dimanche 19 juin 2011

Israël, le pluriel d’une œuvre cruelle

publié le dimanche 19 juin 2011
Remmas Baghdad *

 
13 mai, l’émissaire américain George Mitchell au Proche-Orient jette l’éponge après deux ans d’échec sur les négociations de paix. Le 15 mai, au 63e anniversaire de la sinistre Nakba marquant l’établissement de l’Etat hébreu, en 1948, au moins 10 personnes ont été tuées et 112 autres blessées, près du terminal d’Erez, à la frontière nord avec l’Etat hébreu. Encore un énième carnage commis par la machine meurtrière israélienne. Le deuxième pays intouchable - après les Etats-Unis- sur le non respect du Droit International continue son aventure meurtrière.
Combien de tonnes de bombes larguées sur les villes et les sites des territoires occupés, combien de maisons détruites, combien de terres agricoles expropriées et plantes extirpées à la racine pour empêcher les agriculteurs palestiniens d’en tirer profit et récolter leur production. Combien d’âmes ont été exterminées par la machine militaire de l’occupation, combien de points de contrôles et de barrages routiers qui étranglent la vie des Palestiniens sans parler de l’eau qu’Israël pille aux Palestiniens. A combien de négociateurs de paix arrivera t-on pour pouvoir arrêter le cauchemar de ce peuple digne. Pour chaque Israélien perdu, Israël a tué 3,4 Palestiniens, dont la majorité était des spectateurs innocents ; la proportion entre les enfants Palestiniens et les enfants Israéliens tués est encore plus élevée (5,7 pour 1).
Après avoir nié pendant des mois avoir utilisé des munitions au phosphore blanc lors de son offensive sur Ghaza, les autorités israéliennes martelaient dans un document exhaustif sur l’opération « Plomb durci » que cette utilisation a été en tout point conforme au droit international en la matière. Pour Israël, l’agent chimique n’a été utilisé que pour former des écrans de fumées pour protéger l’avancée de ses soldats, Qu’Israël le reconnaisse ou non importe peu, ce qui est ignoble c’est que tout le monde le savait mais ne disait rien. Aujourd’hui tout le monde sait qu’Israël le reconnaisse mais personne ne s’indigne. Cela à un nom « complicité ». Quelle a été la sanction : une sorte de tape sur les mains et une phrase du genre ce n’est pas bien ce que vous avez fait, attention il ne faut pas recommencer. Le monde est spectateur d’un holocauste commis par Israël depuis 1948. Les israéliens savent que l’ignoble « Plan D » a conduit au dépeuplement meurtrier de 369 villes et villages palestiniens par la Haganah (l’armée juive ») et que d’un massacre à l’autre, les endroits comme Deir Yassin, al-Dawayima, Eilaboun, Jish, Ramle and Lydda sont aujourd’hui synonymes d’ »épuration ethnique » dans les archives officielles. Quand David Ben Gourion, le premier Premier ministre d’Israël, est arrivé sur le lieu du carnage, un général, Yigal Allon, lui a demandé : « Que faisons-nous des vivants ? », Ben Gourion, selon l’historien israélien, Benny Morris, a répondu d’un geste brusque et expéditif de la main : « Expulsez-les ! ». L’ordre d’expulser toute une population « sans considération de l’âge », avait été signé par Isaac Rabin, futur premier ministre salué par le monde entier comme « artisan de la paix » grâce à la plus efficace des propagandes. Il est également intéressant de garder à l’esprit que les Sionistes utilisaient des bombes terroristes pour faire partir les Anglais de la Palestine, et que Yitzhak Shamir, au début, terroriste et ensuite Premier Ministre, avait avoué que ‘ni l’éthique juive ni la tradition juive ne peut éliminer le terrorisme comme moyens de combat. Les Israéliens ont le droit de tuer et d’enlever autant de Palestiniens qu’ils le souhaitent. Il n’y a aucune limite et ils n’ont besoin de n’apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées. Il suffit juste de dire le mot magique cher à Yitzhak Shamir « terroriste ».
