mercredi 17 mars 2010

Au diable l’unité nationale si elle implique de capituler devant Israël

Palestine - 16-03-2010
Par Khaled Amayreh 
Il est évident que la grande majorité des Palestiniens aimeraient voir le Fatah et le Hamas régler leurs différends. Il va sans dire que la scission violente entre les deux groupes a infligé d’immenses dommages à la cause palestinienne et induit Israël à mener quelques-unes des agressions les plus provocantes contre notre peuple.
Néanmoins, restaurer l’unité nationale à n’importe quel prix serait une faute stratégique. Dans la vie réelle, l’amputation d’un membre désespérément incurable est nécessaire pour sauver le reste du corps. De même que lorsqu’une partie d’une pomme est pourrie, soit on en retire la partie abimée, soit on jette la pomme toute entière.














Les hommes d'Abbas en train de faire le sale boulot de l'occupant.
En Palestine occupée, des élections furent organisées en 2006, sur l’insistance des Etats-Unis, et en coordination avec la puissance occupante, Israël. Cependant, quand les nationalistes islamiques palestiniens, à savoir le Hamas, eurent remporté les élections, toutes les portes de l’enfer se sont grand ouvertes à Washington D.C. et dans les capitales européennes. L’onde de choc a même touché les capitales des tyrans arabes marionnettes des US(a) qui ont considéré que la victoire du Hamas était un facteur de déstabilisation susceptible de séduire les masses arabes opprimées et de les pousser à se lever pour la liberté et la démocratie.
Très vite, un blocus hermétique financier, économique et même humain a été imposé à Gaza, qui est finalement devenue la plus grande prison du monde, une sorte de ghetto de Varsovie de notre époque, tout ça parce que le peuple palestinien avait osé élire un parti politique qu’Israël, les Etats-Unis et les tyrans arabes n’aimaient pas.
Les réactions spasmodiques, en particulier des Etats-Unis et de leurs alliés occidentaux, ont montré que l’engagement de l’Ouest sur la question de la démocratie était en grande partie fallacieux et dépendait principalement de la mesure à laquelle le résultat d’un processus démocratique était compatible avec les intérêts globaux de l’Amérique.
En d’autres termes, les Etats-Unis et leurs alliés auraient accueilli la démocratie à bras ouvert si les « bonnes personnes », c’est-à-dire le Fatah, avaient été portées au pouvoir. Toutefois, lorsque les « mauvaises personnes », c’est-à-dire le Hamas, gagnent, alors le processus démocratique, peu importe son équité, sa liberté et sa transparence, est carrément rejeté.
La scandaleuse conduite américaine, qui continue sous l’administration Obama, a souligné le fait que des pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, utilisaient la démocratie et les droits de l’homme de façon sélective pour conforter leurs « alliés » et nuire à leurs « ennemis. »
Ce qui nous ramène à la Palestine, où les Etats-Unis ont dépensé des milliards de dollars pour empêcher la réconciliation. D’abord les US(a) ont persuadé et enhardi le tristement célèbre Muhammad Dahlan et ses sbires à mener un coup d’Etat à Gaza contre le gouvernement démocratiquement élu, forçant ce dernier à lancer une action préemptive qui a fait avorter le complot imaginé par les Américains.
Les Américains n’ont pas abandonné, et le Général Keith Dayton s’est échiné, plutôt avec succès, à créer une police d’Etat sans Etat en Cisjordanie, une entité dont l’objectif principal est d’éradiquer le Hamas au nom d’Israël. Pour sa part, l’autorité palestinienne a fait tout ce qu’elle pouvait pour plaire à Dayton et à ses maîtres israéliens, souvent en torturant et en assassinant les opposants politiques islamiques au point que certains détenus ont dit préférer languir dans les geôles israéliennes plutôt que dans celles gérées par les voyous de Dayton.
La sauvagerie de l’Autorité palestinienne fut motivée par divers facteurs, dont des pulsions primitives de vengeance. Une moralité basse et une primitivité culturelle ont aussi contribué aux graves abus infligés à des milliers de personnes emprisonnées ou convoquées pour interrogatoire.
Cependant, le moteur principal derrière l’inquisition dirigée par le Fatah contre le Hamas en Cisjordanie a toujours été d’obtenir un certificat de bonne conduite d’Israël. C’est la raison pour laquelle le gouvernement de l’AP s’est toujours enorgueilli d’être publiquement félicité par les officiers de l’armée israélienne au sujet de la « coordination sécuritaire » entre les deux bords. Eh bien, pour ceux qui ne le savent pas, la coordination sécuritaire, dans le contexte palestino-israélien, n’est rien moins qu’une « apostasie nationale. » C’est un processus par lequel le soi-disant gouvernement « national » palestinien est transformé, de son plein gré, en un ‘judenrat’ (1) palestinien, préservé par des milliers de kapos armés par les Etats-Unis dont le boulot principal est de supplicier et « pacifier » leur peuple pour le compte d’Israël.
L’Autorité palestinienne, la fille légitime de l’OLP, a fait tout son possible pour apaiser et plaire à Israël, dans l’espoir que ce dernier finirait par la récompenser avec quelques réalisations politiques. Israël cependant, qui considérait l’AP comme un groupe de collaborateurs, d’informateurs et de fonctionnaires carriéristes minables, a compris que l’AP méritait le mépris, et rien d’autre que du mépris.
Choquée et déçue, l’AP a commencé à se conduire comme une putain pendant le mois de Ramadan, comme dit le proverbe palestinien. Elle s’est mise à accuser le Hamas de l’échec du « processus de paix », comme si ce processus à la mauvaise réputation aurait pu réussir même si le Hamas avait été complètement inexistant.
Comme la partie pourrie de la pomme du proverbe, l’AP veut que le Hamas soit témoin de la liquidation de la cause palestinienne sous la rubrique de la réconciliation nationale.
Eh bien, au diable la réconciliation nationale si le prix à payer est de succomber aux diktats israéliens. Les Palestiniens ont convenu d’une série de lignes rouges pour ce qui concerne un éventuel accord de paix avec l’entité sio-nazie, connue sous le nom de « constantes nationales. » Alors, pourquoi le Fatah est-il de fait en train de renier ces constantes ?
Si le Fatah veut continuer à glisser sur la pente qui mène à la liquidation de la cause palestinienne, alors qu’il y aille seul. Le Hamas et les autres factions palestiniennes réellement patriotiques ne se joindront pas au chœur des bénéficiaires d’Oslo.
Ce qui ne veut pas dire pourtant que le Hamas n’est pas intéressé à réduire, et même combler, le fossé avec le Fatah.
Cependant, la restauration de la réconciliation nationale ne peut se réaliser que sur la base de la fermeté en face de l’insolence et de l’arrogance israéliennes, pas sur la base d’un agrément d’Oslo périmé et enterré depuis longtemps, quelque utilité présumée il ait pu avoir.
Enfin, si le Fatah cherche vraiment la réconciliation nationale, il doit d’abord cesser d’être à la botte de Keith Dayton et mettre immédiatement fin à la campagne vicieuse de chasse aux sorcières contre les partisans du Hamas en Cisjordanie.
Mais il est évident que les mesures dures, et même draconiennes, prises contre les activistes islamiques suggèrent que la réconciliation avec le Hamas et le dernier point de l’ordre du jour du Fatah.
En bref, la balle est dans le camp du Fatah. Elle y a toujours été.

(1) Les Judenrats (conseil juif en allemand), étaient des corps administratifs formés dans les ghettos juifs, sous l'ordre des autorités nazies. (Wikipédia)
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13585&type=analyse&lesujet=Collabos