mardi 23 novembre 2010

La résistance non violente en Palestine : réponse ou illusion ?


Dans le cycle de formation organisé par le pôle belge de l’association Génération Palestine (GP), une soirée entière a été consacrée à des réflexions, débats, jeux de rôles et témoignages sur la résistance non violente, ce lundi 08 novembre à Bruxelles.
A destination du grand public, cette formation avait pour but d’apporter un éclairage objectif sur les choix stratégiques à prendre dans la résolution du conflit, en présence de Fayez Taneeb, Secrétaire général de la Coordination des comités populaires en Palestine, originaire de la ville de Tulkarem dans les Territoires Occupés de Cisjordanie.
Les mouvements citoyens axés sur les luttes non violentes en Palestine s’inscrivent dans l’Histoire de cette terre depuis plusieurs décennies, en témoignent les grandes grèves et manifestations, tel que le soulèvement populaire de 1936-1939, qui ont eu lieu avant la Naqba en 1948. Face à la répression institutionnalisée de l’Etat d’Israël, alors nouvellement créé, la lutte armée tend à se développer et à se banaliser, sous forme de guérilla, avec l’émergence de groupes armés affiliés au Fatah. Le choix de la lutte armée apparaît comme un succès suite à la Guerre des 6 Jours : cette victoire morale des Palestiniens est alors associée à une résistance qui ne peut être que militaire. C’est dans ce ciment que l’OLP jette alors les bases de sa future armée, qui se structure petit à petit dès les années 1970 depuis le Liban où l’OLP est en exil.
Il serait trompeur d’affirmer que cette lutte armée est à l’image de la société civile palestinienne à cette époque. Dans les Territoires Occupés, la majorité des mouvements de contestation se basent sur des principes non violents, telle que lors de l’expropriation des terres et le meurtre par Tsahal de 6 Palestiniens le 30 mars 1976 (commémorés chaque année lors de la Journée de la terre). La lutte que mènent quotidiennement les habitants est à l’opposé de l’image du terroriste kamikaze dont l’Etat d’Israël se fait un plaisir de faire l’amalgame, en généralisant des faits basés sur des exceptions. Fayez Taneeb a rappelé que les Palestiniens, comme tout peuple, est empreint d’une culture, d’une conscience collective et de valeurs humanistes. La 1ère Intifada, ainsi que les trois premières semaines de la 2nde Intifada, sont considérés comme des mouvements non violents, du fait de la disproportion des armes d’un camp (les pierres) à l’autre (les tanks). La frontière avec la violence est alors fragile, et il suffit qu’Israël accentue sa politique de répression (10 morts / jour dans les affrontements en l’an 2000), pour que les armes prennent le dessus de la résistance non violente.
Un tournant a eu lieu en avril 2002 avec le début de la construction du Mur, dans la ville où est originaire Fayez Taneeb. La coordination des comités populaires s’est construite en fonction du tracé de ce Mur, villages après villages, au fur et à mesure de l’avancement progressif du Mur. La colonne vertébrale de la coordination des comités populaires est la réalisation des droits des Palestiniens, intrinsèquement liée à une lutte non violente. Ce choix de lutte apparaît comme un choix pragmatique – lié au contexte – alors que d’autres y voient un choix idéologique – la non violence comme un mode de vie. La non violence laissant place à la créativité et à l’inventivité, la coordination des comités populaires met en œuvre plusieurs méthodes pour arriver à l’objectif escompté. Chaque vendredi, des militants, Palestiniens et Israéliens, concrétisent cette lutte non violente dans plusieurs villes et villages, dont les plus connus sont ceux de Bil’in, Nil’in, Massrala, et le quartier de Silwan à Jérusalem.
Pour conclure, nous avons demandé à Fayez Taneeb son avis concernant l’article daté du 01/11/10 paru dans Le Monde, qui incrimine les militants en faveur de la Campagne BDS. Un tel article ne l’étonne guère à la vue du phénomène de droitisation où s’entremêlent vérités et illusions sur ce conflit. La stratégie de la non violence est une réponse évidente qui ne peut que renforcer nos convictions.
Génération Palestine, pôle Belgique
Lundi 08/11/2010
Adrien,
GP Paris & MAN IDF