mardi 12 octobre 2010

Gaza - la récolte des olives commence dans la zone-tampon de Beit Hanoun tandis que les snipers israéliens tirent sur les cueilleurs de fraises à Beit Lahiya

Gaza - 12-10-2010

Par ISM Gaza
« Pour nous, cet arbre est béni, nos grands-parents et nos ancêtres en ont pris soin depuis des générations. J’ai grandi avec un olivier dans la cour de notre maison et il symbolise la vie paisible que nous avons toujours eue sur ces terres. Aujourd‘hui, nos oliveraies sont détruites au bulldozer, les ouvriers agricoles sont sous les tirs alors nous sommes ici en solidarité avec les agriculteurs à qui le siège et l’occupation israéliens rendent la vie impossible. »















C’est tout ça que signifie, pour Mohammed el-Masry, 20 ans, étudiant à l’université al-Azhar, le passage dans une zone à haut risque pour aider les fermiers qui commencent la récolte des olives et aider à s’occuper d’une terre qui était autrefois le grenier de l’économie palestinienne. Dans ce qui s’est avéré être une belle journée de cueillette d’olives noires et vertes, Mohammed s’est joint aux autres membres du groupe « Initiative locale de Beit Hanoun » et aux quatre activistes d’ISM pour aider le fermier Abzel al-Baseony à commencer sa récolte à 300 mètres du mur d’Erez frontalier avec Israël.
Tôt mardi matin, les ouvriers agricoles, les activistes palestiniens et internationaux sont partis avec les drapeaux, les paniers, les échelles et les sacs de jute pour une matinée de ramassage des olives, accompagnés par les caméras de médias arabes et internationaux. Autour de la zone tampon imposée unilatéralement – une ceinture de 300m de large le long de la frontière israélienne, les ouvriers agricoles se font régulièrement abattre par les tireurs d’élite israéliens et les bombardements, souvent à plus d’un kilomètre de la zone proprement dite. Il y a un mois, près du lieu où nous ramassons les olives, le grand-père Ibrahim Abu Sayed, son petit-fils de 17 ans et un ami ont été mutilés et tués par les tirs d’un char israélien alors qu’ils se trouvaient deux fois plus loin de la frontière que nous sommes nous-mêmes aujourd’hui.
Khalil Nasir, coordinateur du groupe Initiative Locale, voit les fermiers comme la première ligne de résistance : « Nous sommes ici aujourd’hui pour soutenir les fermiers qui ont résisté à l’occupation tous les jours de leurs vies, et n’ont pas lâché ces terres si proches du mur israélien. Le mois dernier, trois ouvriers agricoles ont été touchés directement par des obus israéliens, alors que tout ce qu’ils faisaient, c’était de s’occuper de leurs bêtes. Nous les remercions pour la vie qu’ils ont laissée derrière eux et nous voulons donner aux fermiers le long de la frontière tout le soutien que nous pouvons. »
Les tirs sur les fermiers et la destruction de leur terre ne sont pas des exceptions – les dangers des travaux agricoles dans la zone tampon ont été largement documentés dans le récent rapport des Nations Unies et du Programme alimentaire mondial : « Between the Fence and a Hard Place ».
Il conclut que la violence utilisée pour restreindre l’accès des Palestiniens à leurs terres couvre des secteurs allant jusqu’à 1.500 mètres de la grille frontalière, ce qui signifie que plus de 35% de la terre la plus agricole de Gaza est dans une zone à haut risque, causant de graves pertes de production alimentaire et des moyens de subsistance.
Ceci n’arrête pas les fermiers et leurs familles qui continuent de planter et de récolter ici, leurs moyens de subsistance et de résistance étant bien trop importants pour les empêcher de travailler sur leur propre terre. Pas plus que ne cessent les manifestations régulières, en dépit d’être fréquemment confrontées aux tirs à balles réelles et beaucoup des manifestants étaient heureux de montrer leur solidarité active en cueillant les olives.
« Ils nous ont tiré dessus, de près, lors d’autres manifestations pacifiques, ici, » dit Anwar Alaaneen, 22 ans, étudiante. « Je suis ici en solidarité avec les fermiers de Beit Hanoun, qui sont sous la menace des tirs et des bombardements parce que leur terre est tout près de la barrière israélienne. La communauté internationale devrait nous garantir le droit de cultiver notre propre terre, au lieu de permettre à Israël de continuer à commettre ses crimes, » ajoute-t-elle.
Pendant ce temps, pas très loin de là, à Beit Lahiya, au nord de la Bande de Gaza, un ouvrier agricole de la région de Siafa, Mohammed Tambora, 27 ans, venait de finir de ramasser des fraises lorsque soudain, sans avertissement, il a été touché au pied par une balle. Ses deux cousins l’ont récupéré, blessé, à environ 300 mètres de la frontière et l’ont emmené à l’hôpital dans leur carriole tirée par un âne. Zeyad est donc arrivé à l’hôpital mardi matin vers 10h et il a été opéré pour arrêter l’hémorragie. Les os de son pied sont écrasés et selon les médecins, il risque avoir des problèmes pour marcher le reste de sa vie, et il ne doit pas marcher pendant quelques mois.

Que ce soit pour cueillir des fraises, ramasser des olives ou récolter le blé, des incidents comme celui-ci arrive tous les jours dans la région. Il y a deux jours, comme la semaine dernière, deux autres ouvriers agricoles ont été légèrement blessés par des balles tirées de la frontière.
Abzel Al Baseony, le fermier chez qui nous ramassons les olives se plaint des attaques constantes sur les terres et la destruction de la vie d’avant. « Il y avait beaucoup d’arbres dans ce coin, ils les ont arrachés au bulldozer et bien que nous en ayons perdu beaucoup, nous avons continué à les cultiver, » dit-il. « Tout le monde a peur de venir ici pour travailler la terre. Les soldats nous prennent en photos, depuis les tours de contrôle, ils savent donc très bien qui nous sommes, et pourtant ils continuent à nous tirer dessus quand ils veulent. Je suis ici depuis 1984 et mon père a cultivé cette terre avant moi. Nous continuerons à la cultiver. »
Traduction : MR pour ISM