lundi 6 juin 2011

Expulsion de Bédouins dans le Neguev : "Nous resterons sur nos terres"

dimanche 5 juin 2011
Le nettoyage ethnique se poursuit au grand galop. Les Bedouins de villages entiers du Neguev refusent de subir le sort des Indiens d’Amérique.
Article publié par le quotidien israélien Haaretz :
"Une ville juive doit être construite sur les terres bédouines, selon un projet de transfert dans le Néguev. Les habitants bédouins n’étaient pas squatteurs sur ces terres, ils y ont été transférés en 1956 par ordre direct de l’administration militaire en place à l’époque, mais à présent, leurs terres font partie du plan d’ensemble pour la région métropolitaine de Beer Sheva.
Les terres de l’une des communautés bédouines désignées pour être expulsées, selon un projet proposé par le gouvernement, sont destinées à la construction d’une nouvelle ville juive : Les documents ont été révélés par Adalah, centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël, et obtenus par Haaretz. Dans les semaines à venir, le cabinet doit approuver le transfert forcé d’environ 30.000 Bédouins dans le voisinage de villes bédouines existantes.
Les habitants de cette communauté n’étaient pas squatteurs sur ces terres, ils y ont été transférés en 1956 par ordre direct de l’administration militaire en place à l’époque. Mais à présent, leurs terres font partie du plan d’ensemble pour la région métropolitaine de Beer Sheva.
La communauté comprend environ 1.000 habitants, tous membres du clan Abu Alkiyan. Ils vivent dans deux villages, Atir et Umn al-Hiran, situés près de Wadi Atir, à proximité de la nationale 316 et à l’est du village de Houra.
Jusqu’en 1948, le clan possédait le territoire maintenant accaparé par le kibboutz Shoval. Après la guerre, il a traversé le Néguev, à la recherche d’un nouveau territoire, mais n’en n’a pas trouvé, du fait que d’autres tribus avaient déjà revendiqué la plus grande partie des terres. En 1956, il s’est adressé à l’administration militaire qui l’a transféré dans la région de Wadi Atir.
D’après un document classifié de l’administration militaire, datant de 1957, le clan a reçu 7.000 dunams de terres près du wadi. Il s’est ensuite divisé en deux hameaux qui se partageaient les terres. Contrairement à ce qui se passe dans de nombreuses communautés bédouines, les maisons d’Atir et d’Umn al-Hiran sont construites en pierre.
En novembre, Haaretz nous a appris que le bureau du Premier Ministre avait empêché qu’Atir et Umn al-Hiran soient reconnus comme communes légales, à l’encontre des recommandations d’un comité professionnel du Conseil de la Planification et de la Construction. Les habitants ont déposé un recours contre les ordres d’expulsion, et certains sont déjà allés jusqu’à la Cour Suprême.
Pendant ce temps, un projet de construction d’une nouvelle ville juive qui doit s’appeler Hiran, a été présenté au comité de planification et de construction régional, qui a déjà entendu les objections des habitants bédouins. Le Ministère de l’Intérieur a informé Haaretz qu’un projet détaillé pour la première ville d’Hiran est déjà en discussion.
L’agence gouvernementale chargée de régulariser les villes bédouines du Néguev prétend que le clan Abu Alkiyan avait été évacué dans cette région par le Haut-Commissaire britannique avant la création de l’état, mais qu’il a depuis envahi les terres de l’état. Elle a également dit que l’état était en train de planifier de nouveaux quartiers qui conviendraient aux besoins du clan, dans la ville d’Houra.
« Nous sommes venus ici en 1956, après que l’état eût décidé de nous évacuer de Beit Kama, a raconté un habitant, Salim. Nous ne voulons pas partir ; nous n’espérons rien à Houra. Ils veulent construire une colonie juive sur cette terre et la nommer Hiran. Cela ne nous dérange pas d’être annexés à Hiran, du moment que nous restions sur notre terre. »
« Si quelqu’un au gouvernement pense qu’on peut nous expulser, c’est une erreur, a déclaré un autre membre de la famille. S’ils démolissent nos maisons, nous vivrons sous nos tentes. S’ils nous prennent nos tentes, ça nous est égal de vivre en plein air. Nous n’allons pas utiliser la force contre quiconque, mais nous ne quitterons pas nos terres. »
Récit de Jack Khoury et Yanir Yagna
Source : http://www.haaretz.com/print-edition/news/jewish-town-to-be-built-on-bedouin-land-under-negev-relocation-plan-1.365666
(Traduit par Ch.C. pour Capjpo-EuroPalestine)
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