mercredi 9 novembre 2011

Jacques Lestrat en mission avec le Parti de Gauche Le Proche-Orient à vif

08 novembre 2011
Le Soissonnais Jacques Lestrat faisait partie d'une délégation du Parti de Gauche en mission en Israël et Palestine. Il témoigne.

DÈS le départ de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, avant même, donc, d'avoir franchi la frontière, le groupe a saisi combien la destination qu'il prenait était sensible, avec des fouilles à corps pour certains de ses membres.
Le Soissonnais Jacques Lestrat était là, parmi les membres d'une délégation du Parti de Gauche partie pour une mission en Israël et en Palestine de six jours, l'occasion, pour la formation que préside Jean-Luc Mélenchon, d'« évaluer la situation sur place et de rencontrer les acteurs du processus de paix » à Tel Aviv, Jérusalem, Bethléem et Ramallah. C'était juste avant la décision de l'UNESCO d'intégrer la Palestine.
Jacques Lestrat faisait partie de ce groupe de huit militants politiques, quatre femmes et quatre hommes, même si, lui, se plaçait, insiste t-il, avant tout dans une optique « humaniste ».
De grandes souffrances
Avec ce court séjour dans une des régions les plus instables de la planète, où la moindre étincelle peut compromettre tous les efforts de paix accomplis de part et d'autre, il s'agissait, pour Jacques Lestrat, de répondre à « l'envie de comprendre » la réalité quotidienne de la population, notamment dans les territoires occupés.
« A Tel Aviv, nous avons rencontré le Parti communiste israélien - pro-palestinien - et l'équivalent des Indignés. On sent que la société israélienne est très souffrante et pour assurer la cohésion des multiples communautés juives, les Palestiniens y font office de boucs émissaires, des ennemis non-juifs communs, responsables de tous les maux. La manif d'avant l'été avec 500.000 personnes dans les rues de Tel Aviv montre que les Israéliens n'en peuvent plus », analyse Jacques Lestrat, que le souvenir de la Shoah et ses 6 millions de victimes juives ne quitte jamais, pas plus que ne lui est indifférente la douleur du peuple palestinien.
Entre colère et espoir
Sur place, le groupe a aussi rencontré la coalition Women for Peace*, « des femmes impressionnantes de lucidité et d'engagement », note le Soissonnais, plusieurs hautes personnalités palestiniennes, de simples citoyens en territoires occupés mais aussi des représentants d'ONG (organisations non-gouvernementales).
« J'étais allé là-bas il y a deux ans. Je trouve que le processus de colonisation s'est aggravé, notamment avec la technique du grignotage, maison par maison, appartement par appartement. Il ne reste que 12 % de la Palestine initiale. Les résolutions de l'ONU ne sont jamais appliquées », relève Jacques Lestrat.
Pour autant, reconnaît le militant, « il y a des lueurs d'espoir. De plus en plus de pays soutiennent la reconnaissance d'un état palestinien. Sur place, il y a aussi une grande aide du Vatican au plan humanitaire. Je ne suis pas croyant, mais ça m'a touché. »
Au terme de ces six jours passés là-bas, Jacques Lestrat s'avoue partagé : « Il y a à la fois un sentiment de déception, une grande colère mais une petite flamme quand même. »
Philippe ROBIN
probin@journal-lunion.fr
* Femmes pour la Paix.
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