jeudi 25 novembre 2010

L’AP de Ramallah emprisonne et torture pour tenter d’éliminer le Hamas en Cisjordanie

jeudi 25 novembre 2010 - 05h:02
Mario Correnti - Nema News
Jérusalem - Les militants et sympathisants du Hamas sont désormais la cible d’arrestations, d’intimidations et même de tortures dans ce qui semble être le nouveau précepte des actions menées par les forces de sécurité de l’Autorité Nationale Palestinienne (ANP).
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Milices supplétives de l’AP de Ramallah à l’entraînement - Indépendamment du gel du soit-disant "processus de paix" entre Ramallah et l’occupant israélien, la collaboration des milices du Fatah avec les forces sioniste n’a jamais cessé - Photo : AFP
En septembre dernier, 12 associations et groupes pour la protection des droits de l’homme et des libertés civiles dans les Territoires Occupés avaient dénoncé le recours à la torture par la police secrète dans les centres de détention, en application des ordres du Président Abu Mazen et du Premier Ministre Salam Fayyad.
Le 20 octobre dernier, Human Rights Watch (HRW) a demandé à l’ANP d’enquêter sur les cas alarmants de tortures, subies par deux hommes arrêtés en Cisjordanie et soupçonnés d’avoir des liens avec le mouvement islamiste.
Dans ce contexte, Joe Stork de HRW a affirmé qu’Abu Mazen et Fayyad sont au courant de ce qui se passe. Ils doivent ainsi mettre un terme à l’impunité et engager une procédure judiciaire contre les tortionnaires.
D’après plusieurs sources, les prisons de l’ANP renfermeraient quelques centaines de militants et de sympathisants du Hamas, dont la plupart n’ont jamais eu de procès. Pour Fayyad et Abu Mazen, ces personnes auraient été arrêtées pour avoir « transgressé la loi ». Cependant, on ne partage pas cet avis en Cisjordanie où règne la conviction que ces personnes se sont trouvées en prison uniquement pour leurs opinions politiques.
En fait, (depuis que le Hamas a pris le pouvoir à Gaza->http://www.info-palestine.net/article.php3 ?id_article=2078] en juin 2007, l’ANP a réorganisé, en Cisjordanie, ses forces de sécurité grâce, faut-il le souligner, aux fonds spéciaux financés par les Etats-Unis et sur la base d’un programme élaboré par le général américain Keith Dayton qui a récemment quitté ses fonctions.
Les troupes d’élite de l’ANP qui ont été formées durant les trois dernières années, généralement par des experts jordaniens, semblent avoir comme objectif principal la distinction entre militants réels ou présumés du Hamas, d’une part, et l’intimidation des sympathisants du mouvement islamiste, d’autre part.
C’est pourquoi, beaucoup de palestiniens, qui ont requis l’anonymat, affirment qu’il s’agit d’une activité intensive du renseignement de base.
Par ailleurs, interrogés récemment par l’agence de presse Reuters, certains étudiants universitaires ont évoqué la présence d’une forte activité « d’espionnage » au sein des universités pour repérer les jeunes proches du Hamas. Parmi les gens interviewés, certains reconnaissent avoir été torturés et battus durant leur arrestation.
Dans le camp adverse, l’ANP déplore, pour sa part, les conditions auxquelles sont confrontés les militants du Fatah à Gaza. Il a été rapporté que les affiliés au parti d’Abu Mazen ne jouissent pas de leur entière liberté. En effet, outre les arrestations et les détentions, le Hamas avait, en particulier durant l’offensive israélienne Plomb durci (décembre 2008-janvier 2009) assassiné ou blessé « aux jambes » des partisans du Fatah.
Toutefois, bien que beaucoup de ces accusations aient été effectivement confirmées par les enquêtes menées par des centres pour les droits de l’homme, Gaza n’a pas enregistré des arrestations et des détentions en masse contre des militants du Fatah. Le problème le plus épineux dont souffre réellement Gaza reste les restrictions imposées à la liberté de presse et d’expression.
A ce titre, il convient de souligner le recours à la force par la police du Premier Ministre Ismail Haniyeh contre de nombreuses manifestations organisées par la gauche palestinienne et par des groupes islamistes antagonistes du Hamas.
Cependant, il faut reconnaître que les restrictions imposées à la liberté de presse et d’expression ne sont pas du ressort de Gaza uniquement. Même en Cisjordanie, gouvernée par le Premier Ministre Salam Fayyad, généreusement sponsorisé par les USA et l’Union Européenne, la condition de la liberté de presse et d’expression n’est pas enviable.
C’est ainsi que peu à peu, l’ANP est en train de s’apparenter à plusieurs régimes arabes autoritaires de la région où les services de sécurité sont les seuls à décider si ou quand un citoyen ou une organisation ont la possibilité de s’exprimer et d’agir en toute liberté, et où, à l’instar de l’Egypte, de la Jordanie, de La Syrie ou de la Tunisie, les mouvements islamistes sont autorisés ou interdits d’opérer en fonction des exigences politiques locales et internationales.
Il est donc tout à fait clair que l’ANP, à travers le Président Abu Mazen et le Premier Ministre Fayyad, peinera à atteindre son objectif qu’est l’anéantissement du Hamas en Cisjordanie. En effet, même si le mouvement islamiste vit dans l’ombre et agit rarement en public afin d’éviter les répliques de l’ANP, il ne faut pas nier que sa popularité, acquise lors de sa victoire aux élections de 2006 même en Cisjordanie, bastion du Fatah, est encore imposante.
C’est pourquoi, les derniers sondages qui donnent un net avantage au Fatah et à Abu Mazen dans cette phase des élections législatives et présidentielles sont à prendre avec les pincettes. Pour rappel, la situation était similaire lors des élections de 2006 quand, à quelques jours du vote, les sondages donnaient la victoire au Fatah. Les urnes en disaient autrement et les résultats étaient en faveur du Hamas.
Ainsi, il est évident que la plupart des personnes interrogées, par crainte d’actions punitives de la part des services de sécurité de l’ANP, préféreraient garder confidentielles leurs véritables intentions de vote et avouer n’appartenir à aucun parti ou force politique.
Dans cette optique, l’analyste politique Hany al Masri explique que le Hamas jouit d’un consensus et d’un appui aussi bien dans les Territoires Occupés que dans d’autres pays. Il précise que même si la popularité du mouvement venait à s’éroder, elle ne sera, sans doute pas, annihilée.
30 octobre 2010 - Nema News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.osservatorioiraq.it/modu...
Traduction de l’italien : Niha
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