dimanche 27 mars 2011

Israël/Palestine : la guerre de tranchées mentales se porte bien

publié le samedi 26 mars 2011
Gilles Paris

 
C’est un fait qui mérite d’être souligné : la baisse drastique des violences contre les Israéliens constatée au cours de ces dernières années jusqu’aux attentats d’Itamar et de Jérusalem n’avait produit aucune détente, aucun apaisement dans les relations israélo-palestiniennes.
En attestent plusieurs faits en apparence anodins : le premier renvoie à l’annulation d’une conférence de l’écrivain israélien Amos Oz prévue au Assaf Harofeh Medical Center dont on a tout lieu de penser qu’elle est lié à l’envoi du dernier livre du romancier israélien au Palestinien Marouane Barghouti, condamné à plusieurs peines de prison à vie par la justice israélienne qui l’accuse d’avoir fomenté des attentats, le second a trait à deux propositions de loi visant directement la minorité arabe d’Israël. L’une introduit un filtre préalable à toute admission de nouveau résident dans certaines localités de Galilée et du Négèv. Dans les faits, elle contribuera à empêcher toute forme de mixité. C’est la “loi Katsir” ou Kaadan du nom de cet Arabe israélien, Adel Kaadan, qui avait dû attendre dix ans avant d’être autorisé par la Cour suprême israélienne à s’installer dans la localité de Katsir.
L’autre texte interdit l’usage de fonds publics à des manifestations niant l’existence d’Israël comme Etat du peuple juif (la version initiale du texte punissait cet usage de trois ans de prison.)
“Any body that is funded by the state, or a public institute that is supported by the state, will be barred from allocating money to activity that involves the negation of the existence of the State of Israel as the state of the Jewish people ; the negation of the state’s democratic character ; support for armed struggle, or terror acts by an enemy or a terror organization against the state of Israel ; incitement to racism, violence and terror and dishonoring the national flag or the national symbol.”
C’est la “loi Nakba” qui vise à interdire la promotion d’un autre “récit” de l’indépendance de 1948 que celui qu’entend défendre la majorité juive d’Israël. Il est extrêmement douteux que cette mesure soutenue par le parti du ministre israélien des affaires étrangères, Israel beitenou, convertisse les Arabes israéliens à la thèse officielle israélienne.
En France aussi, la guerre des tranchées israélo-palestinienne bat son plein, en témoignent après l’affaire de l’Ecole normale supérieure (lire les suites sur le très prometteur blog Peut mieux faire du service Education du Monde) les annulations de la diffusion du film Gaza-strophe, une charge au vitriol contre l’offensive israélienne sur Gaza, en décembre 2008-janvier 2009.
publié sur le blog du Monde "Guerre ou Paix"
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