lundi 3 octobre 2011

Les stratèges palestiniens misent sur la non-violence

02.10.2011
L'Autorité palestinienne a strictement encadré la mobilisation autour de la revendication à l'ONU et interdit tout rassemblement en territoire hors de son contrôle, afin d'éviter des frictions avec l'armée israélienne et les colons.
Seule la stratégie de la non-violence peut accompagner la quête d'un Etat de Palestine à l'ONU et déjouer les tentations israéliennes de la faire dérailler, affirment les chefs politiques et des services de sécurité palestiniens.
«Notre position contre la violence est à toute épreuve et elle est soutenue par notre engagement politique et notre sécurité», a assuré samedi le négociateur palestinien Nabil Chaath.
«La prochaine fois, éventuellement quand nous remporterons un vote aux Nations unies, je suis sûr que les gens descendront dans la rue», a souligné M. Chaath, évoquant le retour triomphal du président palestinien Mahmoud Abbas le 25 septembre, après le dépôt de la demande d'adhésion d'un Etat de Palestine et son discours à l'Assemblée générale.
«A part cela, comme M. Abbas l'a toujours dit, les manifestations pacifiques et populaires, et la lutte totalement non-violente sont encouragées, au point de ne pas les laisser gagner des zones où elles pourraient devenir violentes», a-t-il précisé.
L'Autorité palestinienne a strictement encadré la mobilisation autour de la revendication à l'ONU et interdit tout rassemblement en territoire hors de son contrôle, afin d'éviter des frictions avec l'armée israélienne et les colons.

«Notre peuple poursuivra sa résistance populaire et pacifique à l'occupation israélienne et à sa politique de colonisation et d'apartheid, et à la construction d'un mur d'annexion raciste», a déclaré Mahmoud Abbas dans son discours.
Le soutien international aux Palestiniens «renforce leur espoir fondé sur la conviction que la justice est possible en ce monde. La perte d'espoir est le pire ennemi de la paix et le désespoir est le plus grand allié de l'extrémisme», a-t-il ajouté.

M. Abbas a toujours condamné la «militarisation» de la deuxième Intifada des années 2000, comme une erreur tactique, qui a fait reculer la cause palestinienne.
Selon Tawfiq Tiraoui, un dirigeant du Fatah, le parti de M. Abbas, ancien chef des services de renseignements palestiniens en Cisjordanie, «il y a une conscience palestinienne de toutes les questions, en particulier des tentatives d'Israël pour nous entraîner sur le terrain de la violence, où le rapport de forces lui est favorable».
«Un cycle de violence donnerait des justifications à Israël pour saper les acquis obtenus en portant la cause palestinienne devant le monde, aux Nations unies», explique-t-il à l'AFP.
«Nous avons exposé cette question pendant le mois de Ramadan (en août, NDLR) à tous les fils de notre peuple, à travers diverses rencontres. Nous avons clairement montré le danger d'entrer dans un cycle de violence et appelé à la résistance populaire», témoigne Tawfiq Tiraoui.
«Il y a une conscience et un engagement sur la ligne politique palestinienne adoptée par le président Abou Mazen (Mahmoud Abbas, NDLR) de résistance pacifique, d'autant plus que la démarche politique palestinienne aux Nations unies a prouvé son efficacité et que nous avons remporté une grande bataille politique», renchérit Adnane Damiri, porte-parole des services de sécurité palestinien.
De fait, malgré une montée des tensions qui a culminé avec le dépôt de la demande à l'ONU, la violence est loin d'avoir atteint l'ampleur redoutée.

Un colon israélien et son enfant de 18 mois ont péri le 23 septembre dans un accident de voiture provoqué par des jets de pierres palestiniens dans la région de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, tandis qu'un Palestinien a été tué et trois autres blessés par des tirs de l'armée israélienne près de Naplouse, dans le nord du territoire.
En revanche, la non-violence adoptée par la direction politique et militaire palestinienne ne lui a pas épargné les menaces de représailles financières.
Des élus du Congrès américains ont bloqué une aide économique de 200 millions de dollars aux Palestiniens en réaction à la demande d'adhésion «jusqu'à ce que cette question soit résolue». 
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