jeudi 23 décembre 2010

Les Français s’indignent devant l’injustice et le blocus de Gaza

[ 22/12/2010 - 22:20 ]
Paris – CPI
Stéphane HESSEL est un visage bien connu de la résistance française. Son dernier livre de moins de trente pages fait actuellement ravage. Le livre de cet ancien déporté du camp de Buchenwald, ancien diplomate, un des écrivains de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, est premier dans les ventes. Le livre part en centaines de milliers d’exemplaires. Ainsi, via ce livre édité par Indigène, les Français font une nouvelle sorte de résistance contre l’injustice, à l’intérieur de France comme à l’extérieur.
Stéphane HESSEL, les habitants de la bande de Gaza le connaissent bien. Il leur a rendu visite et a remarqué la situation de cette région, une situation causée par le blocus sioniste. C’est devenu « une prison à ciel ouvert pour un million et demi de Palestiniens. Une prison où ils s'organisent pour survivre ».
HESSEL est un Juif né à Berlin. « Que des Juifs puissent perpé­trer eux-mêmes des crimes de guerre, c'est insupportable. » C’est ce qu’il croit fermement. Voilà le chapitre consacré entièrement à la Palestine :
« Mon indignation à propos de la Palestine
Aujourd'hui, ma principale indignation concerne la Palestine, la bande de Gaza, la Cisjordanie. Ce conflit est la source même d'une indignation. Il faut absolument lire le rapport Richard Goldstone de septembre 2009 sur Gaza, dans lequel ce juge sud-africain, juif, qui se dit même sioniste, accuse l'armée israélienne d'avoir commis des « actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l'humanité » pendant son opération "Plomb durci" qui a duré trois semaines. Je suis moi-même retourné à Gaza, en 2009, où j'ai pu entrer avec ma femme grâce à nos passeports diplomatiques afin d'étudier de visu ce que ce rapport disait. Les gens qui nous accompagnaient n'ont pas été autorisés à pénétrer dans la bande de Gaza. Là et en Cisjordanie. Nous avons aussi visité les camps de réfugiés palestiniens mis en place dès 1948 par l'agence des Nations unies, l'UNRWA, où plus de trois millions de Palestiniens chassés de leurs terres par Israël attendent un retour de plus en plus problématique. Quant à Gaza, c'est une prison à ciel ouvert pour un million et demi de Palestiniens. Une prison où ils s'organisent pour survivre. Plus encore que les destructions matérielles comme celle de l'hôpital du Croissant rouge par "Plomb durci", c'est le comportement des Gazaouis, leur patriotisme, leur amour de la mer et des plages, leur constante préoc­cupation du bien-être de leurs enfants, innombrables et rieurs, qui hantent notre mémoire. Nous avons été impressionnés par leur ingénieuse manière de faire face à toutes les pénuries qui leur sont imposées. Nous les avons vu confectionner des briques faute de ciment pour reconstruire les milliers de maisons détruites par les chars. On nous a confirmé qu'il y avait eu mille quatre cents morts – femmes, enfants, vieillards inclus dans le camp palestinien – au cours de cette opération "Plomb durci" menée par l'armée israélienne, contre seulement cinquante blessés côté israélien. Je partage les conclu­sions du juge sud-africain. Que des Juifs puissent perpé­trer eux-mêmes des crimes de guerre, c'est insupportable. Hélas, l'histoire donne peu d'exemples de peuples qui tirent les leçons de leur propre histoire.
Je sais, le Hamas qui avait gagné les dernières élections législatives n'a pas pu éviter que des rockets soient envoyées sur les villes israéliennes en réponse à la situation d'isolement et de blocus dans laquelle se trouvent les Gazaouis. Je pense bien évidemment que le terrorisme est inacceptable, mais il faut reconnaître que lorsque l'on est occupé avec des moyens militaires infiniment supérieurs aux vôtres, la réaction populaire ne peut pas être que non-violente.
Est-ce que ça sert le Hamas d'envoyer des rockets sur la ville de Sdérot ? La réponse est non. Ça ne sert pas sa cause, mais on peut expliquer ce geste par l'exas­pération des Gazaouis. Dans la notion d'exaspération, il faut comprendre la violence comme une regrettable conclusion de situations inacceptables pour ceux qui les subissent. Alors, on peut se dire que le terrorisme est une forme d'exaspération. Et que cette exaspération est un terme négatif. Il ne faudrait pas ex-aspérer, il faudrait es-pérer. L'exaspération est un déni de l'espoir. Elle est compréhensible, je dirais presque qu'elle est naturelle, mais pour autant elle n'est pas acceptable. Parce qu'elle ne permet pas d'obtenir les résultats que peut éventuel­lement produire l'espérance. »