mercredi 27 octobre 2010

Sous la menace israélienne

Les premières tentatives d’installation du nucléaire au Moyen-Orient se sont heurtées aux desseins israéliens.
Il est sans doute nécessaire de procéder à un retour dans l’Histoire pour évoquer la question de l’acquisition de la technologie nucléaire au Moyen-Orient. Celle-ci n’est pas nouvelle. Dès les années 1960 et 1970, plusieurs pays se sont engagés dans le développement de programmes nucléaires civils, soutenus par plusieurs Etats occidentaux, dont la France et les Etats-Unis. L’Iran du Shah s’est ainsi engagé très tôt dans des programmes de recherche nucléaire. Adhérant immédiatement à l’Agence internationale de l’énergie atomique, Téhéran a rejoint le TNP en 1970, et a créé, en 1974, l’Organisation pour l’énergie atomique de l’Iran. Le pays s’est ensuite engagé dans le développement de capacités nucléaires à finalités civiles, autour de la construction d’une première centrale, à Bouchehr. Mais la chute du Shah marquera l’abandon pour plusieurs années de ces velléités nucléaires, avant leur retour à l’avant-scène en 2002 et les questions que l’on sait maintenant sur le nucléaire iranien.
L’Arabie saoudite, de son côté, s’est engagée dans un programme moins avancé que l’Iran, autour d’installations nucléaires limitées, telles que le département d’ingénierie nucléaire de l’Université King Abdul-Aziz fondée en 1977, et l’Institut de recherches sur l’énergie atomique, créé en 1988.
Enfin, plusieurs autres Etats du Moyen-Orient ont également tenté de développer leurs propres capacités nucléaires. Cependant, ces différents programmes sont restés largement léthargiques, voire inaboutis, du fait de la fin de la guerre froide, mais aussi de la baisse d’intérêt du nucléaire, après les accidents de Three Mile Island et de Tchernobyl.
Israël, un nucléaire militaire
Quant au programme israélien, il date de 1954, il a débuté en étroite collaboration avec la France qui cherchait aussi à se doter de l’arme nucléaire. Une centrale nucléaire de 24 MW a été construite à Dimona, dans le désert du Néguev au sud du pays. Au sein du pouvoir israélien, Shimon Pérès, directeur général du ministère de la Défense à l’époque, se voit confier la conduite de ce programme très secret et s’implique particulièrement dans l’achat d’armes. « La coopération avec la France a cessé entre 1961 et 1963, avec le retour du général De Gaulle au pouvoir », raconte Pierre Razoux, auteur d’un ouvrage intitulé Tsahal, nouvelle histoire de l’armée israélienne, publié aux éditions Perrin.
Les Américains ont alors pris le relais, en demandant à Israël de maintenir l’ambiguïté sur cette question. A la veille de la guerre des Six Jours, en juin 1967, les premières armes nucléaires deviennent opérationnelles au sein de Tsahal. L’Etat hébreu va ensuite coopérer avec l’Afrique du Sud, en réalisant vraisemblablement un essai commun dans l’océan Indien en 1979. Puis, « après le traité de paix avec l’Egypte, en 1977, les Etats-Unis ont aidé Israël à se doter de la bombe H », affirme Pierre Razoux, qui est un historien de l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI). Il a écrit plusieurs ouvrages sur les conflits contemporains.
En 1986, un physicien pacifiste de la centrale de Dimona, Mordechai Vanunu, avait fait des révélations sur le programme de son pays. Enlevé à Rome par les services secrets israéliens, il a été condamné à dix-huit ans de prison et libéré en 2004. Israël peut tout se permettre.
Pour le rappeler, il suffit d’évoquer le cas de l’Iraq et son réacteur nucléaire d’Osirak au sud-est de Bagdad. Les pays arabo-musulmans avaient renoncé à s’investir dans ce domaine. Or, bien qu’Osirak ait été construit par la France, il fut officiellement dédié à des recherches expérimentales civiles. Israël a bombardé le site en juin 1981.