mercredi 27 octobre 2010

Montée en Israël des visions coloniales

Les commémorations du 15e anniversaire de l’assassinat du premier ministre israélien Ytzhak Rabin par un extrémiste de droite ont eu lieu en Israël dans une atmosphère de malaise et de polémiques qui confirment que l’Etat hébreu est tout à fait gagné par une droite extrémiste et raciste ennemie de la paix. La controverse n’épargne pas le propre Parti travailliste (centre-gauche), dont Rabin fut une des plus hautes figures.
Une députée du parti, Einat Wilf, a ainsi proposé de retirer le portrait du premier ministre assassiné qui trône dans la salle de réunion du groupe travailliste à la Knesset (Parlement). « Il est temps que le Parti travailliste cesse d’utiliser Rabin comme un symbole de tous nos espoirs perdus. Je préférerais que l’on mette la photo de David Ben Gourion (le premier chef de gouvernement israélien) comme symbole d’une renaissance, plutôt que le portrait peint d’une personnalité qui, pour beaucoup, symbolise des occasions manquées », a affirmé la députée. Or, si le Parti travailliste ne cesse de décliner, les extrémistes de droite l’expliquent justement par la politique de Rabin qui allait d’une certaine manière dans le sens de la paix. L’extrême-droite, qui a le vent en poupe dans les sondages, mène, sans convaincre, une offensive médiatique visant à se dédouaner de toute responsabilité dans son assassinat, alors que le meurtrier, Yigal Amir, est sorti directement de ses rangs. Le 4 novembre 1995, dans le but de saboter les accords de paix israélo-palestiniens d’Oslo (1993), Amir, un extrémiste religieux, avait abattu de trois balles dans le dos le premier ministre à l’issue d’un rassemblement pacifiste à Tel-Aviv. Aroutz 7, une radio de colons, a ainsi lancé récemment une campagne invitant ses auditeurs à apporter leurs « contributions » sur les zones d’ombres qui entourent encore l’assassinat. Cette opération a pour objectif d’étayer les thèses du complot, selon lesquelles Ytzhak Rabin n’aurait pas été la cible d’un extrémiste de droite, mais la victime de sombres manœuvres ourdies par des cadres du Shin Beth, service de sécurité intérieure. Parallèlement, une autre campagne est organisée pour tenter d’obtenir la révision du procès de Margalit Har Shefi, reconnue coupable de ne pas avoir informé les autorités à temps du projet d’assassinat dont elle avait eu connaissance. Elle a passé six mois en prison pour ce délit. Selon des groupes de pression regroupant notamment des personnalités d’extrême-droite et des rabbins, une « injustice » aurait été commise à son encontre. Autant dire que cette droite veut disculper des assassins. De toute façon, on n’oublie guère la violence israélienne à Gaza et en Cisjordanie et cette affaire vient une fois de plus témoigner du racisme et du rejet de la paix qui règnent en Israël.