dimanche 27 mars 2011

L’attaque terroriste à Jérusalem est préjudiciable à l’unité entre le Fatah et le Hamas

dimanche 27 mars 2011 - 07h:09
Feroze Mithiborwala
Une bombe a explosé à l’arrêt d’un autobus dans Jérusalem ouest, tuant au moins une personne et en blessant 30. Selon les autorités israéliennes, c’est la première attaque importante à Jérusalem depuis des années. Au moins huit Palestiniens, dont des enfants, ont été tués pendant des attaques au mortier et des attaques aériennes dans la bande de Gaza, mardi. - Al Jazeera
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La bombe était dissimulée dans un sac déposé près d’un kiosque. Elle a explosé au moment où deux bus se trouvaient à proximité.
L’attaque terroriste de Jérusalem suit un schéma précis. Une attaque israélienne sur Gaza, à la fois aérienne et terrestre, tue des civils afin de provoquer une réaction violente, puis les cellules du Mossad montent de toutes pièces une attaque terroriste sous les couleurs de l’ennemi. Ce schéma a été observé et décrit par divers analystes.
De plus, Israël a menacé de lancer une autre guerre sur Gaza et les Israéliens ont besoin de fabriquer une situation qui leur donne un bon prétexte pour l’envahir.
Mais, il s’agit surtout de contrer la pression populaire grandissante de la base palestinienne en faveur de l’unité palestinienne entre le Fatah et le Hamas. Une résistance palestinienne unifiée accélèrerait sûrement le déclenchement de "La troisième Intifada", qui va de toutes façons éclater à cause de la vague de soulèvements démocratiques non violents qui parcourt le monde arabe au sens large.
Quand des millions de Palestiniens se mettront en marche, en bravant les balles israéliennes, cela provoquera, sans aucun doute, un retournement de l’opinion publique en faveur de l’indépendance palestinienne. Ce scénario est un cauchemar que les Israéliens ne veulent pas avoir à vivre.
Le dégel des relations entre le Hamas et le Fatah est le résultat des grands vents de changements démocratiques qui soufflent sur la région. le président Mahmud Abbas a annoncé sans équivoque qu’il allait bientôt se rendre à Gaza et que des élections ne pouvaient pas être organisées tant que Gaza et la Cisjordanie ne sont pas à nouveau réunies. On est loin de l’époque où l’Autorité Palestinienne était complice de la marginalisation et de l’isolement politique du Hamas qui était la condition sine qua non imposée par Israël pour poursuivre le soit disant "processus de paix".
De plus la nouvelle administration égyptienne a invité les leaders du Hamas à venir s’entretenir avec elle, ce qui est tout à fait nouveau et annonce l’intégration imminente du Hamas au sein du monde arabe.
De plus, les 7 millions de réfugiés palestiniens ont tous décidé de retourner dans leur patrie le 15 mai de cette année. Ils exigent que la résolution de l’ONU soit appliquée et qu’on leur donne l’autorisation légale de rentrer chez eux et de récupérer les maisons et les terres dont ils ont été chassés par un nettoyage ethnique en 1948. Imaginez le spectacle de millions de réfugiés Palestiniens rentrant pacifiquement chez eux pour réclamer leurs biens et l’impact que cela aurait sur l’opinion publique mondiale. Les Israéliens feront tout ce qui est en leur pouvoir, y compris utiliser des méthodes douteuses, pour saboter ce mouvement de masse.
De plus le siège qui est imposé à Gaza, avec tant de cruauté par la junte israélienne devient impossible à maintenir car le Caire va permettre l’entrée d’aide humanitaire y compris de matériaux de construction dans Gaza. Cela représente une rupture complète avec la politique de collaboration du régime Moubarak.
Très bientôt, en mai prochain, la seconde Flottille atteindra les côtes de Gaza et brisera le siège israélien. Plus de 20 bateaux partiront de différents ports européens et après le fiasco du massacre du Mavi Marmara au cours duquel les soldats israéliens ont assassiné 10 militants de la paix, il sera intéressant de voir comment Israël réagira à l’arrivé de cette Armada pacifique.
Nous pouvons donc conclure de ce tableau, qu’Israël est confronté à toute une série de défis politiques et que des crises importantes se profilent à l’horizon. Les Israéliens étaient vraiment désolés de la chute du régime de Mubarak ; leur refrain a toujours été que la démocratie n’est pas applicable au monde arabe et musulman.
En fait cet attentat est la seule carte qui reste aux Israéliens pour briser leur isolement croissant dans le monde. Aujourd’hui les leaders israéliens ont à répondre de l’échec du processus de paix, de la construction incessante des colonies, de la destruction des maisons palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem et du siège inhumain de Gaza.
Il y a seulement quelques jours sur la BBC, Netanyahu continuait d’affirmer que Jérusalem resterait la capitale unifiée d’Israël, que les colonies se maintiendraient sans faille et que Jérusalem garderait le contrôle de la vallée du Jourdain même s’il fallait créer une quelconque entité ou plutôt une sorte de Bantoustan palestinien. Comme on pouvait s’y attendre il a refusé toute compromis sur la question des réfugiés. Il a réitéré que le Hamas ne serait jamais intégré à aucun processus en dépit du fait qu’il est le gouvernement démocratiquement élu. Il ne reste donc rien à discuter, puisqu’il ne laisse aucun espoir concernant les questions essentielles.
Israël doit aussi contrecarrer les velléités croissantes de la communauté internationale à reconnaître un état palestinien. A ce jour, plus de 170 nations ont reconnu un état palestinien dans les frontières de 1967 selon les résolutions de l’ONU et le droit international. Cela aussi à semé un vent de panique en Israël.
L’isolement de plus en plus grande d’Israël est apparu de façon évidente quand les USA ont été les seuls à venir au secours d’Israël en opposant un veto infamant à la résolution contre les colonies que l’autorité palestinienne avait présentée. Les USA et Israël se sont retrouvés seuls contre le reste du monde.
Au moment où les révolutions démocratiques enflamment la région, l’état sioniste d’Israël en tant qu’état d’apartheid qui occupe la nation palestinienne avec le soutien des USA et des autres pouvoirs occidentaux est une infamie intolérable pour l’opinion publique mondiale. Malgré tous les efforts d’Israël pour monopoliser et contrôler le flux des nouvelles et des informations grâce à leurs innombrables réseaux médiatiques, le pays est de plus en plus mal considéré dans le monde entier.
En conséquence ce n’est qu’une question de temps avant qu’Israël ne s’effondre et ne disparaisse comme toutes les autres entreprises coloniales de l’histoire.
Mais Israël va générer énormément de désordre, de terreur et de guerres avant que les Palestiniens ne regagnent leur liberté. Les années qui viennent seront les témoins d’une violence inimaginable et engendreront les pires craintes.
Nous sommes maintenant à une étape cruciale de notre combat pour libérer la Palestine et tous les pays du monde des forces de l’impérialisme et du sionisme. Le triomphe final sera celui de toute l’humanité et il nous faut donc persévérer et avancer tous ensemble avec une grande foi et beaucoup d’espoir au coeur.
* Feroze Mithiborwala est un militant de la paix basé à Bombay. il est le vice-président du Rashtriya Samaj Paksh (RSP) qui é épousé la cause des communautés les plus pauvres dans différents états de l’Inde. Il était le coordinateur du comité asiatique de la caravane humanitaire "Par Asia to Gaza" qui est arrivée à Gaza en décembre dernier.
23 mars 2011 - CounterCurrents - Pour consulter l’original :
http://countercurrents.org/mithibor...
Traduction : D. Muselet
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