vendredi 14 mars 2014

La reconnaissance d’un "Etat juif" critiquée par Kerry

Le Nouvel Observateur/​AFP, vendredi 14 mars 2014
Le secré­taire d’Etat amé­ricain John Kerry a qua­lifié ven­dredi 14 mars d’"erreur" l’insistance du Premier ministre israélien Ben­jamin Neta­nyahu à faire de la recon­nais­sance d’Israël comme "Etat juif" par les Pales­ti­niens une condition sine qua non d’un accord de paix.
"Je pense que c’est une erreur de la part de cer­taines per­sonnes de sou­lever ce sujet encore et encore comme le critère essentiel de leur attitude envers la pos­si­bilité d’un Etat [pales­tinien, NDLR] et de la paix, et nous l’avons évi­demment exprimé", a déclaré John Kerry, sans nommer Ben­jamin Neta­nyahu, devant la com­mission des Affaires étran­gères de la Chambre des représentants.
La question de "’l’Etat juif’ a été réglée en 1947 dans la réso­lution 181 [de l’ONU sur le partage de la Palestine, NDLR] qui contient 40 ou 30 men­tions de l’’Etat juif’", a sou­ligné John Kerry, évo­quant éga­lement des décla­ra­tions en ce sens du défunt pré­sident pales­tinien Yasser Arafat, de 1988 à 2004.
La "racine du conflit"
Je ne pré­sen­terai pas [aux Israé­liens] un accord qui ne pré­voirait pas l’abolition du droit au retour et une recon­nais­sance par les Pales­ti­niens de l’Etat du peuple juif", a prévenu mardi Ben­jamin Netanyahu.
Dans un com­mu­niqué publié à l’issue d’une réunion autour du pré­sident Mahmoud Abbas mer­credi, le Comité exé­cutif de l’Organisation de libé­ration de la Palestine (OLP) a dénoncé "les ten­ta­tives d’arracher une recon­nais­sance de la judéité de l’Etat d’Israël afin d’effacer d’une phrase l’Histoire et les droits des Palestiniens".
Ben­jamin Neta­nyahu a fait de cette reven­di­cation un élément car­dinal d’un accord de paix, assurant que la "racine du conflit" entre les deux peuples est le rejet arabe d’un Etat juif, et non l’occupation des Ter­ri­toires pales­ti­niens depuis 1967.
Les diri­geants pales­ti­niens se refusent à ce qu’ils consi­dèrent comme une capi­tu­lation sur ce qu’ils ont de plus sacré, le sou­venir de la "Nakba" (catas­trophe) des 760.000 Pales­ti­niens forcés à l’exil en 1948 lors de la création d’Israël, et leur "droit au retour". Ils rap­pellent éga­lement qu’ils recon­naissent déjà l’Etat d’Israël depuis 1993 et que cette exi­gence n’a été pré­sentée ni à l’Egypte ni à la Jor­danie, les deux pays arabes signa­taires d’un traité de paix avec Israël.