vendredi 27 mai 2011

Le captif Adel Az-Zaïri, un moral d’acier en dépit d’un cœur brisé

[ 26/05/2011 - 00:54 ]
Al-Khalil – CPI
Les captifs palestiniens vivent dans le noir des prisons israéliennes ; de derrières les barreaux, ils laissent leur imagination aller visiter leurs maisons, rendre visite à leurs enfants, leurs femmes, leurs quartiers, leur monde d’avant la prison.
Le centre Ahrar (Libres) pour les études des captifs et des droits de l’homme met la lumière sur le captif Adel Az-Zaïri. Il a transformé la prison en une université, en une mosquée, en un club, en un monde heureux, en dépit de l’éloignement.
Une enfance différente
Adel Az-Zaïri est un fils de la ville d’Al-Khalil ; il y est né, le 29 novembre 1971, dans une grande famille. Et la mosquée d’Al-Ibrahimi était sa deuxième demeure.
Depuis sa petite enfance, il se sentait enchaîné dans ses mouvements. Les barrages et les casernes militaires de l’occupation israélienne étaient plus nombreux que les habitants. Les trois mille soldats israéliens déployés dans l’ancien bourg de la ville d’Al-Khalil le harcelaient, lui et son père et tous les Palestiniens, dit Adel Az-Zaïri au centre Ahrar.
Il se sentait étouffé, chaque fois qu’il voyait les soldats de l’occupation israélienne arrêter son père, sa famille, des hommes et des femmes, grands et petits, pour des inspections insensées.
En Palestine, il partait se promener avec son éducateur Cheikh Hatem Al-Mohtassib. Il voyait combien sa patrie était belle, mais aussi combien cette occupation était injuste. Le cheikh était là pour lui expliquer le sens du mot usurpateur.
Depuis le déclenchement de la Première Intifada, en 1987, Adel Az-Zaïri était membre des groupes s’activant dans la ville d’Al-Khalil. C’est en 1990 qu’il a été arrêté pour la première fois par les occupants israéliens pour une enquête, à l’âge de 19 ans.
La mort du père
Les occupants israéliens pourchassaient notre héro le captif Adel Az-Zaïri. Ils encerclaient la maison familiale et la dévastaient. Ils menaçaient la famille. Une fois, des officiers sionistes étaient entrés dans la maison et avaient menacé qu’ils tueraient leur fils dès qu’ils le trouveraient. Sa pauvre mère n’a pu supporter la menace. Une crise cardiaque l’a emportée.
Pour ce qui est des études, Adel Az-Zaïri était un très bon élève, parmi les premiers : « Je voulais que ma famille soit fière de moi. Mon rêve était de rejoindre l’université, confie-t-il au centre Ahrar. C’est de derrière les barreaux que j’ai pu faire mes études, en transformant la prison en une école et en une université ».
Puis il parle du jour de son arrestation, le 8 septembre 2004 : « J’étais poursuivi depuis cinq ans, avant qu’ils n’aient pu me mettre la main dessus, devant ma maison, après un affrontement armé dans lequel deux soldats israéliens ont été blessés, selon les dires des occupants israéliens eux-mêmes. J’aimerais souligner que l’armée israélienne a démoli ma maison de cinq appartements ; plusieurs maisons voisines ont été endommagées ; je souligne aussi que je perdais connaissance. »
En effet, Adel Az-Zaïri était dans un état grave au moment de l’arrestation. Il avait eu douze blessures, sans parler des centaines d’éclats qu’il avait reçus au moment de l’affrontement.
Les occupants israéliens l’ont transporté vers l’hôpital de Hadassa Aïn Karem. Les enquêteurs ont cependant pratiqué un chantage : il devait avouer pour se faire soigner ; il a toutefois résisté. Ils ont continué leurs interrogations dans l’hôpital, durant un mois, sans permettre à l’accusé de dormir une seconde, toujours en vain.
Le tribunal sioniste l’a condamné à dix ans de prison. Il a été transféré d’une prison à une autre. Il survit maintenant dans la prison du désert An-Naqab.
Majd et Balqis
Ce sont seulement ses enfants qui peuvent lui rendre visite dans la prison. Le père remarque que sa fille Balqis est fragile ; venir de loin lui rendre visite la fatigue. Le fils, cependant, est dur et armé de la même patience que son père. C’est un homme : « Pour toi, père, tout devient facile ».
Le captif Adel Az-Zaïri est si amoureux de sa patrie qu’il a nommé sa fille, la dernière, Palestine. Il se voit le cœur brisé de ne pas pouvoir la voir : la mère est interdite de rendre visite à son mari. Par conséquent, elle ne peut l’amener.
A travers le centre Ahrar, le captif Adel Az-Zaïri veut passer un message. Son rêve le plus cher est de voir le peuple palestinien uni. L’occupation ne prendra fin que par l’union.
Il a enfin appelé tous les responsables à prendre soin des familles des captifs palestiniens qui ont tout donné pour leur patrie.