vendredi 21 octobre 2011

L'impossible récolte à Jayyous

Qalqilia - 21 octobre 2011
Par William
Mohammed a contacté les ISM pour qu'ils viennent aider son père à la récolte d'olives. Mohammed et sa famille vivent dans le village de Jayyous, à quelques kilomètres de Qalqiliya. Depuis la construction du mur d'apartheid, Jayyous s'est vu, comme beaucoup d'autres villages, coupé en deux. Du côté de la zone gérée par l'Autorité Palestinienne : le village et un milliers d'oliviers ; du côté annexé par l'armée israélienne et les colons de la colonie de Zufin : douze milles oliviers. Les fermiers possédants des cultures de l'autre côté de la barrière ont des autorisations d'accès quelques jours dans l'année pour faire la récolte, sauf exception. Et des exceptions, il y en a beaucoup.
L'impossible récolte à Jayyous
Ainsi, depuis que la famille de Mohammed a perdu l'un des siens dans les combats à Naplouse durant la seconde Intifada, aucun des 11 enfants n'a le droit d'aller travailler en Israël ni d'accéder aux champs de leur père, contenant quatre-vingt quatre oliviers. Seul le père, 68 ans professeur à la retraite, et la mère qui ne peut plus travailler à cause d'une maladie du cœur, ont l'autorisation d'accéder aux champs.
A deux militants d'ISM, nous tentons d'accompagner cet homme dans ses champs pour accélérer la récolte. En arrivant en début d'après-midi, nous ne pouvons rien faire car le checkpoint séparant le village des champs n'est ouvert que le matin entre 7h et 7h30. Nous passons donc la journée et la soirée avec différents membres de la famille qui nous expliquent leur vie dans cette partie de la Palestine presque encerclée.
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Le lendemain matin à 7h, c'est un vieil homme nerveux que nous accompagnons, partagé entre le besoin d'avoir de la main d'œuvre et la peur d'avoir des problèmes de la part les soldats si on le voit accompagné d'internationaux. Nous laissons donc passer tous les fermiers pour ne retarder personne en cas de problème. Nous pouvons ainsi constater que seules des personnes âgées ont reçu l'autorisation d'accéder aux champs.
Nous apprendrons plus tard qu'Israël pousse l'humour noir jusqu'à délivrer des permis à des personnes décédées. Nous pensions que nos passeports européens avec un visa nous permettant de circuler partout en Israël nous permettrait de passer ce checkpoint. Ce ne fut pas l'avis des soldats qui nous ont orientés vers un autre point de passage côté israélien... distant de quarante kilomètres sans garantie qu'un taxi israélien accepte de nous amener près des cultures palestiniennes. Échec de la mission. Ce sera une organisation israélienne qui prendra le relais le lendemain pour aider ces fermiers dans la récolte de leurs olives.
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