jeudi 25 novembre 2010

Gaza, assassinats ciblés « Made in USA »

mercredi 24 novembre 2010 - 11h:01
Vittorio Arrigoni - Peace Reporter
Le soupçon est que le chef de l’Armée de l’Islam a été assassiné depuis un navire en Méditerranée.
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Photo : Vittorio Arrigoni
L’aura de mystère autour du type d’attaque qui a fait exploser la voiture conduite par Muhamad Jamal Nimnim, mercredi 4 novembre à midi au centre de la ville de Gaza, laisse imaginer des scénarios inquiétants.
Nimnim, âgé de 27 ans, venant du camp de réfugiés de Shati, était l’un des leaders de l’Armée de l’Islam, et il avait agi en 2007 comme médiateur avec le Hamas pour la libération du journaliste britannique Alan Johnston de la BBC, enlevé par sa milice.
Peu de temps après l’explosion qui l’a instantanément tué, blessant grièvement un autre passager avec lui dans la voiture, tandis qu’ils passaient près de l’université islamique, de nombreux témoins dans la rue ont dit n’avoir vu dans le ciel ni drones ni avions israéliens F16, ce qui est généralement la règle avant et après chaque attentat.
Certains avec d’abord parlé avec certitude d’une voiture piégée, avec une explosion [déclenchée] à distance, un événement rare dans la bande de Gaza, mais avec des précédents : des collaborateurs d’Israël ont dans le passé déjà procédé à des attaques similaires.
Après avoir analysé les restes de la bombe et étudié le cratère produit par l’explosion, il a été établi sans aucun doute qu’il s’agissait d’une attaque par missile, même si le dispositif militaire rétait à moitié invisible et inconnu.
Plus tard, au cours d’une conférence de presse, le porte-parole de l’armée israélienne, en plus d’accuser Nimim [de diriger] une cellule d’un groupe terroriste infiltré de la bande de Gaza dans la péninsule du Sinaï pour y planifier des attaques contre Israël et des objectifs des États-Unis, a éveillé des soupçons inquiétants et réels en déclarant : « Sans entrer dans les détails, je peux vous dire que, ainsi qu’avec d’autres forces alliées, il y a une grande coopération militaire et d’espionnage entre nous et les Américains. »
Interrogé pour savoir comment matériellement les militaires israéliens ont travaillé avec l’armée américaine pour assassiner Mohammed Jamal Nimnim, le porte-parole a préféré ne pas répondre.
Une réponse fiable nous est fournie par le site israélien Debkafile. Selon les journalistes d’investigation sur ce site proche de l’armée et des services d’espionnage de Tel Aviv, le missile qui a frappé la voiture de Nimnim n’a pas été tiré depuis un engin de l’armée israélienne, mais par un navire de guerre américain depuis la mer Méditerranée.
Nous avons à Gaza des idées très claires sur la façon dont les services secrets israéliens ont pu soigneusement suivre les mouvements des milices palestiniennes et transmettre des informations précises au navire de guerre américain pour que celui-ci puisse frapper.
Ce n’est pas un hasard si la voiture qui transportait Nimnim appartenait à la petite flotte de voitures qu’Israël a laissé traverser le passage commercial de Kerem Shalom le mois dernier, alors que depuis 2007, les voitures ont toujours fait partie de la liste des produits interdits dans la bande de Gaza.
Israël sait que les seuls qui peuvent se permettre de disposer de nouvelles voitures dans la bande de Gaza sont les chefs de groupes armés, et le Hamas le sait bien. Son ministère de l’Intérieur avait déjà alerté les acheteurs de la présence éventuelle de dispositifs de suivi sur les voitures.
Ce serait le premier assassinat ciblé réalisé par les Etats-Unis à Gaza, après les meurtres étiquetés made in USA qui ont eu déjà lieu contre des terroristes présumés en Irak, au Yémen et en Somalie. Un vieil ami, Khalil, hausse les épaules avec fatalisme, tout en commentant les conclusions de l’affaire : « les bombes Netanyahu ne suffisaient pas, et maintenant nous avons même celles d’Obama. Gaza est comme un piège à souris, sur lequel, la prochaine fois, ils tireront depuis la lune ».
* Vittorio Arrigoni réside à Gaza ville. Journaliste freelance et militant pacifiste italien, membre de l’ISM (International Solidarity Movement), il écrit notamment pour le quotidien Il Manifesto. Il vit dans la bande de Gaza depuis 2008. Il est l’auteur de Rester humain à Gaza (Gaza. Restiamo umani), précieux témoignage relatant les journées d’horreur de l’opération « Plomb durci » vécues de manière directe aux côtés des ambulanciers du Croissant-Rouge palestinien.
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Vittorio Arrigoni
Son blog peut être consulté à :
http://guerrillaradio.iobloggo.com/
Vittorio Arrigoni vient de recevoir le prix spécial « Rachel Corrie » à Ovada [Piémont italien] pour son travail d’information à Gaza : http://www.testimonedipace.org,
8 novembre 2010 - Peace Reporter - Vous pouvez consulter cet article à :
http://it.peacereporter.net/articol...
Traduction de l’italien : Claude Zurbach
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