mercredi 21 avril 2010

Naplouse, Hébron : MSF Témoigne

Publié le 20-04-201
Harcèlement constant des colons et police de l’Autorité Palestienne : de nouvelles formes de violence à l’encontre des Palestiniens de Cisjordanie. Une vie intenable, témoigne MSF
Territoires palestiniens - Naplouse : une nouvelle forme de violence
Après la seconde Intifada de septembre 2000, Naplouse, l’une des villes les plus peuplées de Cisjordanie, s’est retrouvée isolée, enfermée sur elle-même. Aujourd’hui, une nouvelle forme de tension s’exerce : la cohabitation forcée avec des colonies israéliennes - de plus en plus nombreuses et de plus en plus proches. Un problème qui s’est récemment intensifié et qui occasionne de nouvelles souffrances psychologiques auxquelles MSF répond.
Naplouse - Juillet 2009 : carcasse de taxi palestinien à quelques pas du mur d’enceinte d’une colonie israélienne.
Il ya quelques années, de nombreux barrages militaires entouraient la ville de Naplouse, empêchant ses habitants de circuler librement. Depuis la mi-2009, des droits d’entrée et de sortie plus fluides aux barrages militaires ont permis aux Palestiniens de circuler plus librement ; grandes villes, villages et centres économiques sont désormais plus accessibles, ce qui facilite le commerce et la consommation.
Désormais, c’est à l’Autorité Palestinienne (AP) d’assurer le maintien de l’ordre, un rôle tenu auparavant par l’armée israélienne. Ce sont les nouvelles forces de sécurité de l’AP qui se chargent d’arrêter et d’interroger la plupart des personnes suspectées de mener des activités contre Israël ou contre le parti palestinien au pouvoir en Cisjordanie.
Mais une nouvelle forme de tension s’exerce et s’intensifie : la cohabitation forcée avec des colonies israéliennes - de plus en plus nombreuses et de plus en plus proches - source de nouvelles souffrances psychologiques.
La violence change de visage. S’il y a aujourd’hui, à Naplouse, moins d’incursions de l’armée israélienne (dans les localités et camps palestiniens de la zone) et moins de morts liés au conflit israélo-palestinien, les tensions n’ont pas pour autant disparu.
En effet, les colonies continuent, elles, une expansion, justifiée par leur « croissance naturelle ». On compterait 300 000 colons au total en Cisjordanie, dont une dizaine de colonies rien que sur la zone de Naplouse. Protégés par l’armée israélienne, les plus radicaux des colons intensifient leur harcèlement sur les habitants de la ville et des villages alentours. Agissant en toute impunité, ils imposent la violence comme étant le « prix à payer », par les Palestiniens, pour toute décision du gouvernement israélien qui tendrait à ralentir le développement des colonies en Cisjordanie.
De nouvelles souffrances psychologiques émergent. Depuis quelques mois, au cours de leurs consultations, nos équipes constatent que la souffrance psychologique de certains de nos patients a une nouvelle origine. Ces derniers, essentiellement des femmes et des enfants, vivent à proximité de colonies fortement idéologisées, souffrent de troubles psychologiques graves liés aux exactions répétées des colons (intimidations, jets de pierres, tirs sur les maisons, destructions des champs et plantations, incendies des mosquées etc.)
A Hébron
A Hébron, la section espagnole de MSF vient également en aide aux victimes de harcèlement par les colons. Un phénomène qui n’est pas récent : depuis 1967, un nombre important de colonies se sont en effet établies au cœur de la ville (dans une zone connue sous le nom de « H2 » où 800 colons israéliens vivent parmi 40 000 Palestiniens et où le maintien de l’ordre dépend de l’armée israélienne). De nouvelles habitations ont été construites, au détriment des Palestiniens, obligés de quitter leurs maisons. Une situation qui vaut aussi pour d’autres zones plus rurales du district.
Harcelés par les colons et par les soldats israéliens, nos patients en subissent les conséquences psychologiques. A l’image de M, de F et de leurs trois enfants. En 2008 et 2009, MSF leur a apporté une assistance psychologique, médicale et sociale étalée sur plusieurs mois. En mars 2008, ils ont été expulsés par l’armée israélienne ; jusqu’à ce qu’une décision de justice les autorise à revenir chez eux. Depuis, ils subissent le harcèlement constant de la part des colons vivant dans les immeubles adjacents.
Isabelle Merny / MSF
CAPJPO-EuroPalestine