jeudi 23 décembre 2010

Tabou

publié le mercredi 22 décembre 2010
Fouzia Mahmoudi

 
OPINION :
Il y a encore quelques années l’antisionisme était considéré au même titre que l’antisémitisme comme une véritable forme de racisme que certains tentaient de dissimuler sous couvert politique.
Mais aujourd’hui après les gouvernements successifs d’Ariel Sharon, d’Ehud Olmert et aujourd’hui de Benyamin Netanyahu qui affichent ostensiblement leurs mépris des Palestiniens ainsi que des instances internationales, le vent a fini par tourner. En effet, il n’est plus tabou désormais d’afficher ouvertement sa forte désapprobation avec la politique raciste et discriminatoire des Israéliens. En Occident, où cela a constitué très longtemps un tabou suprême, les populations en particulier européennes prennent conscience des dépassements de la politique israélienne et ne la cautionnent plus au nom de la repentance. Car Israël a longtemps et continue encore maintenant, bien qu’à moins forte échelle, de bénéficier grandement de la culpabilité des Occidentaux, responsables en partie par leur inertie du massacre des juifs européens durant la Seconde Guerre mondiale. Un massacre sur lequel s’est d’ailleurs appuyé la création de l’État hébreu ainsi que toute la politique colonialiste qui en a découlée par la suite. Les Israéliens, pour leur part, très conscients du retournement progressif de l’opinion publique internationale en leur défaveur, tentent de colmater les choses et organisent même des séminaires pour tenter de lutter contre « la délégitimation d’Israël dans le monde ». C’est ainsi que s’est tenue cette semaine, dans les locaux du ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, une conférence sur cette thématique qui est devenue récurrente pour les Israéliens. Netanyahu a même été invité à prendre la parole et a bien fait comprendre à l’assistance que de son point de vue ce n’était pas la politique que menait Israël qui était décisive dans ce domaine, précisant que « les attaques contre Israël se poursuivraient, même en temps de paix ». Le Premier ministre israélien a également affirmé par une formule d’une grande originalité que l’État hébreu « voulait la paix parce qu’il ne souhaitait pas la guerre », ajoutant que cela ne résoudrait pas pour autant les problèmes de son pays dont les droits ne seraient pas universellement reconnus dans le monde. Toutefois, à aucun instant il n’a été question, comme l’on s’en doute, lors de cette conférence de la moindre autocritique. Tout le blâme pèse comme il se doit sur les « autres » qui sont d’incorrigibles antisémites qui refusent à Israël une légitimité méritée. Néanmoins, le constat est là. Alors que les instances israéliennes bénéficiaient naturellement d’un immense soutien de la part des opinions publiques occidentales, leur politique inique a fini par leur coûter leur image qui ne vaut pas mieux aujourd’hui pour beaucoup d’Européens que celle de l’Iran ou de la Chine.
F. M.