jeudi 1 juillet 2010

Hamas, ne cédez pas sur Shalit

Gaza - 01-07-2010
Par Khaled Amayreh > amayreh@p-ol.com  
Le cruel régime israélien vient de lancer une nouvelle campagne exigeant la libération d’un de ses soldats d’occupation, détenu au secret à Gaza. La nouvelle campagne, relayée par les médias sous contrôle juif en Europe et en Amérique du Nord, est constituée de nombreuses manifestations, dont des protestations menées par la famille du soldat, un bateau de propagande organisé par des partisans juifs américains du rabbin à la mentalité nazie Meir Kahana et un appel de l’irresponsable Président français Nicolas Sarkozy pour une libération inconditionnelle du soldat israélien. Ce même Sarkozy qui est resté silencieux sur l’attaque israélienne meurtrière contre le peuple sans défense de Gaza il y a dix-huit mois. Il invoque maintenant des considérations humanitaires et la charité, comme si les milliers d’enfants, d’hommes et de femmes de Gaza, anéantis ou mutilés par l’armée israélienne étaient des non-humains.














Il est certainement vrai que Gilad Shalit ne jouisse pas d’un traitement cinq étoiles. Mais ce n’est pas à cause de pulsions sadiques présumées de la part du Hamas de tourmenter le jeune soldat qui a vraisemblablement du sang des nombreux enfants sur les mains.
En Israël, il est difficile de trouver un adulte israélien dont les mains ne sont pas tâchées par le sang palestinien. Après tout, Israël est une société de meurtriers et d’assassins d’enfants. C’est une société dont le sionisme a transformé les membres en racistes, assassins à la mentalité nazie et tueurs d’enfants.
Evidemment, si Israël n’avait pas entrepris des efforts constants et méticuleux pour le localiser et le libérer par la force, il ne fait aucun doute que le Hamas aurait autorisé la Croix Rouge Internationale, et même sa famille, à lui rendre visite.
Mais on ne peut faire confiance à Israël, un pays qui assassine des activistes pacifistes en haute mer et appelle ensuite le meurtre de sang froid « confrontation armée avec des terroristes ».
Les Palestiniens ont une longue et amère expérience de la traîtrise israélienne. C’est pourquoi le Hamas ne peut pas se permettre de prendre le moindre risque à cet égard. Oui, on peut, à un certain niveau, avoir de la sympathie pour Shalit. Cependant, Shalit n’est qu’une seule personne, tandis que le peuple palestinien tout entier est tenu en otage par un régime maléfique qui ne peut être comparé qu’au pire dans l’Histoire.
Il y a, bien sûr, d’autres aspects sur ce dossier sensible. Israël détient des milliers de prisonniers politiques et résistants dans ses geôles. Et comme l’a révélé Sheikh Nayef Rajoub, leader islamique palestinien récemment libéré, beaucoup de ces prisonniers sont soumis à une sauvagerie médiévale de la main de ceux qui prétendre être « la lumière des nations ».
Pour ceux qui l’ont oublié, Shalit a été fait prisonnier sur le champ de bataille. De plus, si Israël avait réussi à le trouver lors d’une opération de sauvetage, il aurait très vraisemblablement été tué. Et c’est probablement ce que souhaite Israël pour son soldat emprisonné. Un Shalit mort serait une sacrée aubaine pour la machine de propagande sioniste. D’un côté cela permettrait à Israël de torturer et de tuer davantage de prisonniers politiques palestiniens (plusieurs prisonniers sont morts récemment sous la torture, la négligence médicale et autres raisons). Cela absoudrait Israël de ne pas libérer des centaines de prisonniers palestiniens, comme demandé par le Hamas, demande soutenue par une grande partie des masses palestiniennes, quelles que soient leurs orientations politiques.
Le Hamas a négocié de bonne foi avec Israël, espérant parvenir à un accord digne qui verrait le rapatriement de Shalit à sa famille en échange de la libération de centaines de détenus palestiniens à leurs familles. Cela aurait été une formule gagnant-gagnant pour tout le monde.
Cependant, le gouvernement israélien a systématiquement rejeté, avec arrogance, cette proposition logique, ayant recours à des arguments racistes que même les leaders et les idéologues du Troisième Reich n’auraient pas osé tenir.
Les dirigeants israéliens ont par exemple invoqué le bobard que l’Etat judéo-nazi ne pouvait pas libérer de prisonniers qui avaient du sang juif sur les mains. Eh bien, qu’en est-il des milliers, voire des dizaines de milliers d’Israéliens qui ont du sang palestinien, libanais, et maintenant turc sur les mains ? Le sang non-juif est-il moins rouge que le sang juif ? C’est une discussion dans lequel Israël n’ose pas s’aventurer. La raison est simple. Israël voit le sang et les vies des non-juifs comme insignifiantes, au moins en comparaison avec le sang juif et les vies juives. Essayez d’avoir une brève conversation avec un rabbin et vous serez plus que choqués d’entendre ce qu’il vous dira sur le sujet.
En aucun cas le Hamas ne doit montrer le moindre signe de fatigue vis-à-vis d’Israël, parce que les vies et la liberté de centaines de milliers de Palestiniens sont en jeu. Le Hamas a réussi à gérer cette affaire Shalit depuis plus de trois ans. Israël a commis des massacres et impose un siège manifestement criminel à 1,7 millions d’êtres humains, dans l’espoir de créer des fissures dans le mur de fermeté du Hamas. Mais ni la pression israélienne, ni la conspiration occidentale, ni la collusion arabe et la trahison de l’Autorité palestinienne n’ont réussi à faire flancher le Hamas.
Le Hamas a une énorme responsabilité morale envers des milliers de familles palestiniennes dont les enfants languissent dans les camps de concentration et les geôles israéliens. Ces gens ont pour beaucoup d’entre eux passé toute leur jeunesse dans les prisons israéliennes pour que leur peuple puisse vivre dignement et pour maintenir l’espoir de la liberté et de la libération du sionisme maudit.
Nous ne devons pas hésiter à proclamer et à réaffirmer la position palestinienne à cet égard, à savoir que Shalit doit rester derrière les barreaux aussi longtemps qu’Israël maintient nos hommes, nos femmes et nos enfants derrière des barreaux.
Cette position n’est peut-être pas populaire à New-York et à Paris. Mais pourquoi nous inquièterions-nous de ce que pensent Paris et New-York ? Ils ont toujours été et continuent d’être nos bourreaux directs ou indirects. Notre responsabilité va avant tout à ces prisonniers palestiniens torturés et aux souffrances de leurs familles, qui ont maintenu notre juste cause en vie.
Bref, nos prisonniers ne sont pas les enfants d’un moindre Dieu.