan creux qui enferme un prétendu « processus de paix » dans les interminables discussions sur la sécurité de l’occupant et qui nie la réalité : il n’y a plus de frontière, l’annexion de la Palestine n’est plus rampante, c’est un rouleau compresseur accumulant jour après jour les faits accomplis.
Et puis une Palestine réduite à 22% de la Palestine historique quand il y a 50% de Palestiniens entre Méditerranée et Jourdain, c’est peut-être une issue possible, mais ça n’a rien à voir avec l’égalité des droits ou avec une paix juste.
Le BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) est aujourd’hui la principale arme qui nous reste pour mettre fin à la destruction de la Palestine. Les Palestiniens ont tout essayé : la lutte armée, la négociation, la résistance non violente.
Ce sont les ONG, les associations, les syndicats et de façon générale la société civile qui permettent aujourd’hui au peuple palestinien de survivre malgré la division voulue et obtenue par l’occupant. L’appel au BDS initié par la société civile palestinienne est aujourd’hui repris partout dans le monde et il a obtenu des succès non négligeables.
Des syndicats l’ont repris, des multinationales comme Véolia ou Dexia ont dû se retirer des territoires occupés et même deux pays (Venezuela et Bolivie) ont rompu les relations diplomatiques avec Israël pendant le massacre de Gaza.
Face à la lâcheté ou à la complicité de la « communauté internationale » et de nombreux dirigeants arabes (comme Moubarak), le BDS est notre arme.
Personnellement, je suis pour toutes les formes de BDS, boycott politique, économique, commercial, sportif, scientifique, culturel. Bien sûr, le BDS ne ruinera pas l’économie israélienne qui est florissante (+105% pour la Bourse de Tel-Aviv qui flambe depuis le massacre de Gaza).
Notre BDS ne touchera pas les ventes de drones, la collaboration informatique ou la fabrication de « villes sécurisées ». Mais il faut comprendre qu’Israël a une économie mondialisée, que 15% de sa population vit à l’étranger et que nous avons les moyens de provoquer de très sérieuses fêlures dans « l’image » d’Israël, prélude à son isolement.
Nous pouvons faire en sorte que les Israéliens qui voyagent ou ici, les politiciens qui soutiennent Israël, soient interpellés en permanence.
Nous devons soutenir toutes les initiatives juridiques. Le tribunal Russell bien sûr même s’il n’est que symbolique. Il contribue à révéler à l’opinion le vrai visage d’un Etat qui se dit démocratique et dont les dirigeants ont commis, comme le juge Goldstone l’a établi, de nombreux crimes.
Même si on peut avoir les pires doutes sur les instances internationales, il faudra bien que la Cour Pénale Internationale inculpe et poursuive les dirigeants politiques et militaires israéliens. Au nom de quoi cette justice internationale qui poursuit les crimes de guerre en Bosnie, au Rwanda ou au Congo se désintéresserait-elle des massacres commis à Gaza ?
Face à la lâcheté ou à la complicité des Etats, ce sont les sociétés civiles, là-bas comme ici, qui peuvent débloquer la situation et remettre au premier plan les vraies questions : une paix fondée sur l’égalité des droits, le refus du colonialisme.
Poser la question du sionisme n’est pas une coquetterie ou un luxe. Il n’y a pas d’espoir de paix juste ou de rupture du front intérieur en Israël tant que cette idéologie sera à l’oeuvre.
Cet article n’engage que son auteur.
18 avril 2010 - Source :
http://www.ujfp.org/modules/news/ar...