mercredi 27 octobre 2010

Une opposition unanime

publié le mardi 26 octobre 2010
Ghassan Khatib

 
Israël Etat juif ? Pour les Palestiniens, "cette demande israélienne, outre qu’elle affaiblit et préempte certains objectifs légitimes des Palestiniens, vise à mettre de nouveaux bâtons dans les roues du processus de paix "
Bien que les Palestiniens expriment de manières diverses leur rejet de l’exigence récente de reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif que pose le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, il semble bien qu’il existe un consensus pour s’y opposer. Quand Netanyahou a récemment réitéré sa demande comme condition pour mettre en pratique le gel de la colonisation que réclame la communauté internationale, deux approches se sont fait jour côté palestinien.
La première, la plus répandue, était de rejeter cette condition pour des raisons de fond. D’abord, l’adoption d’une telle position affaiblirait l’exigence palestinienne que le droit au retour des réfugiés soit mis en œuvre en application de la Résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies.
Ensuite, une telle position serait néfaste pour les Palestiniens d’Israël qui composent un cinquième de la population et sont déjà soumis à toutes sortes d’attitudes et de postures racistes de la part de la société et de l’Etat lui-même.
Enfin, cette exigence reflète une attitude raciste que les Palestiniens ne peuvent accepter pour de pures raisons morales.
Une autre série de réponses à cette condition posée par Israël considère qu’il faut la refuser parce qu’elle n’a pas de sens, puisque l’OLP, partie prenante de tous les accords signés avec Israël, a déjà reconnu Israël en 1993 tout comme Israël est reconnu aux Nations unies et par d’autres Etats dans le monde. Israël ne présentait pas une telle exigence alors.
Tout cela fait maintenant partie du processus de paix, où Israël répondit à la lettre de reconnaissance du dirigeant palestinien, Yasser Arafat, par une lettre du Premier ministre Yitzhak Rabin reconnaissant l’OLP. C’était la première fois qu’Israël reconnaissait les Palestiniens comme un people et l’OLP comme son représentant.
D’autres Palestiniens encore ont répondu à la requête israélienne en mettant Israël au défi de préciser les frontières sur lesquelles il veut être reconnu. C’est un défi auquel il est difficile qu’Israël réponde parce qu’il n’a jamais précisé quelles étaient ses frontières –ni avant ni après l’occupation illégale de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, dont Jérusalem-Est.
En bref, l’assomption implicite chez les Palestiniens est que cette demande israélienne, outre qu’elle affaiblit et préempte certains objectifs légitimes des Palestiniens, vise à mettre de nouveaux bâtons dans les roues du processus de paix que les Etats-Unis et la communauté internationale essaient de mettre en route. La raison en est que la politique de l’actuel gouvernement de droite est totalement incompatible avec le consensus international et les stipulations des résolutions du Conseil de Sécurité. Ainsi, le gouvernement israélien fait tout ce qu’il peut pour éviter de s’engager dans des négociations en ajoutant chaque jour des pré-requis ou des obstacles.
Il n’est pas habituel de reconnaitre les Etats sur une base religieuse ou ethnique, mais plutôt sur la base de leur caractère national. Ce sont les Nations unies et le droit international qui devraient être les références dans ce processus. Ainsi il est temps que la communauté internationale - dirigée par les Etats-Unis - mettre Israël devant le choix suivant : Ou Israël accepte de s’engager sérieusement à négocier un accord final avec les Palestiniens sur la base d’accords définis, la feuille de route et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ; Ou bien la communauté internationale joue un rôle direct en aidant les Palestiniens à matérialiser leur Etat indépendant, à la fois en continuant à aider le gouvernement palestinien dans ses efforts pour construire les institutions de l’Etat et se préparer à l’indépendance, et en adoptant le moment venu une résolution du Conseil de sécurité qui reconnaitra l’Etat palestinien sur les frontières de 1967.
Alors que les Palestiniens préfèrent la première option, qu’ils jugent prioritaire, il faut faire comprendre à Israël que la paix basée sur deux Etats ne peut toujours rester otage des caprices de l’occupant. Israël lui non plus n’a pas été établi par un accord entre les parties mais par une série de combinaisons des institutions de l’Etat que les groupes juifs réussirent à établir sous le mandat britannique, et par la résolution 181 d l’Assemblée générale des Nations unies qui partagea en deux Etats la Palestine historique.
Publié par bitterlemons 25/10/2010
traduction et Intro : C. léostic, Afps