A Ghaza, la privation forcée de nourriture, le déni d’une aide humanitaire, le piratage des ressources naturelles vitales comme le carburant et l’eau, le déni de médicaments et de traitement médical, la destruction systématique d’infrastructures et l’assassinat et la mutilation de populations civiles, parmi lesquelles 50% sont des enfants, correspondent aux normes internationales de la définition d’un génocide. Richard Falk, le rapporteur de l’ONU sur les droits de l’Homme dans les Territoires Occupés et professeur de droit international à l’université de Princeton a déclaré « Est-ce une exagération irresponsable que de comparer le traitement infligé aux Palestiniens avec les chefs d’accusation qui avaient été réunis pour dénoncer les atrocités commises par les nazis ? Je ne le pense pas. » Alors que l’inverse est la vérité. Israël est souvent dépeint dans la presse occidentale et pro- israélienne comme David confronté à Goliath. On diabolise les palestiniens pour faire passer Israël pour une victime innocente. L’extrême et scandaleuse modération de la presse occidentale devant la gravité des crimes israéliens laisse le commun des mortels pantois devant ce flagrant parti pris. Les journalistes à qui revient familièrement la couverture médiatique des agressions incessantes de l’aviation israélienne contre les localités palestiniennes, précisent systématiquement quant à ces attaques aériennes qu’il s’agit d’un « raid israélien » Jusqu’à preuve du contraire, les palestiniens n’ont jamais rien fait voler, alors qu’on leur a tout volé…terre et dignité ! Des sommités journalistiques tels que Pilger John, Johann Hari et tant d’autres, de par leur probité journalistique essaient de démystifié cette peur qui tétanisent les médias occidentaux. Ces derniers versent incroyablement dans une description extrêmement déroutante des événements. Interprétations qui se puisent dans une neutralité accablante et où les images des atrocités sont soigneusement dévoyées. On vide l’événement à coups de commentaires détournés, de gymnastique mensongère qui voile l’intrusion de réalités qui dérangent. Une ligne éditoriale soumise à un ordre rangé du coté des bourreaux de Ghaza. Les quotidiens occidentaux ne sont pas à la traîne avec leur fougue dégoulinante pare-feu du bon droit de riposte à qui en insuffle pour faire bon droit : la potion- miracle « guerre contre le terrorisme » Et pour lustrer en blanc le sang des victimes civils. On escamote l’emprisonnement des milliers de palestiniens et en même temps on s’asservit devant ses commanditaires en intronisant à la une dans ses colonnes l’emprisonnement du soldat Shalit. Gare aux réactions qui galvaudent un autre ton ce sera de l’antisémitisme. D’après ces quotidiens, Israël a le droit de tuer des bébés et des femmes. Cela s’appelle de la légitime défense. Quand cela leur parait un peu trop, on l’appelle à un peu de retenue Cela s’appelle la réaction de la communauté internationale. Les Palestiniens ou Libanais n’ont pas le droit de tuer des civils de l’autre camp. Cela s’appelle du terrorisme. Le lexique est bien choisi, on ne doit pas froisser le bourreau. On est en plein dans sa logique de légitimité, il faut garder la ligne. Mais comment on en est on arrivé à une attitude aussi déshonorante de forfaiture morale de la part de ces médias et de leurs lecteurs. Le même son de cloche ne déroge plus à la règle il est parasité par ses abominables exterminations. L’insoutenable sape leurs derniers boniments saupoudrés de légitimité et de copinage tel que « Tsahal ». Piégés ainsi par une inféodation à une idéologie sioniste. Israël, ce pays est considéré par ces médias comme la seule démocratie humaine du Moyen-Orient. Et quiconque ose dire le contraire est un infâme antisémite. Pourquoi prend t-on des gants avec Israël quand il ne s’agit de fait que de forcer un état voyou à appliquer le droit international. Ces medias se gargarisent à longueur d’année d’être les seuls civilisés de la planète, qui ne perdent pas une occasion de dénoncer la barbarie de certains régimes ou le manque de démocratie d’autres, ne font rien ? En réalité, ce qui est encore plus triste … c’est qu’ils font quelque chose : ils brassent de l’air pour laisser le temps à Israël de finir sa besogne. Les victimes palestiniennes ont été tuées deux fois : par l’armée israélienne et par les médias occidentaux. Réconfortons-nous de ces voix journalistiques qui constituent de vrais remparts à la besogne d’extermination de la machine meurtrière sioniste. De ces exemples de courage qui ont défié le blocus de Gaza et qui sont morts assassinés par la machine meurtrière sioniste. Ils ont choisi de marquer l’histoire de leur empreinte celles des Grands. Leur conviction : ce n’était pas Ghaza qu’il fallait bloquer, c’est Israël qu’il fallait condamner. Quant aux journalistes déplumés, apologistes des génocidaires, l’Histoire les a déjà relégués dans ses poubelles.
Nous ne serons pas vaincus Dans la nuit, sans la lutte Vous pouvez brûler nos mosquées, nos maisons et nos écoles Mais notre âme ne mourra jamais Nous ne serons pas vaincus A Gaza cette nuit [ Paroles de la chanson de Michael Heart « We will not go down »]]
* Universitaire
publié par le Quotidien d’Oran