jeudi 23 décembre 2010

Les Gazaouis vivent dans une « prison empoisonnée »

Par Rania Massoud | 23/12/2010
C'est un appel à l'action en faveur de la bande de Gaza qu'a lancé hier le militant écologique libanais Mazen Abboud qui vient de rentrer d'une expédition de trois jours dans l'enclave palestinienne. « La bande de Gaza, soumise depuis 2006 à un strict blocus israélien, ressemble aujourd'hui à une petite prison empoisonnée », a-t-il dit lors d'une conférence de presse tenue hier dans les locaux du ministère de l'Information à Beyrouth. « Le niveau de pollution est aujourd'hui très grave en raison du blocus et des attaques israéliennes au cours desquelles l'armée a eu recours à des armes non conventionnelles, comme le phosphore blanc et l'uranium », a expliqué M. Abboud. Selon lui, la pollution affecte désormais tous les secteurs dans la bande de Gaza, de l'agriculture à la santé. « 90 % de l'eau est totalement contaminé, et le taux de matières toxiques dans le sol dépasse de loin les normes sanitaires internationales », note encore M. Abboud, tout en mettant en garde contre les risques de cette contamination sur la santé des Gazaouis. « Les matières toxiques analysés par des experts italiens se sont avérés être cancérigènes et peuvent causer une série de maladies pathologiques touchant la peau, le foie, les poumons ainsi que le système reproductif », indique-t-il.
Les réserves en eau de la nappe phréatique de Gaza risquent de péricliter en raison de la surexploitation et de la pollution, avait averti l'an dernier un rapport le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). « Le niveau de pollution est tel que les enfants de Gaza sont exposés au risque d'empoisonnement au nitrate », avertissait le PNUE.
Par ailleurs, sur le plan écologique, l'offensive israélienne contre la bande de Gaza en janvier 2009 a causé la destruction de plus de 17 % des terres arables et environ 1,4 million d'arbres ont été déracinés, note M. Abboud. « Mais c'est la population qui paie le prix le plus lourd de la guerre », tient-il à souligner.
Autre conséquence grave de la guerre et du blocus : le dépotoir est aujourd'hui inaccessible aux habitants de Gaza. « Les rues de la ville sont complètement débordées d'ordures et de déchets toxiques », affirme M. Abboud. « Les autorités ont recours à des méthodes primitives pour se débarrasser de ces déchets en les brûlant sur place, en plein milieu des zones d'habitation, poursuit-il. Ceci pose évidemment un risque sanitaire énorme sur la population, et plus particulièrement les enfants et les personnes âgées. »
Enfin, l'écologiste libanais a souligné les difficultés de mener une étude approfondie dans l'enclave palestinienne surpeuplée en raison du manque de ressources nécessaires. Il a toutefois appelé l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à se rendre dans la bande de Gaza afin d'évaluer la situation « catastrophique » des Palestiniens qui y vivent et « de prendre les mesures appropriées pour les aider ».