vendredi 27 mai 2011

Bibi ne lâche rien, sous les vivats du Congrès US

25/05/2011
Acclamé quasi continuellement par les membres du Congrès américain devant lesquels il s'exprimait hier, Benjamin Netanyahu n'a fait aucune concession pour le processus de paix et a réitéré son refus d'un retour aux frontières de 1967 prôné par Barack Obama. « Les Palestiniens n'ont plus qu'un seul choix : aller à l'ONU en septembre », a réagi un négociateur palestinien.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prononcé hier un discours sans concession pour le processus de paix. « Israël sera généreux quant à la taille de l'État palestinien mais nous serons très fermes quand il s'agira du tracé de la frontière. C'est un principe important », a assuré le chef du gouvernement israélien aux élus américains, tout en réitérant son refus d'un retour aux frontières de 1967 qu'il a qualifiées « d'indéfendables », déclenchant par ces paroles une salve d'applaudissements. Applaudissements qui résonnent comme un nouveau camouflet pour Obama qui avait estimé la semaine dernière que ces lignes d'armistice devraient servir de base, en tenant compte des évolutions depuis 1967, pour la négociation avec les Palestiniens.
« Nous reconnaissons qu'un État palestinien doit être suffisamment grand pour être viable, indépendant et prospère », a déclaré M. Netanyahu, dont le discours a été brièvement interrompu par une manifestante hostile aux colonies. M. Netanyahu a assuré être prêt à « des compromis douloureux » pour parvenir à la paix avec les Palestiniens. « Ce n'est pas facile pour moi, a-t-il expliqué, car je reconnais que dans une paix véritable, nous devrons abandonner des parties de l'ancestrale patrie juive. » M. Netanyahu a admis qu'après un accord de paix, certaines colonies d'implantation juives se retrouveraient à l'extérieur des frontières d'Israël.
M. Netanyahu est par ailleurs demeuré inflexible sur Jérusalem, dont les Palestiniens revendiquent la partie est. La Ville sainte, pour M. Netanyahu, est et doit rester la capitale indivisible d'Israël. Il a aussi rejeté l'idée d'un droit au retour des réfugiés palestiniens - un point avec lequel M. Obama s'était montré d'accord. Le Premier ministre israélien n'a par ailleurs rien lâché de sa combativité envers le Hamas, jurant qu'Israël ne négocierait pas avec la « version palestinienne d'el-Qaëda ».
L'un des enjeux, pour Netanyahu, est d'empêcher par une initiative la tentative des Palestiniens de faire voter à l'ONU, en septembre, la reconnaissance de leur État. Cette démarche doit être combattue, a plaidé M. Netanyahu devant un Congrès très largement acquis à sa cause, qui l'a d'ailleurs longtemps ovationné à son arrivée. M. Netanyahu a en outre été ovationné debout près d'une trentaine de fois pendant son discours par les parlementaires des deux bords, qu'il considère comme ses « amis ». Un chiffre comparable à celui réalisé par le président Obama lui-même. De son côté, l'administration Obama n'avait envoyé que deux représentants : les ministres de l'Intérieur Ken Salazar et du Logement Shaun Donovan. Assis côte à côte tout près du podium, les deux hommes ont écouté et applaudi aussi.

Les Palestiniens décidés à aller à l'ONU
Les Palestiniens ont immédiatement réagi en accusant M. Netanyahu « d'ajouter des obstacles à la paix », selon le porte-parole du président Abbas. Le discours de Netanyahu ne laisse aux Palestiniens « pas d'autre choix que d'aller à l'ONU en septembre » pour demander la reconnaissance de leur État, a réagi un négociateur palestinien. Ils ne comptent toutefois pas le proclamer « unilatéralement », a déclaré hier à Moscou un responsable du Fateh.
Le Hamas, quant à lui, a affirmé hier que le discours de Netanyahu « pose aux Palestiniens des conditions impossibles à réaliser » et prouve qu'il « ne veut d'aucun processus de paix dans la région ». M. Netanyahu « essaie de tromper le monde en parlant de la possibilité de reconnaître un État palestinien, en en détruisant les fondements et en refusant de se retirer sur les frontières de 1967, de Jérusalem, ou le retour des réfugiés », a estimé le responsable du Hamas.
En Israël, l'analyste Yossi Alpher a déclaré que « si le Premier ministre a fait la paix avec le Congrès américain, il n'a présenté aucune formule de paix avec les Palestiniens ». « Rien dans ce qu'il a dit ne peut permettre de relancer les négociations. Je ne peux que répéter ce que je dis depuis deux ans : il n'y a pas de processus de paix, il n'y a pas la moindre perspective de processus de paix et nous ferions mieux de nous concentrer sur ce qui va se passer en septembre », a-t-il averti.
Le blogueur Shmuel Rosner, du journal Jerusalem Post, a également été l'un des premiers à réagir au discours. « Israël sera généreux sur la taille de l'État palestinien, mais comment ? Netanyahu ne l'a pas précisé », s'est-il interrogé : « Si beaucoup de terres restent dans des mains israéliennes, où Netanyahu trouvera-t-il le territoire supplémentaire requis pour une telle générosité ? » M. Netanyahu a également pris soin de remercier M. Obama pour son engagement « ferme » envers la sécurité d'Israël. Un président américain que le discours de Netanyahu « laisse les mains vides, sans "idées" à partir desquelles travailler », selon Shmuel Rosner.
(Source : AFP)