samedi 23 janvier 2010

Un, deux ou trois Etats ?

publié le vendredi 22 janvier 2010
Radwan Ziyada

 
Il ne serait pas exagéré de dire que la cause palestinienne et son avenir se trouve à un point crucial de son histoire.
Et il ne semble pas que l’élite palestinienne au pouvoir, que ce soit le Hamas, le Fatah ou les autres factions, se pose une question importante : Pourquoi la cause palestinienne bénéficie-t-elle aujourd’hui d’un soutien croissant de la part de la société civile et académique en Occident, et plus particulièrement aux Etats-Unis et en Europe, alors que sur ses propres territoires, elle connaît un recul flagrant comme la guerre civile entre le Hamas et le Fatah, engendrant de nombreuses victimes et une dissidence politique ?
On peut dire que le point de vue américain et européen reconnaît l’existence d’un Etat palestinien capable de coexister aux cotés d’Israël, ce qui signifie l’acceptation de la solution des 2 Etats. Et bien que le président Bush soit le premier président américain à avoir annoncé ouvertement la nécessité d’instaurer l’Etat palestinien, le président Obama, depuis le premier jour de son mandat, a promis d’œuvrer pour l’instauration de la paix au Proche-Orient et de faire du projet de l’Etat palestinien une réalité. C’est ainsi qu’il a immédiatement nommé Georges Mitchell pour prouver qu’il tenait ses promesses faites pendant sa campagne électorale. Et comme prévu, l’administration Obama a déployé plus d’efforts afin de gérer le conflit et atténuer la violence, dans l’espoir d’instaurer la paix dans l’avenir. Mais l’administration d’Obama s’est trouvée confrontée à un gouvernement israélien de droite, celui de Netanyahu. Un fait qui a constitué un très mauvais signe, en particulier avec la nomination de Lieberman au poste de ministre des Affaires étrangères. Le gouvernement de Netanyahu a alors refusé de reconnaître la solution des 2 Etats et les tendances de l’administration américaine en ce qui concerne la suspension de la colonisation pour s’engager dans les négociations du statut final. C’est alors que le côté israélien ainsi que nombreux analystes de droite aux Etats-Unis ont commencé à parler de l’impossibilité d’appliquer sur le terrain la solution des 2 Etats en raison de l’effritement de l’Etat hébreu alors que certaines colonies occupent de nombreuses régions en Cisjordanie. Or, même si l’administration américaine néglige ces voix et pratique davantage de pressions sur Israël pour qu’il accepte la solution des 2 Etats, cette solution semble-t-elle réaliste et applicable sur le terrain palestinien, alors même que le conflit entre le Hamas et le Fatah n’a pas encore pris fin ? La mission de Mitchell est difficile, voire impossible, en raison de nombreux obstacles internes difficiles à éliminer. Et comme il est connu dans les méthodes de règlement des litiges dans les relations internationales, le premier et le plus important pas pour parvenir à un règlement, c’est que les parties en litige annoncent leur aptitude et leur volonté de parvenir à une solution. C’est pour cela qu’aux Etats-Unis, l’on commence à parler de la solution des 3 Etats, c’est-à-dire Israël, un Etat palestinien en Cisjordanie et un troisième sous la direction de Hamas à Gaza.
Allons-nous parcourir avec Obama les 4 années de son mandat comme nous l’avons déjà fait avec les précédentes administrations américaines ? Je crains que la réponse soit positive, surtout en l’absence totale de signe du côté israélien annonçant sa volonté de parvenir à la paix et avec l’échec des négociations autour du gouvernement d’union nationale entre le Hamas et le Fatah. Nous devons donc penser à un moyen de réaliser un progrès en faisant d’un côté pression sur Israël, en comptant sur une politique américano-européenne qui mettrait le côté israélien face à un défi réel qui est l’acceptation d’un Etat palestinien. Et, en même temps, convaincre les parties palestiniennes que personne ne peut les aider à créer leur propre Etat s’ils ne s’aident pas eux-mêmes à régler les conflits internes qui ne peuvent en aucun cas servir la cause palestinienne. Nous pouvons dire que les horizons de la paix palestino-israélienne dépendent d’un climat international régional.
En effet, la réalisation d’un climat de paix basé sur des efforts américains en particulier, puis des efforts européens et arabes. La question est compliquée : les Palestiniens doivent convaincre les Etats-Unis de leur volonté d’instaurer la paix et convaincre Israël que cette paix est dans son intérêt.
Les 2 côtés, palestinien et israélien, se sont engagés dans des négociations difficiles pendant plus de 10 ans, en particulier durant le mandat du président Clinton. Et il est erroné de dire qu’elles n’ont abouti à rien. Il est vrai qu’un accord final de paix n’a pas encore été conclu, mais ces négociations ont posé les grandes lignes de l’accord et ont, en même temps, réglé de nombreux détails. Désormais, la situation est claire pour les 2 côtés et il reste à chacun de prendre la décision politique d’accepter les réclamations de l’autre afin de parvenir à la signature finale de l’accord de paix. Il est surtout question de faire pression sur Israël pour qu’il réagisse au refus palestinien de la politique du fait accompli qui consiste surtout à modifier la réalité géographique et démographique à Gaza et en Cisjordanie l
Radwan Ziyada est un écrivain syrien
publié par al Ahram hebdo en français