samedi 23 janvier 2010

En France, Hariri exprime pour la première fois ses craintes d’une éventuelle offensive israélienne…

Par Émile Khoury | 23/01/2010
Les Libanais demeurent otages de leurs craintes, que ce soit à cause des menaces israéliennes directes sur leur pays ou de craintes d'une éventuelle guerre que l'État hébreu serait prêt à lancer contre l'Iran via le Liban. Jusqu'à quand les Libanais vont-ils rester otages de l'inconnu et de l'instabilité ? Le Premier ministre Saad Hariri a, dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde, exprimé son inquiétude quant à une éventuelle « opération israélienne contre le Liban », relevant les « survols répétés des avions de chasse israéliens de l'espace aérien libanais ces derniers temps ». M. Hariri a aussi estimé qu'Israël est « capable de prétexter n'importe quoi, il n'a même pas besoin de prétextes et ne fait d'ailleurs pas grand-chose pour faire avancer le processus de paix », avant de s'interroger : « Israël pense-t-il qu'en attaquant le sud du pays ou la banlieue sud de la capitale, il n'est pas en train d'attaquer le Liban dans son ensemble ? » C'est la première fois que le Premier ministre exprime de telles craintes.
De plus, lorsqu'il a visité les États-Unis et la Turquie, des informations lui sont parvenues le mettant en garde contre une éventuelle attaque israélienne contre le Liban. La question que se posent toutefois aujourd'hui les Libanais est la suivante : pourquoi le Liban est-il constamment dans la ligne de mire d'Israël, est-ce parce qu'il est le maillon le plus faible et que le fait de l'attaquer n'est pas de nature à déclencher une guerre dans la région ? Alors que si un autre pays était visé, une guerre aurait effectivement lieu ? Pour rappel, Israël a envahi le Liban en 1982 jusqu'à Beyrouth et a détruit le pays sans pour autant atteindre son objectif premier qui consistait à venir à bout de l'OLP. En 2006, elle a prétexté l'enlèvement par le Hezbollah de deux soldats israéliens pour déclencher une offensive tendant à venir à bout de l'infrastructure du Hezbollah, alors qu'en réalité la guerre a beaucoup plus visé le Liban que le Hezbollah lui-même.

Aujourd'hui, Israël brandit comme prétexte le réarmement du Hezb par le biais des frontières syriennes, et au lieu de menacer directement l'origine des armes - la Syrie -, il continue de menacer un Liban faible, exactement comme il le faisait en juillet 2006, vu qu'à l'époque il ne bombardait pas les camions transportant des armes alors que ceux-ci passaient la frontière syro-libanaise. Cela ne veut-il pas dire que ce qui importe en premier lieu à Israël, c'est d'abord et avant tout la destruction du Liban à chaque fois que le pays se relève, justement parce que ce pays est un concurrent à plus d'un niveau ?
Il est important de souligner dans ce contexte qu'aucune des guerres menées par Israël n'a jusque-là abouti à une paix juste et globale puisque ces guerres n'ont engendré que plus de haine. Preuve en est, le total désintérêt d'Israël pour le processus de paix et son insistance à continuer à bâtir des colonies pour bloquer les négociations avec les Palestiniens. L'important pour Israël est de toujours repousser l'échéance des négociations, car lorsque la médiation turque avec la Syrie est arrivée au stade des négociations directes, il a provoqué une guerre avec Gaza. Israël n'est pas non plus intéressé par un éventuel retrait du village de Ghajar, ni par des négociations avec le Liban alors que celles-ci sont les plus simples ni par un retour à l'accord de trêve qui le lie au Liban, en cas de retrait de Chebaa et de Kfarchouba. Comme s'il y avait une volonté implicite de conserver la concomitance des dossiers libanais et syrien...
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