lundi 6 juin 2011

Golan : L’armée israélienne ouvre le feu sur une foule

publié le lundi 6 juin 2011
AFP

 
Des centaines de protestataires, agitant des drapeaux palestiniens et syriens, ont tenté de franchir une première barrière de barbelés avant un champ de mines.
L’armée israélienne a tiré dimanche sur des manifestants palestiniens et syriens qui tentaient de pénétrer sur le plateau du Golan occupé, faisant 23 morts et 350 blessés selon Damas, lors de l’anniversaire de la Naksa, la défaite arabe de juin 1967.
Les États-Unis se sont dit dimanche « profondément inquiets » et ont appelé les parties au calme à la suite de ces nouvelles violences sur le Golan.
Des centaines de protestataires, agitant des drapeaux palestiniens et syriens, ont tenté de franchir une première barrière de barbelés avant un champ de mines, tout près de la ville de Majdal Chams, dans la partie occupée du Golan, selon des photographes de l’AFP.
Contrairement aux commémorations de la Nakba (catastrophe) palestinienne le 15 mai, aucun manifestant n’a réussi à franchir la ligne de cessez-le-feu et le porte-parole de l’armée, Yoav Mordechai, a annoncé que la situation était « sous contrôle ».
Dans la soirée, plusieurs centaines de jeunes de Majdal Chams, le chef-lieu des localités druzes du Golan, ont attaqué à coups de pierres les forces israéliennes déployées pour contenir les manifestants massés du côté syrien du plateau.
Ces heurts ont éclaté quand des nuages de gaz lacrymogènes tirés en direction de la Syrie se sont répandus dans le bourg de Majdal Chams, a constaté un photographe de l’AFP.
Du côté syrien de la clôture frontalière, des protestataires sont restés sur place, à l’abri d’un fossé, et ont allumé des feux de camp.
Par ailleurs, des jeunes Palestiniens et Syriens ont lancé un sit-in dans la ville de Kuneitra, vers où affluaient des milliers de personnes, selon la TV syrienne.
Vingt-trois personnes et 350 autres ont été blessées par les tirs israéliens aux abords du Golan, a ajouté la télévision.
Un médecin de Kuneitra, dans la partie non occupée, Ali Kanaane, a précisé à l’agence Sana que les tués avaient été « touchés par balles dans la tête et la poitrine ».
Un porte-parole de l’armée israélienne a assuré que les militaires n’avaient « pas eu d’autre choix que d’ouvrir le feu en direction des pieds des manifestants afin de les dissuader », plusieurs dizaines d’entre eux ayant ignoré les avertissements verbaux et les coups de semonce.
Un photographe de l’AFP à Majdal Chams a vu une vingtaine de manifestants blessés, certains ensanglantés, évacués du côté syrien, l’armée israélienne dénombrant 12 victimes.
Comme le 15 mai, l’armée israélienne a accusé le régime de Damas de « provocation » pour détourner l’attention de la sanglante répression des manifestations contre le régime, faisant état de projectiles lancés par les manifestants mais pas d’armes de guerre en leur possession.
Le premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé des « éléments extrémistes » qui « s’évertuent à forcer nos frontières, menaçant nos communautés et nos citoyens ».
Les manifestations ne se sont pas limitées au Golan syrien, rassemblant des centaines de personnes dans les territoires palestiniens, tandis que les réfugiés palestiniens au Liban observaient une journée de deuil, l’armée libanaise ayant interdit les marches près de la frontière avec Israël.
Le 15 mai, lors de l’anniversaire de la Nakba, l’exode de centaines de milliers de Palestiniens avec la création de l’État d’Israël en 1948, des centaines de manifestants étaient parvenus à traverser la clôture pour atteindre Majdal Chams.
Quatre personnes avaient été tuées par l’armée israélienne. Six autres manifestants avaient été tués à la frontière libanaise.
Israël a conquis en juin 1967 le Sinaï égyptien, restitué en 1982, le Golan, la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est et la bande de Gaza.
Il a annexé le Golan et Jérusalem-Est, des proclamations non reconnues par la communauté internationale, qui considère ces territoires comme occupés, de même que la Cisjordanie, tandis que la bande de Gaza, évacuée en 2005, reste soumise à un blocus israélien et au contrôle de ses frontières par Israël.