samedi 23 janvier 2010

La high-tech israélienne s’exporte jusqu’en Iran

publié le jeudi 21 janvier 2010
Benjamin Barthe

 
En Israël, comme ailleurs, l’argent n’a pas d’odeur. Une entreprise d’high-tech implantée en banlieue de Tel-Aviv affirme avoir conclu un contrat de fourniture informatique de 1 million de dollars (environ 670 000 euros) avec la chambre de commerce de Téhéran. Alors que la communauté internationale étudie un renforcement des sanctions économiques à l’encontre du régime iranien, la bête noire de l’Etat juif, soupçonnée de chercher à se doter de l’arme nucléaire, la société DaroNet assure avoir écoulé en Iran plus de 70 licences de son produit phare, un logiciel de gestion de site Internet.
Cette transaction, véritable pied de nez à l’air du temps, aurait été signée auprès d’un mystérieux intermédiaire néerlandais. "Nous avons compris qu’il s’agissait de l’Iran lorsque l’on nous a demandé de traduire en farsi notre système de gestion de contenu", a déclaré, sur les ondes de la radio publique israélienne, Yaacov Harpaz, le PDG de DaroNet. "Beaucoup d’Israéliens font des affaires en Iran, a renchéri Yéoshua Meiri, le porte-parole de l’entreprise. Des tomates cerises à la high-tech, cela représente un marché de 250 millions de dollars."
Téhéran dément
La chambre de commerce de Téhéran a immédiatement rejeté ces déclarations, les qualifiant de simples "rumeurs", propagées par "les ennemis de la République islamique". Dans l’Iran du président Mahmoud Ahmadinejad, on ne badine pas avec "l’entité sioniste". Au début du mois, un responsable de la Fédération iranienne de football a été limogé pour avoir inclus par erreur la Fédération israélienne dans les destinataires d’une carte de voeux de Nouvel An. En 2009, l’information selon laquelle des oranges étiquetées "Israël" étaient parvenues sur les étals de Téhéran avait obligé les autorités locales à diligenter une enquête officielle.
Le tabou n’est pas moins fort en Israël, qui prohibe tout commerce avec le chef de file de "l’axe du Mal". En 1998, le millionnaire Nahum Manbar avait été condamné à seize années de prison pour avoir vendu à l’armée iranienne des éléments entrant dans la composition du gaz moutarde.
"Ce chiffre de 250 millions me semble farfelu, dit Dan Catarivas, le chef du développement international au sein du syndicat des patrons israéliens. Je doute qu’il y ait un commerce indirect avec l’Iran." En revanche, Daniel Rouach, le rédacteur en chef du site d’information économique israélien Israel Valley, n’est pas surpris par l’affaire DaroNet. Selon lui, des ingénieurs israéliens possédant une seconde nationalité ont déjà travaillé sur des chantiers d’infrastructures en Iran, en laissant leur passeport israélien à la frontière. "Les Israéliens ont appris à contourner les consignes de boycott, dit-il. Quand un produit est bon, il sait traverser les frontières."
publié par le Monde
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